J’ai donc parlé à ClimateWest, un organisme à but non lucratif créé en 2021, et à des experts du secteur environnemental.
Résultat: une accélération plus importante du réchauffement pour les plaines. Mais, pourquoi? C’est simple, c’est parce qu’on est en plein milieu! Les océans contribuent à rafraîchir les régions côtières.
Le professeur à la chaire de recherche en ressources d’eau et en changement climatique à l’Université de la Saskatchewan, John Pomeroy, nous explique que les villes côtières et les îles bénéficient d’un effet de refroidissement grâce aux océans. Mais en pleine terre, comme dans les Prairies, la situation est différente.
Dans environ 25 ans, on entrera dans une période où les températures moyennes pour l’été à Winnipeg seront de 39,5°C et de 40,1°C à Régina, selon l’Atlas climatique du Canada!
« Lorsque les sols sont secs, l’énergie supplémentaire de l’atmosphère due au réchauffement climatique augmente la température à proximité de la surface », explique John Pomeroy. Bien que les lacs du Manitoba soient considérés comme un atout, ils ne suffiront pas à eux seuls à compenser les effets du réchauffement climatique, car, comme le souligne John Pomeroy, ces lacs « rapetisseront petit à petit avec les années ».
En raison de leur emplacement géographique, « les prairies canadiennes sont plus vulnérables aux inondations, à la sécheresse et aux feux de forêt », souligne la directrice générale de ClimateWest, Kerra Chomlak.
Une autre des particularités est celle de la forte présence de cas de la maladie de Lyme au Manitoba et de son augmentation à prévoir.
La professeure agrégée en entomologie à l’Université du Manitoba Kateryn Rochon indique que « plus il fait chaud, plus les arthropodes [dont les tiques] se développent rapidement ».
Avec les chaleurs, la province du Manitoba compte de plus en plus de tiques à pattes noires, les porteuses de la maladie.
« Les pathogènes dans les arthropodes se développent plus rapidement quand il fait chaud, ce qui veut dire que les arthropodes infectés peuvent transmettre ces pathogènes plus rapidement », précise Mme Rochon.
Autrement dit, les tiques vont davantage transmettre la maladie de Lyme parce qu’elles seront elles-mêmes infectées plus rapidement.
Parmi les provinces des Prairies et de l’Ouest, le Manitoba est la seule province où l’on retrouve une population de tiques établie. « Les tiques sont présentes en Saskatchewan et en Alberta, mais aucune population n’est établie », précise Mme Rochon. Pour parler d’une population établie, la tique doit survivre à plus d’un stade de développement – larve, nymphe ou adulte – pendant plus de deux ans dans un même secteur.
Même s’il n’existe pas encore de population dite établie pour les provinces à l’ouest du Manitoba, ces « bibittes » sont quand même présentes! Par exemple, « en Alberta, les tiques sont plutôt vers Edmonton », illustre Kateryn Rochon.
Avec les années, ces provinces où l’on ne trouve pas de population de tiques établies pourraient être confrontées à de mauvaises surprises en raison des chaleurs croissantes.
Alors, à la suite de mes discussions, je comprends une chose importante: les Prairies représentent une région où le réchauffement climatique s’accélérera deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale parce qu’elles sont en plein centre. Cela entraînera entre autres plus de tiques. Ce n’est qu’une petite partie du casse-tête du réchauffement climatique. J’espère tout de même avoir réussi à vous transmettre un ou deux morceaux de compréhension au sujet de ce problème très préoccupant.
À bientôt pour la suite!