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WebOuest Vicky Plancher, productrice au futur prometteur
Photo de Vicky Plancher crédit : Stanley Alexandre
Les Montagnes

Vicky Plancher, productrice au futur prometteur

Par Nathalie Lopez | 27 février 2025

J’ai eu le grand plaisir de m’entretenir avec Vicky Plancher, productrice de films dans la grande région de Vancouver pour parler de son parcours. En tant que femme, maman mono-parentale, issue de la diaspora hatîenne, Vicky Plancher est source d’inspiration. Elle travaille sans relâche pour faire avancer sa carrière dans une industrie, qui est encore majoritairement sur-représentée par des hommes blancs.

Vicky est déménagée à Vancouver en 2001, après avoir complété des études à l’Université McGill à Montréal. C’est lors d’un échange universitaire à Nanterre en France qu’elle découvre son amour pour le cinéma. Là-bas, elle fait des études sur l’écriture scénaristique, la direction d’acteur et autres aspects de l’industrie.

Au début, elle hésite entre être comédienne ou devenir productrice. Elle décide de se lancer dans deux volets. Ce choix lui ouvre des portes dans le monde de la production. Ses heures de figuration et de doublure sur des plateaux de tournage lui permettent d’apprendre la dynamique et les rudiments de l’industrie. 

Elle intègre la Guilde canadienne des réalisateurs comme assistante de production. Une expérience importante dans son parcours, car cela lui permet de rencontrer des producteurs afro-américains, notamment lors du film Whisper du réalisateur Stewart Hendler. 

Au fil des belles opportunités dans la région de Vancouver, Vicky Plancher souhaite se rapprocher de sa famille qui est toujours à Montréal. L’industrie cinématographique dans la métropole est difficile à accéder malgré son expérience et ses fortes aptitudes. Bien que les choses ne débloquent pas pour elle à Montréal, elle ne se laisse pas abattre – bien au contraire!

Soucieuse et animée par le devoir de raconter des histoires de la communauté haïtienne, Vicky lance en 2009 sa propre compagnie de production Mare Rouge. Elle conçoit une série télévisuelle Dorsin and Brown. La série porte sur l’adaptation et les dynamiques entre personnes qui immigrent à partir d’Haïti. On y aborde notamment l’intégration dans la culture du pays d’accueil dans un contexte américain.

Quelques années plus tard, la créatrice se rend à Haïti pour produire un film de danse, projet d’envergure qui lui donne non seulement une opportunité de carrière mais aussi de se rendre dans le pays de ses origines pour la première fois.

En 2020, Vicky, accompagnée de sa petite fille, retourne à Vancouver. En pleine pandémie, elle arrive tout de même à décrocher des rôles de doublure sur des productions. En 2022, elle décroche un poste comme deuxième coordinatrice de production pour le film américain FLASH. 

En 2023, elle participe au programme de CBC Creator Network où elle scénarise, réalise et produit le court documentaire A digital Hogan’s Alley, qui a été sélectionné à CineFAM. Ce documentaire porte sur un groupe de médias sociaux dédié à l’unification, à la création et à la préservation de la culture noire à Vancouver.

 



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Tournage du court métrage : Dorsin & Brown- Jamall Johnson et Rosemary Manso crédit photo : Caragh Fitzsimmons

Depuis, plusieurs opportunités s’offrent à elle. Elle assiste à un programme de mentorat avec l’organisme I.M.P.A.C.T- A.T.C.M.I. qui lui permet de solidifier son projet Dorsin & Brown. Avec l’appui de l’association caritative CaribbeanTales, Vicky œuvre à créer une preuve de concept avec l’appui de grands joueurs de l’industrie. 

Avec les années, elle se sait convaincue : elle adore le monde de la production. Son rôle de productrice met en valeur ses aptitudes de jumelage entre les joueurs de l’industrie pour amener un projet à bon port. 

Même avec un parcours parsemé de réussites, Vicky reconnaît qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour assurer une juste représentation de femmes et des créateurs issue de la diversité dans l’industrie. Elle est consciente qu’en tant que femme noire, elle a dû travailler deux fois plus fort pour se rendre là où elle est dans sa carrière. 

Elle est, cependant, très reconnaissante des divers programmes qui existent pour donner des opportunités aux femmes et aux professionnels racisés dans des postes clés, comme showrunners, réalisateur-trices, producteur-trices, entre autres. 

Voulant redonner à son tour, elle choisit de s’investir comme mentor sur des projets avec des producteur-trices émergents. De plus, sur ses propres projets, elle s’assure d’avoir des femmes dans des postes clés. Elle ajoute : « travailler avec des femmes qui font leur marque dans l’industrie c’est non seulement motivant, c’est beau à voir ».

Pour Vicky, la contribution des créateur.es issus de la diversité est d’autant plus importante, car elle permet d’amener sur les écrans des histoires qui reflètent adéquatement la société canadienne. Son amour pour le cinéma, lui vient d’ailleurs de sa passion de raconter des histoires de différentes communautés. Elle veut proposer des perspectives et contribuer à un rapprochement des différentes cultures. « En rentrant dans les foyers, on peut bâtir des ponts entre les cultures et trouver nos similitudes, c’est cela qui nous connecte comme humains », dit-elle.  

Au-delà d’explorer les thèmes de multiculturalisme et d’identité culturelle, la cinéaste s’intéresse aux films de suspens psychologique, d’horreur et de science-fiction. Pour elle, le film est aussi une expérience d’évasion. 

Ses désirs au courant de la prochaine année? Elle espère circuler de festivals en festivals avec son court-métrage Dorsin & Brown, pitcher un projet de série et éventuellement faire une version du même projet à Montréal. Elle travaille aussi au développement d’un film historique drame jeunesse et poursuit son travail de mentorat sur des productions de projets haïtiens. Vicky Plancher est un nom à retenir! Des idées, elle n’en manque pas! Son avenir est prometteur! 

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