Suivez-moi maintenant dans une réunion où la prise de décision stratégique est faite par consentement, tel que préconisé par la gouvernance sociocratique. Dans ce scénario, tous les participants de la réunion sont invités à soulever des objections à la suite d’une proposition. Les objections sont accueillies ouvertement, en toute transparence, pour prendre la meilleure décision.
Cela se fait, non pas en criant « Objection, votre honneur! », mais en utilisant un processus inclusif, fondé sur les valeurs d’équivalence, de transparence et d’efficacité.
En sociocratie, on dit que « chaque voix compte ». On pourrait aussi dire que chaque voix conte…
Le facilitateur fait des tours de table, dans lesquels chaque voix est entendue. Dans ce contexte, une objection est perçue comme précieuse, comme un don.
Dans la prise de décision stratégique par consentement, chaque personne sait qu’elle aura « son tour » et n’a pas à s’inquiéter que seules les personnes parlant fort vont se faire entendre. La facilitation se fait de manière fluide en utilisant au moins trois différents tours de table.
Le premier tour de table donne l’opportunité à tous et toutes de poser des questions de clarification. Cela assure que la proposition est claire et comprise par tous.
Ensuite un autre tour de table est effectué pour entendre les réactions que soulève la proposition. Ces réactions peuvent être très succinctes: j’aime ou je n’aime pas. Ce tour de table peut aussi faire de la place pour des commentaires d’amélioration de la proposition. Une personne pourrait même apporter un amendement à la proposition avant de procéder au tour de consentement.
Finalement, c’est le tour pour recueillir les objections, s’il y en a. Le tour de consentement. Et s’il n’y en a pas, la décision est prise par consentement, sans objections!
Un des bénéfices de la prise de décision par consentement est que cela responsabilise les personnes à contribuer – chaque voix compte. Soit que j’ai une objection et la partage de façon transparente. Ou que je n’ai pas d’objection et je le dis à voix haute. En d’autres mots, que je peux vivre avec la décision, car elle se situe dans ma zone de tolérance.
Important à retenir: une objection n’est pas une préférence. Une objection se situe toujours à l’extérieur de notre zone de tolérance. En fait, une objection parle de risque ou de potentiel de risque qui pourraient nuire aux buts de l’équipe ou de l’organisme. Je répète, ce n’est pas une préférence.
Pour nous aider à mieux comprendre si une objection se situe à l’extérieur de notre zone de tolérance, on peut se demander si on perçoit un manque d’information qui nous empêche de prendre une décision de qualité. Ou encore, on peut se demander si l’objection parle d’un aspect qui a été oublié ou ignoré.
Ce qui est très intéressant et encourageant, c’est qu’une fois soulevée, l’objection n’appartient plus à la personne qui l’a énoncée. L’objection appartient maintenant à l’équipe qui va bonifier la proposition en tenant compte des éléments de l’objection.
Cela empêche que le poids d’une objection se trouve sur le dos d’une personne seule. Aussi, cela écarte les commentaires critiques et malveillants qui pourraient être faits envers la personne qui soulève l’objection.
Dans un autre blogue, je vous décrirai en plus de détails le processus de prise de décision stratégique par consentement. En attendant, je vous invite à réfléchir à ce paradoxe des objections et comment les accueillir et les traiter va contribuer à des décisions innovatrices et durables.