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WebOuest Votre nouveau vêtement, puissant émetteur de CO2 et méthane
Une femme alimente un feu avec un sac de vêtements dans un incinérateur au Cambodge. Source: https://www.circularonline.co.uk/news/investigation-finds-clothing-waste-from-top-fashion-brands-suppliers-burnt-in-toxic-kilns-in-cambodia/

Votre nouveau vêtement, puissant émetteur de CO2 et méthane

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Par Joëlle Preston | 24 mars 2023
Souvent, quand on aborde le sujet de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), la discussion se tourne vers les voitures électriques, les énergies renouvelables et la diète sans viande. Alors que le pétrole et les vaches demeurent coupables et responsables d'une bonne partie du réchauffement climatique, une autre industrie profitable et beaucoup moins essentielle échappe à la discussion: l’industrie de la mode et des textiles, une industrie qui représente 2,5 % du PIB mondial, mais 10 % des émissions de GES globales.

Comme publié auparavant, une énorme somme des vêtements achetés sont vite jetés ou donnés, et pas tous les vêtements donnés réussissent à être revendus. Selon une nouvelle étude publiée par l’Association nationale du recyclage textile pour les causes charitables (ANRTC), ce phénomène serait plus prononcé en Amérique du Nord: alors qu’un Britannique produit environ 8 kg de déchets textiles par an et qu’un citoyen de l’Union européenne en produit 11, les taux sont jusqu’à six fois plus élevés au Canada et aux États-Unis, avec une moyenne de 37 kg et 52 kg par habitant, respectivement. Chez nous, à 38,25 millions d’habitants, c’est une somme d’environ 1 415 250 000 de kg de déchets textiles par an, dont plus de la moitié sont perdus dans les dépotoirs et les incinérateurs de la planète. Ainsi, l’industrie de la mode contribue de façon significative aux émissions des GES, notamment en produisant du CO2 et du méthane. Non seulement est-ce que la production et le transport du vêtement produisent du CO2 (80 % des vêtements au Canada sont importés), mais s’en débarrasser peut résulter en l’incinération du vêtement, ce qui émet du CO2 de par la combustion. Et si votre vêtement jeté n’est pas brûlé, il est mis au dépotoir: les vêtements usagés représentent 5 à 7 % des déchets dans les décharges au Canada, ce qui contribue à la production de méthane, un GES dont « le potentiel de réchauffement est au moins 25 fois supérieur au CO2 ».

Ceci veut donc dire que la réduction de notre consommation de vêtements neufs et l’achat d’occasion sont primordiaux à la réduction des GES. Selon l’étude, « Les effets de l’industrie des textiles sur les indicateurs de pollution et l’incidence sur le changement climatique devraient augmenter de près de 50 % entre 2016 et 2030. La croissance de la réutilisation et des marchés secondaires ainsi que les changements fondamentaux dans l’état d’esprit des consommateurs et les modèles d’affaires sont essentiels pour contrecarrer cette tendance. »

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Un camion déverse des vêtements dans un dépotoir. Source: https://www.bbc.com/future/article/20200710-why-clothes-are-so-hard-to-recycle

En ce moment, le Canada réussit à détourner plus de 300 kilotonnes de textiles des décharges et de l’incinération, ce qui pourrait représenter l’équivalent de 4,5 et 10,5 millions de tonnes en CO2. En comparaison, c’est égal aux émissions annuelles de CO2 de 978 à 2 282 voitures* au Canada. Pouvez-vous vous imaginer si collectivement on consommait encore moins de neuf et qu’on portait ce qu’on a déjà? Surtout que qu’acheter moins et de seconde-main est une solution concrète, immédiate, et accessible pour tous. D’une part, il faut favoriser les vêtements déjà dans votre garde-robe: ceci ne vous coûte absolument rien! L’étude estime même que « prolonger la durée de vie d’un vêtement de seulement neuf mois avant de s’en débarrasser pourrait réduire l’incidence de ce vêtement en matière d’émissions de 20-30 % ». D’une autre part, il faut prioriser les achats de vêtements usagés. Avec de nombreuses friperies soignées et des magasins d’occasions charitables dans des lieux propices et en ligne, cette solution est accessible dans tous les sens du mots: proximité géographique, abordabilité, tailles et style de vêtements, etc…

Alors que le déplacement physique et la nourriture constituent des nécessités quotidiennes, les vêtements ne le sont pas de la même façon, et il est clair que la mode est assujettie à la surconsommation. Si vous considérez acheter une voiture électrique ou si vous abandonnez la viande dans votre diète pour réduire vos émissions de GES, considérez tout d’abord de réduire vos achats de vêtements neufs! 

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*Calculé avec la formule de Ressources Naturelles Canada: 4 600 kg d’émission de CO2 par voiture par an.

 

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