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WebOuest Women Talking: Un film à ne pas manquer!
Une scène tirée du film « Women Talking » de la réalisatrice Sarah Polley, mettant en vedette, entres autres, Judith Ivey dans le rôle d’Agata et Claire Foy dans le rôle de Salomé. Photo: Michael Gibson
Les Montagnes

Women Talking: Un film à ne pas manquer!

Par Nathalie Lopez | 5 avril 2023
Si vous n'avez pas encore eu la chance de voir le film « Women Talking » de la réalisatrice-scénariste canadienne Sarah Polley, je vous encourage fortement à le faire! En nomination pour l'Oscar du meilleur film et récipiendaire d’un Oscar pour meilleur scénario adapté, ce tour de force est un des meilleurs films que j’ai eu la chance de voir dernièrement.

Le film est une adaptation d’un roman du même titre de Miriam Toews et raconte l’histoire vraie et effroyable de viols collectifs de femmes et de filles par des hommes qui ont eu lieu pendant des années au sein d’une communauté mennonite isolée, quelque part dans un pays dont le nom n’est pas dévoilé.

Il faut dire que malgré la lourdeur de son sujet, le film arrive tout de même à laisser les spectateurs avec un grand sentiment d’espoir.  Car, comme le titre l’évoque, on est témoin d’une conversation entre les femmes de cette colonie qui, sans équivoque, viendra changer le cours de la vie de chacune d’entre elles. Ne sachant ni lire, ni écrire, ces femmes décident de poser une action démocratique en votant pour décider de leur avenir à la suite de la monstrueuse découverte du viol d’une petite fille par des hommes de la colonie. Jusqu’à ce point-ci, les femmes étant anesthésiées durant leur viols, se faisaient convaincre que c’était le fruit de leur imagination ou l’œuvre de démons. Munies de cette connaissance des actes barbares des hommes de leur colonie, les femmes votent entre quitter la colonie, rester et se battre, ou ne rien faire. Avec la responsabilité du sort de toutes les jeunes femmes et les fillettes de la communauté, les options quitter la colonie et rester et se battre sont ex æquo. Afin de trancher, un débat poignant entre quelques femmes de la colonie s’ensuit et l’histoire du film se centre primordialement sur ces conversations à la fois déchirantes et pleines d’espoir. Chacune défend cœur et âme son point de vue et même si ceux-ci diffèrent, elles ont toutes le même but en commun: oser rêver d’un monde meilleur pour toutes et tous, car elles articulent aussi le besoin d’une nouvelle société autant pour leurs filles que pour les jeunes garçons.

De mon point de vue, il n’y a pas de faiblesse dans ce film, tant dans la beauté de la cinématographie, que dans le jeu magistral des acteurs, que dans la justesse de l’interprétation. Mais la vraie force réside dans l’adaptation de ce récit si profond et bouleversant. Certes, j’ai passé la plus grande partie du film à pleurer et à m’indigner, mais aussi à me laisser imprégner d’espoir et d’admiration pour ces femmes. 

Le film se soucie de chaque détail, du plus petit au plus grand, et malgré la difficulté de traiter d’un tel sujet, il faut souligner que ce débat d’autodétermination est d’une grande importance encore de nos jours, si on pense à la violence envers les femmes qui prévaut encore partout dans le monde. Ce que j’ai le plus apprécié ce sont les nuances dans tout, mais bien sûr avant tout dans le texte qui dit tellement de choses sans le dire, comme par exemple dans le choix de ne jamais montrer les agressions.

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Sarah Polley (à droite) avec les actrices principales du film « Women Talking ». Crédit photo: NBC Universal Services

D’ailleurs, j’ai lu plusieurs entrevues avec la réalisatrice et c’est quelque chose qui était très important pour elle à respecter dans le film, car le but est de montrer les femmes non pas comme des victimes, mais au contraire comme des battantes qui s’emparent dorénavant de leur futur et de leur place dans une nouvelle société.

Un autre aspect du film que j’ai découvert en faisant mes recherches est que celui-ci est une des rares productions réalisées dans un plateau principalement féminin. Il va sans dire que ceci a donné lieu à une dynamique très différente. Il paraît qu’il y avait des bébés en permanence sur le plateau et une belle ambiance de solidarité entre femmes s’est installée rapidement. D’après la réalisatrice, chaque fois qu’il y avait une scène difficile à jouer pour une actrice, toutes les autres actrices étaient derrière elle pour la soutenir dans sa performance. Il n’y a aucun doute que cette solidarité et cette confrérie féminine s’est traduite dans le jeu entre ces actrices déjà, pour la plupart, bien connues pour leur énorme talent.

Un autre détail à propos du film qui m’a quand-même choquée, c’est d’entendre la réalisatrice parler des réactions de plusieurs hommes avec qui elle a partagé le titre du film. Apparemment, il y avait toujours une réaction très négative. Elle explique qu’elle ne s’attendait jamais à avoir une réaction aussi hostile envers un titre d’un film. De tout évidence « le fait de parler entre femmes pour certains, c’est juste trop! »

Donc si par hasard vous étiez une de ces personnes à qui le titre ne disait rien (ou rien de positif), mettez vos préjugés de côté, allez voir le film et parlez-en car c’est véritablement une oeuvre incontournable!

 

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