
Pour les Prairies, j’ai compris que l’accélération était deux fois plus élevée que la moyenne mondiale, surtout parce que l’océan est éloigné. Le Manitoba est aussi la seule province où l’on trouve une population de tiques dite établie par rapport aux provinces de l’Ouest.
En Alberta et en Colombie-Britannique, les experts et les organismes environnementaux me parlent, sans surprise, des feux de forêt comme principal enjeu et particularité de la région.
Mais pourquoi y a-t-il davantage de feux de forêt dans ces provinces? Ce n’est pas nécessairement parce qu’il y a plus d’arbres. Mais bien parce que la forêt est principalement composée de conifères.
Ces conifères, bien qu’ils poussent rapidement et soient rentables à court terme pour l’industrie forestière, présentent un revers de la médaille: ils brûlent également plus vite.
« Les branches de plusieurs conifères sont tout près du sol et entourent le tronc. Ces arbres sont très denses », explique Nilusha Welegedara, responsable de la recherche au Alberta Land Institute à l’Université de l’Alberta. Selon elle, les conifères brûlent dix fois plus rapidement que les feuillus.
Elle m’a aussi éclairé sur le phénomène orographique: « Le côté est des Montagnes Rocheuses est plus sec, tandis que le côté face à l’océan, donc le côté ouest, a tendance à être plus humide. »
En raison de la montagne, l’air s’élève. Au moment où cet air gorgé de particules d’eau de l’océan grimpe la montagne, des nuages se forment et des précipitations sont créées. Géographie 101, mes amis!
Je comprends maintenant la faiblesse de l’Ouest canadien. La combinaison d’une forêt dense de conifères jumelée à l’absence d’océan à l’est crée des conditions propices aux incendies.
Mais comment ces feux se déclenchent-ils principalement? Réponse: les éclairs!
Dans un article publié en août 2024 par le Canadian Journal of Forest Research, les auteurs Jennifer L. Beverly et Dave Schroeder mettent la loupe sur les feux de forêt causés avant la mi-mai. Ils rapportent, en se basant sur l’historique des données, que les gros feux causés par les éclairs avant le mois de mai se produisaient en moyenne une fois par an. Toutefois, en 2023, on a rapporté 13 feux de forêt avant cette même période.
L’explication de cette augmentation est simple: avant, les éclairs causaient de petits feux, mais maintenant ces éclairs causent de gros feux plus fréquemment car les forêts sont plus sèches.
Si les éclairs sont la cause principale des feux de forêts, l’activité humaine en représente la deuxième raison, notamment à cause de l’utilisation des énergies fossiles.
« 37 % des forêts brûlées dans l’Ouest canadien et aux États-Unis peuvent être liées à 88 producteurs d’énergie fossiles et de manufacturiers de ciment », explique le spécialiste de la conservation de la nature Phillip Meintzer à la Fondation Alberta Ecotrust.
Le lien entre les énergies fossiles et les feux est plutôt indirect. Des dômes de chaleur sont créés en raison des gaz toxiques émis dans l’atmosphère. Ces dômes assèchent les forêts.
Alors voilà pour mes petites découvertes. Nous savons qu’il y a des feux, mais comprenons-nous vraiment? Peut-être un peu mieux maintenant. Du moins l’essentiel…