Les réseaux sociaux gratuits et les sites web d’e-commerce ont démocratisé l’entrepreneuriat en enlevant la plus grande barrière au business: l’accès au capital. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’un magasin physique, ni de fonds consacrés au loyer, ni à la création et diffusion de publicités. Il suffit simplement de commencer une page Instagram (par exemple), et garder ses produits chez soi, pour les vendre en ligne. Cette démocratisation produit le résultat attendu: une floraison exponentielle de petites entreprises en ligne, souvent axées sur l’artisanat ou le secondhand. Ceci veut donc dire une compétition féroce sur les médias sociaux avec de plus en plus de contenus inondant les plate-formes. Combiné avec les mises-à-jour infatigables des algorithmes de ces plates-formes, les médias sociaux ne sont plus les poules aux œufs d’or qu’ils étaient avant. Forcément, les entrepreneurs cherchent à diversifier leurs accès à de potentiels nouveaux clients…
Enter, les marchés et magasins éphémères. En tant que créatrice de bijoux, je participe à des marchés locaux depuis 2019. Alors que je suis d’accord que c’est merveilleux de voir autant de collaboration dans les communautés locales, cette floraison d’événements temporaires peut souvent finir par coûter à l’entrepreneur beaucoup plus que ce que ça lui rapporte. En plus du coût de la table ou l’espace physique au marché, l’entrepreneur doit aussi absorber le coût du temps passé à faire la promotion de l’événement, le déplacement, le temps d’installation/désinstallation, le temps passé à l’événement et la main d’oeuvre embauchée, sans compter le coût de l’inventaire. Vous pouvez imaginer que les ventes doivent être assez conséquentes pour rentabiliser l’événement. Plusieurs entrepreneurs, moi incluse, justifient même leur participation à des marchés comme un coût de marketing, s’attendant à faire une perte mais en espérant être exposés à une présence conséquente lors de l’événement, ce qui n’est pas toujours le cas.
Le problème, c’est que la responsabilité de la promotion de ces événements est toujours à la charge des exposants. La réalité est que les exposants vont majoritairement promouvoir l’événement sur leur plate-formes existantes, à leur clients existants, avec leur produits. Théoriquement, cette audience-là est donc déjà exposée aux produits, et peut simplement les acheter sur le site web au lieu de se rendre au marché. De plus, si par l’entremise de mes opérations régulières sur mes plate-formes existantes j’avais un chiffre d’affaires correspondant à mes ventes désirés, je ne participerais pas à de tels marchés. La seule raison qu’une entreprise participe à des marchés c’est parce qu’elle cherche à augmenter ses ventes, et aller à la rencontre de nouveaux clients. Pour que ceci fonctionne, il faut trois choses:
Je comprends que les marchés éphémères offrent aux organismes un nouveau flux de revenus, mais il ne suffit pas de créer une affiche et la reposter plusieurs fois en ligne sur ses médias sociaux. Comme expliqué plus haut, la compétition en ligne est féroce. La promotion active doit intriguer la clientèle et captiver une audience. Si un organisme ou un commerce tient un marché, il doit s’engager à activement communiquer l’événement et assurer une présence à l’événement. Et si ceci semble être beaucoup trop de travail pour le revenu que ça apporte, ça prouve que l’événement n’est que de l’exploitation des micro-entreprises et de l’appropriation du shop local pour accroître son propre chiffre d’affaires.
La plus belle opportunité avec les marchés, c’est la promotion croisée. Comme discuté plus haut, mon audience existante connaît déjà mes produits. L’intérêt de participer à un marché est donc d’exposer mes clients à de nouveaux artisans et entreprises. Chaque exposant devrait donc prendre le temps de communiquer à leur audience qui sont les autres exposants à l’événement. De plus, la stratégie de l’organisme host devrait même demander à ces exposants de faire ce genre de promotion.
Les gens ont besoin de voir quelque chose plusieurs fois avant de considérer l’achat ou la participation. Le plus de temps donné à la promotion, le mieux. Dans mon expérience, le marché qui m’a donné le meilleur rendement était Petit Magasin par Meg Does Pottery. Elle nous a encouragé à promouvoir l’évènement pour 8 à 12 semaines. C’est exactement ce que j’ai fait, et je n‘étais pas du tout déçue des résultats. Toute bonne promotion prend du temps, je dirais que l’événement devrait être annoncé au minimum un mois à l’avance pour assurer une bonne présence.
L’événementiel n’est pas facile, et le marketing en ligne non plus – voilà la raison même qui fait que je considère de participer à un marché éphémère. Le coût du marché ne peut pas juste comprendre ‘la table’… Malheureusement, l’espace physique sans une audience ne vaut rien. Je demande donc aux organisateurs de marchés de réfléchir avant d’offrir leur espace aux autres… serez-vous vraiment à la hauteur de la tâche?