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WebOuest Sur le chemin de la guérison
Photos / montage: Francine Proulx-Kenzle

Sur le chemin de la guérison

Par Francine Proulx-Kenzle | 7 octobre 2023

Écrit en collaboration avec Jolanta Bird.

À la fin de l’été, j’ai reçu un message de Jolanta Bird qui m’offrait ses excuses puisqu'elle était dans l’impossibilité se joindre à une rencontre du Comité de travail de la Table des élu.e.s du réseau associatif fransaskois:

« …je suis hospitalisée dans l’aile psychiatrique de l’hôpital en ce moment. Travailles-tu toujours pour WebOuest? Je me demande si tu souhaiterais collaborer pour écrire un article sur mon expérience en santé mentale. »

Ouf! Je lui ai répondu: 

« Oh mon doux Jolanta! J’espère que tu as tous les soins dont tu as besoin. Ah, notre santé mentale: on ne peut pas la tenir pour acquis – on peut toujours vivre des « bas » – et tu fais bien d’aller chercher de l’aide professionnelle! Je serai ravie de collaborer avec toi! » 

Et le rest is history, comme on dit en bon franglais.

Je connais Jolanta depuis plusieurs années: bénévole engagée de l’Association jeunesse fransaskoise, aussi impliquée à la Table des élu.e.s du réseau associatif fransaskois. C’est là que j’ai vu Jolanta brillé en sagesse dans ces rencontres: « Parlons du dossier relations autochtones/francophones » ou encore « La contribution des jeunes dans ce dossier fera un différence ». Sa perspective est toujours appréciée!

Et vous chers lecteurs et lectrices vous la connaissez à titre de chroniqueuse sur notre plateforme WebOuest. Son article paru en août 2022 Ma vie comme artiste décrit sa contribution dans le domaine des arts, en passant par le théâtre, la photographie, et la vidéographie. 

À la suite du message de Jolanta à la fin de l’été, nous avons jasé quelques fois au téléphone pour discuter de quoi aurait l’air ce projet de co-création en santé mentale. Au début du mois de septembre, étant sur le chemin de la guérison, elle se sentait prête à partager son expérience avec nous tous. 

Je suis donc allée la visiter à l’hôpital. J’ai suivi un très long corridor vers l’aile psychiatrique. Le personnel de sécurité de l’aile psychiatrique m’attendait – Jolanta les avait avertis – on m’a ouvert la porte. À l’intérieur, Jolanta était debout derrière une ligne rouge dessinée sur le plancher. Elle m’a expliqué par après que les patient.e.s ne doivent pas dépasser cette ligne créée par l’hôpital durant leur séjour. 

Nous étions toutes les deux très heureuses de nous voir! Elle m’a donné une petite tournée des lieux: le salon central meublé avec plusieurs tables et chaises. C’est là qu’on peut faire des activités et des échanges en commun. Ensuite elle m’a guidée vers quelques autres salles individuelles, soit pour rencontrer son médecin ou pour recevoir des traitements.

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Photos / montage: Francine Proulx-Kenzle

Finalement nous sommes arrivées dans sa chambre, salle #2. Une fenêtre qui donne sur la cour intérieure, un lit simple, une chaise, une tablette qui sert de table, un petit placard au pied du lit. Sa chambre est décorée avec des dessins, des collages, des doudous. Pour moi, le plus beau, c’est le sourire accueillant de Jolanta.

Quel plaisir d’échanger de vive voix! Elle me raconte qu’elle est reconnaissante pour les soins qu’elle reçoit. En même temps, elle reconnaît que rien n’est parfait. La plupart du personnel est bienveillant et empathique. Certaines personnes le sont moins. 

Comment Jolanta en est-elle arrivée à se trouver dans un centre psychiatrique? Plusieurs éléments sur une courte période se sont croisés pour déclencher une dépression et de l’anxiété. Le décès de son père, Jeff Bird, avec qui elle ressentait une précieuse affinité. Ainsi qu’une relation abusive à laquelle elle avait mis un terme. Elle se sentait délaissée par ses amis. Elle ressentait beaucoup de tension dans sa famille. Elle avait des pensées suicidaires. Et c’est là qu’elle a consulté un docteur qui lui a suggéré d’être hospitalisée pour accéder à des soins en santé mentale. Jolanta a accepté de bon gré. 

Aujourd’hui Jolanta nous dit que c’était la meilleure décision possible! Le pivot de sa guérison s’est fait avec l’appui de sa thérapeute Carrie qui donnait des sessions cognitivo-comportementales. Jolanta l’a trouvé géniale! Ces sessions lui donnaient une sensation de bien-être, comparable à ce qu’on ressent après une activité au gymnase. Elle a même ressenti la création de sérotonine dans son cerveau! Et aussi, les médicaments prescrits ont contribué à équilibrer ses pensées et à retrouver son appréciation pour la vie.

Durant son séjour à l’aile psychiatrique, Jolanta en a profité pour se reposer tout en faisant des activités de dessin, d’écriture, de yoga et de tarot, entre autres.

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Photos / montage: Francine Proulx-Kenzle

Petit à petit, le masque que portait depuis plusieurs années Jolanta s’est enlevé pour faire de la place à la « vraie » Jolanta. En fait, elle dit qu’elle s’est retrouvée. Ses amis et sa famille ont remarqué la différence. « Elle est de retour! Joja est de retour! » s’est exclamé un proche. 

Maintenant sur le chemin de la guérison, elle nous confirme son appréciation pour les soins qu’elle a reçus au centre psychiatrique! Aujourd’hui Jolanta est très heureuse d’être de retour chez elle. Paradoxalement, elle a quand même ressenti un petit pincement au cœur quand elle a quitté l’environnement qui l’a soutenu durant cette épreuve.

Son message est clair: n’hésitez pas à demander de l’aide – cela peut vous sauver la vie!

Francine Proulx-Kenzle est formatrice certifiée pour le cours des Premiers soins en santé mentale et consultante certifiée pour former les organisations en sociocratie, spécifiquement dans la Méthode d'organisation en cercle sociocratique. Veuillez contacter Francine pour tous détails dans ces deux domaines par courriel : francine@pensetransformation.ca
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