Ma grand-mère aimait rester debout tard. Quand on jasait dans son salon, elle me disait souvent vers minuit, « Tu voudrais pas manger un p’tit sandwich? Y’a du bon ham dans l’fridge… pis d’la sucre à la crème. » Le jambon venait de la Co-op, mais Memère Hamon faisait son propre sucre à la crème et elle savait que c’est un délice que j’aime bien.
Je la vois encore assise dans sa chaise sous la photo de la ferme familiale qui se trouve à six milles à l’ouest de Gravelbourg, Saskatchewan. Elle aimait s’asseoir là tard et ricaner. Elle contait souvent les mêmes histoires de sa vie, mais ces histoires-là étaient drôles alors j’aimais les entendre.
À la suite d’un déclin de sa santé, elle a été placée au foyer, mais elle ne l’aimait pas et ça se voyait partout sur son visage. Elle n’avait plus le même regard dans ses yeux car ses pensées étaient ailleurs. On aurait dit qu’elle savait que son dernier au revoir s’approchait, mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Dans le foyer, elle tombait endormie tôt le soir et elle ne ricanait plus. C’est triste qu’elle soit partie, mais elle n’était plus heureuse alors c’est mieux qu’elle ne souffre plus.
Ma grand-mère est née le 27 novembre 1923 près de Billimun, Sask., un village à l’ouest de Mankota. Elle est décédée paisiblement à Gravelbourg le 29 septembre 2021 à l’âge de 97 ans. Son service funéraire a eu lieu le 21 mai 2022.
Malgré leur nom de famille qui ressemble beaucoup à celui de ma grand-mère, les Hamonic et moi n’étions pas parents, mais je les appelais Pépère et Memère. Quand j’étais jeune, ils vivaient de l’autre bord de la rue et ils connaissaient ma famille depuis longtemps. Lionel avait enseigné à mes oncles.
Sans manquer de respect envers lui, mon parrain était assez sévère. Je me souviens de sa voix forte quand il se choquait et de sa façon de s’imposer sur les autres.
Ma marraine était son contraire. Elle était la bonté du monde et une ricaneuse elle aussi. Mais ma marraine ne faisait pas de sucre à la crème. À la place, Mémère Hamonic faisait ses propres « popsicles » et des biscuits d’avoine dans lesquels elle mettait des jujubes. J’aime les rouges.
Pépère n’était pas toujours trop gentil avec Memère. Par contre, il a eu de la misère à marcher plus tard dans sa vie et avait besoin qu’elle l’aide. Memère a pris conscience de son nouveau pouvoir et elle n’endurait plus sa façon de lui parler avec méchanceté. Il n’avait pas le choix que de l’accepter.
Quelques années ensuite, mon parrain a subi une grave pneumonie et il est passé très proche d’en mourir. Par contre, Pépère était un vrai dur à cuir et il a survécu. L’expérience l’a transformé et il possédait par la suite un bonheur ou une joie qui lui échappait auparavant. Il semblait plus heureux et moins marabout.
Parmi la communauté francophone de l’Ouest canadien, Eveline Hamon était connue pour son poème intitulé La Fransasque, mais dans ma famille, elle était connue pour son intensité et son bricolage.
Matante Eveline faisait ses propres pendants d’oreille. Il y en a un en particulier qui me faisait rire. C’était la clé « delete » d’un clavier d’ordinateur. Je lui avais demandé pourquoi elle l’avait transformé en pendant d’oreille et elle m’a répondu, « Quand quelqu’un me dit quelque chose que j’aime pas, j’ai juste à presser delete. »
Malgré ses farces, elle écoutait bien et gardait nos secrets. Juste pour rire, je lui avais confié un faux secret une fois en lui disant, « Hey matante, qu’est-ce que tu dirais si je te disais que j’étais membre du Taliban et que je vendais de l’héroïne? » Elle avait répondu, « Je te dirais que c’est tellement cool que tu te sentes assez à l’aise avec moi pour me partager ton secret. »
Ma tante aimait être matante. Elle démontrait son amour pour ses neveux et nièces avec des cartes de fête faites à la main. Elle y mettait beaucoup de temps et d’effort. Avoir su qu’elle allait nous quitter tôt, j’en aurais gardé plus.
Elle avait plusieurs petits noms pour moi : mon carnivore (parce que j’aime la viande), mon p’tit Pit (je ne sais pas pourquoi) et mon oiseau de nuit (je me couche tard). De mon côté, je l’appelais « Heavy Evvy » en raison de son intensité et de son amour des conversations profondes.
En somme, je ne pourrai jamais avoir de nouveaux souvenirs de ma grand-mère, de mon parrain, de ma marraine ou de ma tante. Les souvenirs que j’ai d’eux sont les seuls que j’aurai. Je veux préserver ces souvenirs-là et empêcher qu’ils s’effacent avec le temps, d’où l’importance des photos. Pour cette raison-là, il vaut mieux capter des souvenirs en photo des proches qui me restent.
Au niveau des photos sur film, c’est une bonne idée de garder les portraits et les négatifs dans des endroits séparés. S’ils se trouvent à la même place et qu’une malchance arrive, les deux risquent d’être détruits. Au niveau des photos numériques, il est possible de les sauvegarder sur un CD, en ligne ou sur un disque dur portatif. Nous pouvons les imprimer aussi.
Pour terminer sur un ton plus positif, je tiens à féliciter Katt Hryciw de Calgary qui a gagné le concours de photographie du mois passé. Katt est récipiendaire d’un bon d’achat de 50 $ chez London Drugs et d’un t-shirt de WebOuest. Merci encore une fois à Chris Mabie, le gérant de London Drugs à Lethbridge, d’avoir fourni le bon d’achat.
Voici les bonnes réponses du concours. Pour revoir vos choix, suivez ce lien https://webouest.ca/concours-photo-numerique-ou-sur-film-prix-a-gagner/.
Photo #1: Numérique
Photo #2: Numérique
Photo #3: Film
Photo #4: Numérique
Photo #5: Film
Photo #6: Film
Photo #7: Numérique
Photo #8: Numérique
Photo #9: Numérique
Photo #10: Film
Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com avant la fin du mois et d’y inclure une courte description. Le thème du mois prochain est l’hiver.