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WebOuest Un photographe franco-manitobain partage son amour des animaux sauvages
Photo: Jean-Pierre Parenty

Un photographe franco-manitobain partage son amour des animaux sauvages

L'art de la photographie: la lumière est notre pinceau
Par Dominique Liboiron | 16 Décembre 2023
« Pour moi, la photographie animalière est d’observer, d’être ébloui et de raconter, » dit le Franco-Manitobain Jean-Pierre Parenty. Cet amour de la nature le pousse non seulement à prendre des photos, mais à les partager. Le photographe présentera ses images lors d’une exposition au Centre culturel franco-manitobain à Winnipeg dès le 19 décembre.
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Photo: Jean-Pierre Parenty
Présentement, Jean-Pierre prend ses photos avec une Canon 1DX Mark 3 y compris une lentille Canon de 100-400 mm. Après Noël, il compte s’acheter un appareil-photo Canon sans miroir, soit la R1 ou la R5 Mark 2.

Ce printemps, Jean-Pierre a fait un voyage au Nunavik pour capter des images de bœufs musqués. Quatre de ses nouvelles photos de bœufs seront incluses dans l’exposition en plus de plusieurs autres clichés du Nunavik. L’exposition compte 38 photos en tout. Elles sont en grand format et nous y verrons des renards, des wapitis, des ours polaires ainsi que des harfangs. Les photos ont toutes été prises au Canada. 

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Un pour tous et tous pour un – Photo: Jean-Pierre Parenty
« En motoneige, on apercevait les bœufs musqués à 1 kilomètre ou plus, » explique Jean-Pierre. « Ils étaient dispersés sur une centaine de mètres. Tranquilles, ils mangeaient, se reposaient, ou ils discutaient des hommes en motoneiges qu’ils avaient vu hier. On arrêtait nos motoneiges pour qu’ils sachent qu’on était là. On ne voulait pas les effrayer. Après 10 minutes, on avançait de 200 ou 300 mètres encore pour qu’ils s’habituent à notre présence. Éventuellement, on approchait jusqu’à une centaine de mètres d’eux et on arrêtait nos machines – pas de bruit. Maintenant, j’approchais lentement à pied, petit à petit. Tout en prenant des photos. Avec une longue lentille, je peux prendre des bonnes photos sans être trop proche. Leur tactique de défense est de former un cercle rapproché pour faire face au prédateur, les loups. Les veaux sont cachés en sécurité derrière les adultes. »

Le Nunavik est une région dans l’extrême nord du Québec. Jean-Pierre s’est rendu au mois d’avril à Kuujjuaq, une ville inuite de 2 600 citoyens près de la baie d’Ungava, où il a embauché un guide. Il a passé 6 jours à prendre des photos. 

Ce voyage dans le Grand Nord est le résultat d’un cheminement en tant que photographe qui remonte à son adolescence. Jean-Pierre se souvient qu’il avait environ 15 ans quand ses parents lui ont acheté un Kodak Brownie. C’était avant un voyage en France. Sa famille allait visiter des membres de leur parenté là-bas. (Son père et sa mère viennent de France et sont venus au Canada en 1949.) 

Comme adolescent, la photographie lui sert de moyen pour capter des souvenirs. Même s’il ne prenait pas beaucoup de photos de la nature durant ces années-là, son amour de la faune existait déjà car il est né sur une ferme à Otterburne, au Manitoba. « J’ai toujours aimé les animaux » partage l’homme de 70 ans. Il se consacre sérieusement à la photographie animalière à partir de sa jeune vingtaine. Jean-Pierre est à la retraite depuis un an et le fait de ne plus gérer son entreprise de traduction libère son temps.

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Renard argenté – Photo: Jean-Pierre Parenty
« Il venait de pleuvoir - ce jeune renard, tout trempé, descend au lac pour se désaltérer, » raconte Jean-Pierre.
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« Everybody was Kung Fu Fighting! » – Photo: Jean-Pierre Parenty
« J’ai la chance d’avoir une amie qui est propriétaire d’un grand pâturage dans l’ouest du Manitoba. Chaque printemps, je visite ce paradis pour y photographier les tétras à queue fine, ou poule de prairie, qui se rassemblent sur un lek, autrement dit une place à danser, pour y pratiquer un rituel d’accouplement. Quelques femelles arrivent au lek juste après le lever du soleil et sont suivies de plusieurs mâles. Les mâles font une danse pour impressionner les femelles afin d’être l’heureux choisi. La danse s’intensifie et les bagarres semblent inévitables. Éventuellement, la femelle choisit le plus beau et le plus fort et l’invite chez elle pour une soirée intime. »

Sa passion de la photographie l’amène à voyager partout dans le monde. Il s’est rendu en Afrique et en Amérique du Sud, y compris dans les îles Galapagos. Ces îles possèdent une faune spectaculaire. C’est là que le scientifique Charles Darwin a approfondi sa théorie de l’évolution. En Asie, Jean-Pierre a photographié des orangs-outans sur l’île de Bornéo. Depuis 7 ou 8 ans, il se concentre sur les animaux canadiens. « Je veux photographier des animaux d’ici » dit-il.

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Harem – Photo: Jean-Pierre Parenty
« Un harem - c’est le terme utilisé dans le monde animalier. Pendant le rut, ou la saison des amours, un wapiti mâle rassemble un harem, c’est-à-dire un groupe de 4 à 20 femelles, et les contrôle. Tout en se promenant dans la forêt, le mâle trouve d’autres femelles et les ajoute à son harem. Il surveille constamment les femelles et si une d’entre elles s’écarte, il court vers elle et la repousse vers le troupeau. Quand un autre mâle approche, il doit défendre sa position et le chasser. Mais, s’il perd la bataille, le nouveau mâle devient le chef du harem. Pendant tout ce temps, le mâle observe les femelles et quand une d’entre elles urine, il va tout de suite aspirer de l’urine. Il retrousse sa lèvre supérieure dans une grimace caractéristique appelée flehmen pour savoir si les hormones de la femelle indiquent qu’elle est prête pour l’accouplement. Si oui, les deux passent un petit moment intime. »

Son voyage au Nunavik n’est pas sa seule expérience dans le Nord pour prendre en photos des animaux canadiens. Il se rend à Churchill dans le nord du Manitoba presque toutes les années pour voir des ours polaires. « C’est un des animaux que j’aime le plus photographier » partage-t-il. Jean-Pierre les trouve beaux, forts et gracieux.

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L'ours d'or – Photo: Jean-Pierre Parenty
« Toute la journée, on recherchait et photographiait des animaux sauvages. Le soleil allait se coucher, donc nous retournions vers le village. C’est là que nous avons aperçu un ours le long de la route. On s’arrête, je sors mon trépied et je vise ma caméra vers l’ours. C’est à ce moment qu’il se lève sur ses pattes arrière pour regarder au loin. Clic! »

D’habitude, Jean-Pierre visite Churchill au début du mois de novembre. Il prend habituellement l’avion, mais une fois il s’est rendu en train.

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En pleine santé – Photo: Jean-Pierre Parenty
« J’étais en train de prendre des photos de deux ours qui se battaient. Soudainement, j’ai vu quelque chose bouger à ma gauche. C’était ce merveilleux renard roux qui chassait les lemmings dans la toundra givrée, » dit Jean-Pierre. La photo date de 2021 et a été prise près de Churchill.

Quand il voyage en tant que photographe, Jean-Pierre passe en moyenne une semaine sur les lieux et embauche un guide local pour l’aider à repérer les animaux. Il se lève avant le soleil et passe des journées entières à prendre des photos. À la fin de son séjour, il se retrouve souvent avec entre 10 000 et 14 000 images.

Le triage et les retouches à l’ordinateur durent des heures et parmi ces milliers de photos Jean-Pierre en choisit environ 10 ou 12 qui lui plaisent assez pour être publiées. 

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Montage de harfang – Photo: Jean-Pierre Parenty
« Une de mes préférées – j’avais ce harfang bien net dans mon appareil photo. Il était encore sur la branche et se préparait à s’envoler. Aussitôt qu’il s’est mis à bouger, je l’ai suivi en le prenant en rafale. Dans mon ordi, j’ai assemblé une série de photos pour en faire cette composition, » explique Jean-Pierre.
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Retouché – Photo: Jean-Pierre Parenty
« On me demande souvent si je retouche mes photos à l’ordinateur. Oui, toujours. Toutes les photos que vous voyez dans les magazines sont toujours retouchées. » Celle-ci est la prise originale.
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Version finale – Photo: Jean-Pierre Parenty
« Voici un exemple d’une photo retouchée comparé à la photo d’origine. Pour cet ours qui se lance dans la baie d’Hudson, j’ai mis plus d’une heure de travail à l’ordi. »

Pour ceux d’entre vous qui aimeraient essayer la photographie d’animaux, Jean-Pierre m’a partagé des endroits qu’il aime à Winnipeg et à proximité de la ville. À Saint-Vital, il suggère le Bois-des-Esprits. Cette forêt urbaine contient des chevreuils, des oiseaux et une variété d’autres espèces. Jean-Pierre souligne que les animaux dans les parcs urbains ont l’habitude de voir des humains, alors les photographes peuvent s’approcher d’eux plus facilement. 

Jean-Pierre a également suggéré le Marais Oak Hammock. Situé à 30 minutes au nord de la ville, ce marécage est une destination importante pour les oiseaux migrateurs tels que les canards, les oies et les oiseaux du rivage. D’ailleurs, Jean-Pierre aime s’y rendre tôt le matin à l’automne afin de capter des photos d’oies avec le lever du soleil en arrière-plan. 

La campagne autour de Winnipeg offre d’autres destinations. Jean-Pierre n’hésite pas à contacter les  éleveurs de bisons pour demander d’aller prendre des photos. 

Bien qu’il aime se promener, Jean-Pierre peut rester chez lui le long de la rivière Rouge à Winnipeg et capter des photos d’animaux là aussi. 

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Non-typique – Photo: Jean-Pierre Parenty
« J’ai pris cette photo derrière chez moi – à 40 m de ma cuisine. »
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Non-typique – Photo: Jean-Pierre Parenty

Son exposition s’intitule « Sauvage » et se tiendra dans la galerie d’art du Centre culturel franco-manitobain (CCFM) du 19 décembre 2023 au 17 janvier 2024. Le vernissage aura lieu le 19 décembre de 18 h à 20 h avec une session de questions et de réponses à 18 h 30. Les autres jours, la galerie est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 17h. Elle se situe au 340, boulevard Provencher à Winnipeg.

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Crédit : Centre culturel franco-manitobain

Pour de plus amples renseignements, contactez le CCFM au 204 233-8972 ou consultez le site web.  

Si vous ne pouvez pas vous rendre à l’exposition, Jean-Pierre affiche certaines de ses photos sur Instagram.

Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.

 

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