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WebOuest Le sud de l’Alberta : un petit paradis pas comme les autres
Toutes les photos (sauf Photos des lecteurs): Dominique Liboiron

Le sud de l’Alberta : un petit paradis pas comme les autres

L'art de la photographie: la lumière est notre pinceau
Par Dominique Liboiron | 18 mai 2024
En tant que destination où prendre des photos, l’Alberta compte parmi les meilleurs endroits au Canada sinon au monde. Des milliers de touristes visitent les montagnes Rocheuses en raison de leur beauté. Par contre, il existe un autre endroit en Alberta moins connu et moins visité qui possède sa propre beauté, mais qui est plus subtile. Il faut la chercher un peu car sa splendeur ne saute pas aux yeux comme celle de Banff, Jasper ou Waterton. Venez avec moi faire un tour à cet endroit.

Notre tournée se fera le long de la frontière de l’Alberta et du Montana. Comme disaient nos aînés, nous allons passer « proche des lignes. » En particulier, j’aimerais vous faire découvrir la région autour de la rivière au Lait et des collines Sweet Grass. Elle se trouve à 3 heures au sud-est de Calgary.

Les collines Sweet Grass dominent l’horizon dans ce bout de l’Alberta. Elles se trouvent au Montana, mais cette chaîne de 3 buttes est collée contre la frontière. La butte la plus à l’ouest se situe à juste 1 mille ou 1,6 km du Canada. Si vous regardez de près mes images, vous les verrez parfois en arrière-plan.

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Au Canada tout comme aux États-Unis, les gens qui vivent autour des collines Sweet Grass travaillent surtout dans le domaine de l’agriculture ou de l’élevage de bétail.

Au cours du peuplement de l’Ouest canadien, beaucoup d’Allemands ont pris des « homesteads » dans le sud de l’Alberta. Les noms de familles et quelques recettes traditionnelles témoignent encore de cette histoire, mais la pression sociale contre ces Allemands en raison de la Seconde Guerre mondiale à causé la perte de la langue sauf chez les Huttérites, qui la parlent encore. Nous comptons deux douzaines de colonies huttérites dans la région.

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Nous voyons l’influence allemande dans l’architecture de cette église. Située au sud de Foremost, un village d’environ 500 habitants, cette église catholique s’appelle Faith Church. Elle est abandonnée depuis plus de 20 ans.
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Les inscriptions sur quelques pierres tombales dans le cimetière de Faith Church sont écrites en allemand.

Durant ce même peuplement agricole, les cowboys ont aussi amené leur culture avec eux. Attirés par la prairie à perte de vue, ils se sont installés dans les plaines et les coulées. Plusieurs ranchs dans la région en sont à leur quatrième génération d’une même famille. 

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Si vous allez suffisamment dans le sud de l’Alberta, le hockey n’est pas le sport le plus populaire. Il s’agit plutôt du rodéo.

Bien sûr, avant les fermiers et les cowboys, il y avait les Pieds-Noirs, ce peuple qui vivait du bison. La région est parsemée de sites de valeur spirituelle pour les Pieds-Noirs. Un d’entre eux se trouve dans le parc provincial Writing-On-Stone. Pendant des siècles, les Pieds-Noirs ont gravé des images dans le grès qui longe la rivière au Lait.

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La rivière au Lait commence aux Montana et coule en Alberta avant de retourner aux États-Unis.
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Cette gravure de bison se trouve dans le parc provincial Writing-On-Stone. Nous voyons les cornes vers le centre de la photo. Les gravures ont une importance spirituelle pour les Pieds-Noirs. Des centaines d’autres se trouvent dans le parc.

En raison des anciennes gravures, du grand nombre de fermes abandonnées et des petits villages rongés par le temps, nous ressentons le passé dans ce coin de l’Alberta. Il est là pour nous rappeler qu’ici les années de gloire remontent à des décennies et même des siècles de plus en plus oubliés.

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Le hameau de Skiff compte 10 résidents. Son élévateur, fermé depuis longtemps, reste témoin de l’héritage agricole. À droite, se trouve un ancien concessionnaire John Deere.
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Le vent, l’absence de pluie, la Grande Dépression et d’autres facteurs ont provoqué des faillites pour plusieurs fermiers. Cette vieille maison, le camion et les graineries nous rappellent qu’une famille vivait ici autrefois..
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J’aime faire le tour des fermes abandonnées pour voir les vieux véhicules et la vieille machinerie agricole.
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Le dépeuplement du sud de l’Alberta s’explique en partie par la machinerie moderne. Elle est d’une telle taille qu’elle élimine la main d’œuvre. Il faut moins d’employés ou de membres d’une famille qu’autrefois pour gérer une ferme. Ainsi, les gens quittent.

Les gens qui vivent encore sur des fermes dans la région ont tendance à être autonomes et débrouillards; il le faut pour se faire une vie dans des conditions difficiles. Par exemple, ce sont des pompiers bénévoles qui s’occupent des feux de prairie ou de maisons qui brûlent.

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Des flammes dévorent cette vieille maison. Dans les communautés près des collines Sweet Grass, il n’y a pas de pompiers désignés comme dans une ville.
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Souvent, ce sont des pompiers bénévoles qui achètent leur propre équipement pour combattre le feu. Le service à la communauté est une valeur importante pour les gens qui habitent dans le sud de l’Alberta.
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Le paysage des montagnes attire des touristes de partout dans le monde, mais peu d'endroits sont mieux que les plaines du sud de l’Alberta pour voir un beau coucher de soleil.

Comme vous voyez, le sud de l’Alberta possède son propre charme. Cette région nous offre la possibilité de capter des photos qui nous plaisent, même si le paysage n’a pas le même impact visuel que celui des montagnes Rocheuses. Par contre, le sud de l’Alberta encourage les photographes à développer leur habileté à reconnaître la beauté là où d’autres ne la voient pas. 

Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.

Photos des lecteurs

Trois de nos lecteurs et lectrices ont des œuvres d’art à partager avec nous. En plus de leur intérêt pour la photographie, ils sont tous les trois des créateurs en art visuel. Nous verrons aussi les oeuvres de trois étudiantes en photographie à l’Université de Lethbridge qui nous démontrent leur talent multidisciplinaire. Elles ont peint des tableaux qui explorent la créativité et l’identité. 

  1. Shadow Stanger, « Breakfast Citrus »

Shadow Stanger est originaire de Drumheller et elle a fait voir ce collage de son grand-père lors d’une exposition d’art intitulée « Fluidity. » L’exposition a eu lieu du 9 au 17 mars au Penny Art Gallery à Lethbridge. Selon Shadow, « ceci est un collage avec une photo de mon grand-père alors qu’il était jeune homme dans les années 50. Il a passé sa vie comme fermier en Alberta. Avec ce photomontage, j’ai voulu capter sa connexion profonde aux cycles de la nature en agriculture. »

 

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  1. LJ Marsh, « Farewell Wonderlust »

LJ Marsh s’est inspirée du style de peinture de l’artiste américain Cy Twombly. En plus, elle s’est laissée influencée par la chanson « Farewell Wonderlust » par The Amazing Devil. LJ a beaucoup écouté la chanson en peignant. Les formes, les couleurs et les émotions qui sont ressorties en l’écoutant ont mené à cette pièce. L’œuvre faisait partie de l’exposition « Fluidity. »

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  1. Jennessa Bates, « I can’t heal you »

Jennessa Bates a perdu son père durant sa dernière année de secondaire. Par la suite, les rêves de Jennessa se sont transformés. Ils sont devenus des conversations avec son père qui s’est éteint à la suite d’un cancer des poumons. Durant ses rêves, elle lui a expliqué qu’il était mort. Autrefois, leurs conversations ramenaient à Jennessa de beaux souvenirs de quand il était en vie. L’art permet à Jennessa de vivre son deuil et les émotions complexes qui en découlent. Son œuvre « I can’t heal you » représente son conflit interne de garder son poisson malade en vie. L’œuvre sert également à rappeler que parfois la vie nous semble hors de notre contrôle. L’art de Jennessa se trouve présentement à la galerie Casa dans le cadre de « Trajectories, » une exposition d’art d’étudiants de l’Université de Lethbridge. « Trajectories » à comme but d’explorer la croissance personnelle ou la trajectoire des artistes. Casa est situé au centre-ville à Lethbridge et l’exposition se tiendra jusqu’au 1er juin. L’entrée est gratuite.

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  1. Kiyomi Scoville, « Lunch Box Series »

Kiyomi Scoville est une autre artiste qui partage son œuvre dans le cadre de « Trajectories. » Elle explore son identité en tant que personne métissée. Son héritage canadien et japonais crée parfois une contradiction entre comment elle se voit et comment les autres la voient. La banane est symbole d’une personne asiatique qui est jaune à l’extérieur, mais blanc à l’intérieur. La soupe représente des instances dans sa jeunesse quand la nourriture traditionnelle qu’elle mangeait lui donnait l’impression d’être à l’écart de la société dominante.

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  1. Leah Evans, « Mirrored Image of my Mother »

Leah Evans s’inspire souvent des albums de famille et elle crée ensuite de nouvelles scènes. Son œuvre explore des thèmes de l’enfance et de la féminité. Son style se caractérise par des couleurs fortes ainsi que des images qui évoquent à la fois la nostalgie et la crainte. Leah est une des artistes qui contribue à « Trajectories. »

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  1. Kort Woycheshin, « My Uncle Derek, Born 1976, 47 Years Old »

Le photographe Kort Woycheshin s’intéresse à la santé mentale chez les hommes. Pour créer sa présente série d’images, il a interrogé trois membres de sa famille au sujet de leur expérience de la santé mentale et au sujet des leçons qu’ils en ont tirées. Chacun des trois membres est d’une génération différente. Cette photo s’appelle « My Uncle Derek, Born 1976, 47 Years Old. » En plus de celle-ci, deux autres photos sont en exposition chez « Trajectories ».

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