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Vêtements d’occasion empilés dans le désert d’Atacama à Alot Hispicio, Iquique, Chili. Source: MARTIN BERNETTI / AFP / Getty Images

Possédons-nous trop de vêtements?

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Par Joëlle Preston | 22 mai 2023

Pour le balado La question en question du 5 mai, j’ai eu le plaisir d’être l’invitée de Yan Dallaire et Jean Fontaine qui me posait la question suivante: Possédons-nous trop de vêtements? Alors que je critique souvent les tendances de surproduction et de surconsommation de notre société, on s‘attendait peut-être à ce que ma réponse soit oui. Mais à mon avis, d’un point de vue éco-responsable, la quantité que je possède est dérisoire. J’oserais même dire qu’en ce qui concerne strictement le volume de vêtements dans votre garde-robe, il est impossible d’en posséder trop. Je vous explique pourquoi…

Récemment, le British Fashion Council a publié une étude qui quantifie le nombre de vêtements sur terre à une somme suffisante pour vêtir les six prochaines générations d’humains. Quand on essaie d’imaginer cette statistique, on se rend compte à quel point c’est une quantité absolument folle de vêtements. Chaque jour, des milliers de vêtements sont fabriqués, destinés à la vente et achetés, alors que d’autre part, selon Greenpeace, la moitié des vêtements achetés sont jetés après un an d’utilisation. La machine de la mode n’arrête jamais de produire, et les consommateur n’arrêtent jamais de se débarrasser du ‘vieux’ pour faire place au neuf: les friperies débordent de vêtements, et dans un monde toujours sans solutions de recyclage et de réutilisation efficace des produits textiles, la majorité de ces vêtements finissent soit empilés dans des pays en développement, incinérés ou destinés à la décharge. La question que je me pose alors quand ça vient à la quantité quasi inépuisable de vêtements sur terre n’est pas si nous en possédons trop, mais pourquoi nous continuons à en produire? Ca me semble complètement illogique de continuer la fabrication d’un produit dont nous sommes en état d’abondance absurde.

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Des femmes fouille les montagnes de vêtements d’occasion empilés dans le désert d’Atacama à Alot Hispicio, Iquique, Chili. Source: MARTIN BERNETTI / AFP / Getty Images

De plus, la fabrication de vêtements requiert énormément d’énergie, de main-d’œuvre, de ressources et de matières premières: les fibres synthétiques dépendent du pétrole, et les fibres naturelles biologiques dépendent de l’eau, de l’énergie, et de grandes surfaces agricoles. Comme ce sont toutes des ressources nécessaires pour des fins beaucoup plus importantes à la survie et au confort des humains, je me demande comment on peut continuer à justifier l’utilisation des ces ressources limitées et précieuses quand il existe une abondance ingérable de vêtements. Même pour les productions certifiées éco-responsables, est-ce qu’un produit peut réellement être qualifié d’éco-responsable s’il utilise des ressources limitées pour créer quelque chose dont nous n’avons aucun besoin réel? Dans un monde la famine, les pénuries d’énergie, le manque d’eau et l’accès limités à certaines ressources est une réalité, comment pouvons nous justifier d’utiliser des champs agricoles, de l’eau, et de la main-d’oeuvre pour faire pousser du coton biologique pour fabriquer des vêtements ‘éco’? Surtout quand on considère qu’une grande partie de ces vêtements fabriqués ne servent pas nécessairement à vêtir, ce qui est un besoin humain, mais plutôt à être à la mode, un luxe pure qui visiblement commence à coûter très cher à la terre (voici pourquoi je conseille sans cesse d’acheter d’occasion autant que possible!)

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Vêtements d’occasion empilés dans le désert d’Atacama à Alot Hispicio, Iquique, Chili. Source: MARTIN BERNETTI / AFP / Getty Images

Tant que nous vivrons avec ce volume impossible de vêtements, les garder au lieu de les jeter est une des seule solution au problème de surproduction et de pollution. Peu importe la quantité de vêtement dans votre garde-robe, l’important c’est de développer une bonne relation avec ces pièces. Non seulement devrions-nous garder nos vêtements le plus longtemps possible pour minimiser les impacts environnementaux, mais il faut aussi commencer à valoriser les pièces que nous possédons pour leur valeur intégrale en matières premières, et pour leur fonction principale en tant que vêtement, qui est de nous vêtir. Il faut prendre le temps de les préserver, les réparer, et de les redécouvrir pour prolonger leur vie utile. En ce qui concerne les vêtements neufs, surtout fabriqués de ressources vierges, leur consommation devrait être déconseillée de façon à privilégier les stocks existants, notamment l’achat seconde-main et du upcycling. Réduire le volume de nouveaux vêtements fabriqués passe d’abord par une diminution de la demande du consommateur. Quand on y pense, il suffit simplement de plus en acheter pour qu’ils arrêtent d’en fabriquer!

 

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