
Le mois de janvier est un excellent temps de l’année pour se donner des buts. En 2025, un de mes buts est de vous aider à prendre de belles photos. Pour ce faire, j’aimerais partager un principe facile à comprendre, mais qui est certain de rehausser la qualité de vos images.
Avant de vous le dévoiler, je tiens à souligner que nous sommes chanceux, car il n’y a jamais eu un temps où la photographie était plus facile à apprendre. Cela s’explique par la technologie. En raison des appareils numériques, nous pouvons voir nos photos tout de suite, les évaluer et les prendre de nouveau pour obtenir le résultat voulu. Durant l’époque des caméras à film, ce processus était plus lent et plus dispendieux parce que des pellicules devaient être développées avant de voir nos photos ou de les prendre de nouveau. Il nous fallait plus de temps et plus d’argent pour nous améliorer comparé à aujourd’hui. De plus, Internet nous permet de regarder des vidéos au sujet de la photographie. Nous pouvons non seulement voir l’œuvre d’autres photographes, mais communiquer avec eux aussi.
Bien sûr, il existe des méthodes moins axées sur la technologie de pointe qui nous aident à en apprendre. La lecture de livres de photographie en est une. Il est également possible de se joindre à un club de photo ou de se faire des amis qui aiment la photo et apprendre d’eux. Alors que certains amateurs de photographie demandent du mentorat, d’autres suivent des cours ou ils étudient le travail de photographes célèbres et essayent de prendre des images semblables. Toutes ces méthodes, et d’autres encore, seront efficaces. Oui, elles fonctionnent toutes. Vous n’avez qu’à choisir.
Peu importe votre choix, ce qui s’avère encore plus important est de vous laisser guider par le principe dont j’ai fait allusion au début. Ce principe est celui de l’effort soutenu. Le concept est simple. Vous n’avez qu’à faire un petit brin d’effort chaque jour, chaque semaine ou chaque mois pour vous améliorer. L’élément clé est de poursuivre votre cheminement. Ne lâchez pas.
Ce concept s’applique si vous souhaitez tout simplement prendre des photos de vos proches ou si vous souhaitez faire de la photographie votre carrière.
Un photographe qui s’est fié au concept de l’effort soutenu est Yousuf Karsh. Si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez sûrement une de ses photos. Elle compte parmi les photos les plus populaires de tous les temps.
Yousuf Karsh était un Arménien de parents chrétiens. Il est né en Turquie en 1908. En 1922, sa famille a fui le génocide des Arméniens et a trouvé refuge en Syrie. Ses parents l’ont envoyé au Canada en 1923 et il a vécu à Sherbrooke au Québec avec son oncle maternel, George Nakashian. Son oncle était photographe et il a enseigné la photographie à son neveu.
En travaillant pour son oncle, le jeune Karsh a entrepris les premiers pas sur lesquels sa carrière sera fondée. À la suite de ce mentorat, Yousuf Karsh est resté à Boston de 1928 à 1931 chez John Garo, un autre photographe arménien.
En 1932, Karsh était à sa mi-vingtaine et il a ouvert son propre studio à Ottawa. Le studio se trouvait à deux coins de rue du Parlement canadien. Au fil des ans, Karsh a forgé son nom en raison de ses photos de politiciens et de gens célèbres.
Son cheminement démontre qu’il a appris les fondements de la photographie chez son oncle pour ensuite perfectionner sa technique à Boston avant d’ouvrir son propre studio. Il y a là un effort soutenu : ce qui a mené à sa progression.
Imaginez que vous vous trouvez au pied d’un escalier que vous souhaitez monter. Il faut un premier pas. Et ensuite un deuxième. D’autres suivent et, sans lâcher, vous arrivez en haut là où vous voulez être. Un processus semblable vous aiderait à réaliser vos buts en tant que photographe. Quelles étapes pourriez-vous suivre pour les atteindre?
Le principe de l’effort soutenu se trouve également chez le photographe français Henri Cartier-Bresson. Comme Yousuf Karsh, Henri Cartier-Bresson est né en 1908, mais ils avaient des styles de photographie bien opposés. Karsh travaillait dans son studio avec de l’éclairage artificiel et une grosse caméra sur un trépied. Cartier-Bresson prenait ses photos dans la rue avec la lumière naturelle et une petite caméra portative. Chez Karsh, les éléments d’une photo sont précis et contrôlés, mais chez Cartier-Bresson les images sont spontanées. L’un était un maître de l’ordre et l’autre du chaos.
Cartier-Bresson comprenait qu’il faut maintenir son élan si l’on souhaite s’améliorer comme photographe. Il a capté cette idée en disant, « Vos 10 000 premières photographies seront les pires. »
Ce chiffre peut sembler gros, mais ce n’est pas difficile de prendre autant de photos, surtout de nos jours quand nos téléphones ont une caméra et que nous l’avons pratiquement toujours avec nous.
Pour ma part, j’ai trouvé le concept de l’effort soutenu utile. Lorsque j’ai commencé comme journaliste, j’étais payé par article et par photo. Donc, j’avais intérêt à améliorer mes photos, car si elles étaient bonnes j’en vendais plus. Afin de rehausser leur qualité, j’ai lu des livres de photographie et j’ai suivi des formations offertes par un club de photographie.
Je me servais d’une autre technique pour m’améliorer. Quand j’avais à prendre des photos pour le journal, je dédiais une partie de mon temps à satisfaire les exigences de mon travail et une autre partie à me développer professionnellement. Par exemple, il m’arrivait souvent de prendre des photos de hockey parce que le sport était populaire chez nos lecteurs. Durant la première et la deuxième période, je prenais des photos destinées au journal – c’est-à-dire des photos des buts, des bagarres et des joueurs populaires. C’est ce que le journal s’attendait de moi. Une fois que j’avais les photos qu’il me fallait, je me concentrais sur ma propre photographie durant la troisième période. J’essayais des nouvelles techniques que j’avais apprises au cours de ma lecture ou durant des formations. Je tentais des prises de vue créatives et j’expérimentais les paramètres de la caméra pour obtenir les meilleurs résultats. Si je réussissais une belle image, tant mieux, car je pouvais la vendre. Si non, je venais d’apprendre ce qui ne fonctionnait pas; une victoire dans les deux cas.
Au départ, mon progrès était lent. J’avais beaucoup à apprendre. Pour m’aider à m’en souvenir, j’ai commencé à prendre des notes et à faire des croquis dans un cartable. En révisant le tout, je retenais plus d’informations et je me rappelais ce que j’avais oublié. L’oubli nous empêche de progresser.
Mon progrès est devenu plus marqué lorsque j’ai suivi des cours en ligne. L’enseignant était Joel Sartore, un photographe chez National Geographic. Après les cours, mon éditeur m’a dit qu’il avait remarqué une amélioration marquée de mes photos.
Depuis que j’ai suivi les cours de Joel Sartore, je continue à lire, à suivre d’autres cours et je regarde des vidéos sur YouTube. Je suis membre d’un club de photo et je me fais des amis avec des gens de qui je peux apprendre plus au sujet de la photographie. Je leur demande de critiquer mes photos et j’aime voir quand je m’améliore parce que ça me motive. Je garde toujours note de ce que j’apprends dans mes cartables.
Pour devenir meilleur, vous n’avez qu’à prendre votre apprentissage en main. Trouvez une méthode qui vous plaît et gardez-là.
Si j’avais à offrir un conseil, ça serait d’éviter de grosses dépenses sur l’équipement. Par exemple, au lieu de dépenser tout votre budget sur un appareil photo, dépensez à la place seulement une partie. Votre plus grande dépense devrait être sur votre apprentissage. Autrement dit, n’investissez pas juste dans de l’équipement. Investissez en vous. Cela vous donne un plus grand rendement.
Cet investissement peut prendre différentes formes, soit des cours ou une formation avec un photographe professionnel. Peu importe, c’est votre connaissance de la photographie qui vous permet de prendre de bonnes photos et pas votre équipement. La meilleure caméra au monde ne sert à rien si vous ne savez pas vous en servir.
Comme vous, j’aurai toujours quelque chose de plus à apprendre au sujet de la photographie. Il s’agit d’un travail continu. Une photo après l’autre, je m’améliore. En pensant à cela, un proverbe africain me vient à l’idée. « C’est dans la forge qu’on apprend à être forgeron. » Autrement dit, pour devenir photographe il faut prendre des photos avec un effort continu.
Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.