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WebOuest Le temps des moissons: un exposé en photos

Le temps des moissons: un exposé en photos

L'art de la photographie: la lumière est notre pinceau
Par Dominique Liboiron | 16 septembre 2023
De plus en plus, les gens veulent savoir d’où vient leur nourriture. Dans le cas des cultures de céréales comme le blé et l’avoine, une grande quantité pousse dans l’Ouest canadien, une région reconnue pour sa diversité agricole. Tout le monde sait que l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba sont synonymes d’agriculture, mais la plupart des gens ne savent pas quelles étapes il faut suivre pour qu’une récolte arrive sur leur table. Dans le but de rehausser à la fois votre connaissance et votre appréciation de la nourriture, explorons la moisson de 2023. (Toutes les photos sauf les photos d'archives: Dominique Liboiron.)

Dans le sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, la moisson a commencé plus tôt que d’habitude cette année en raison de la sécheresse. Comme je fais d’habitude au mois d’août, j’ai participé à la récolte sur la ferme d’un de mes amis. Il habite dans le sud de l’Alberta près de la frontière du Montana. Nous avons moissonné de l’orge, des lentilles, des pois, du blé dur et du blé de printemps. Le rendement n’était pas au rendez-vous, faute de pluie. Par contre, l’orge a quand même assez bien réussi en dépit des conditions sèches.

1. La moisson est une période de l’année courte, mais intense. Les fermiers n’ont que quelques semaines pour tout récolter. Ils doivent travailler tôt le matin jusqu’à tard le soir. Chez mon ami, nous commençons la journée à 7h00 et finissons vers 22h00. Les journées durent en moyenne 15 heures.

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2. Nous avons commencé à combiner le 4 août. Ici, une des combines (moissonneuses-batteuses)  récolte des lentilles rouges. Les lentilles sont surtout consommées dans des soupes et des ragoûts. Elles se trouvent dans beaucoup des mets en Amérique du Sud et en Inde. Le Canada produit 29 % des lentilles au monde et les exporte surtout aux Etats-Unis, en Inde et au Pérou.

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3. Cody coupe des lentilles dans un champ qui touche la frontière américaine. En arrière-plan, nous voyons les collines Sweet Grass situées au Montana.

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4. La combine coupe la récolte et sépare la graine de la plante. Lorsqu’elle est pleine, la combine envoie les graines dans le chariot à grain, aussi appelé le transbordeur. Le chariot transporte les charges de grain soit jusqu’au semi-remorque qui attend, sur le bord du champ ou bien sur le sentier qui mène au champ.

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5. D’habitude, on nous dit de ne pas prendre de photos face au soleil, mais dans ce cas-ci j’aimais comment le soleil illuminait la poussière. Ty, le conducteur du chariot à grain, vient de vider une charge de lentilles dans le camion.

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6. Quand j’étais jeune, la combine se vidait directement dans le camion. À l’époque, les camions étaient plus petits et moins pesants. De nos jours, les camions sont très pesants, surtout lorsqu’ils sont chargés avec 27 000 kg ou 60 000 livres de grain. Ils compactent trop le sol ce qui peut rendre la semence plus difficile au printemps et nuire aux racines. Pour éviter ces problèmes, les semi-remorques restent à l’entrée du champ ou sur le chemin. Le chariot à grain transporte les charges de la combine jusqu’au camion. La combine n’arrête pas. Elle coupe sans cesse. Le temps pour décharger dans le camion serait du temps perdu.

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C’est moi qui conduis les camions. Je quitte le champ avec un camion plein. Arrivé dans la cour, je le vide dans une grainerie. Je retourne au champ avec le camion vide et je le stationne au bout de la ligne. Ensuite, je marche au début de la ligne. Si la remorque est pleine, je pars de nouveau. Sinon, j’attends. Parfois, j’ai le temps de prendre des photos.

7. Je retourne à la cour avec une charge de blé dur.

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8. Il faut presque 30 charges pour remplir une des graineries.

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9. Comme dans presque tous les domaines de la vie, le changement technologique touche aussi l’agriculture. Les tracteurs sont plus gros qu’autrefois, plus chers et peuvent même être dirigés par satellite. Ici, je vais stationner le camion contre le tracteur et placer la vis à grain mobile (remarquez ses petites roues) sous la remorque. En ouvrant la trémie, les graines tombent dans la vis à grain. Le tracteur tourne la vis et les graines montent dans la grainerie.

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10. Cette grainerie est pleine d’orge. Un ingrédient de la bière et de la soupe, l’orge sert également à soigner du bétail.

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11. Pour revenir au changement technologique, voici une photo qui date de 1938. C’est mon grand-père Émile Hamon qui conduit le tracteur près de sa ferme à l’ouest de Gravelbourg en Saskatchewan. Son voisin, Harry Lafrenière, est debout sur la combine. À l’époque, une combine comme celle-ci ne coupait que 6 pieds ou 2 mètres en largeur à la fois. Il fallait donc passer plusieurs fois avant de récolter tout un champ. Aujourd’hui, une combine coupe jusqu’à 50 pieds de largeur ou 15 mètres.

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12. Voici une autre photo de mon grand-père. Il se sert de chevaux pour gratter l’entrée de sa ferme. S’il était toujours en vie, je pense qu’il aurait de la difficulté à croire à quel point la machinerie agricole a évolué.

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13. Durant la récolte, il m’arrive souvent de me sentir étonné par les changements dont je suis témoin, surtout depuis les années 90. La campagne se vide car de moins en moins de gens travaillent dans le domaine de l’agriculture. Pratiquement tous les Canadiens-français qui ont peuplé l’Ouest canadien étaient fermiers. N’oublions pas les Français, les Suisses, les Belges et les Franco-Américains devenus pionniers. Parmi tous ces Francophones dans les Prairies, il n’y en a pratiquement plus dans le domaine de l’agriculture. Bon nombre de ces familles avaient probablement été fermiers depuis des siècles et cet héritage s’est perdu en deux générations.

Je prends par exemple les deux côtés de ma famille. Mes parents ainsi que tous mes oncles et mes tantes ont été élevés sur des fermes. Cela fait 15 personnes en tout. En plus de mon frère, j’ai 16 cousins du côté de ma mère et 13 du côté de mon père. Parmi ces 45 personnes, il n’y a qu’une de mes cousines qui vit sur une ferme aujourd’hui.   

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14. Un élément des moissons qui ne change pas est l’appréciation pour un peu de repos. Titus, un Huttérite du nord de l’Alberta, se détend dans la roue d’une combine suite à une averse.

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15. Un autre élément qui ne change pas est qu’il faut parfois réparer les machines.

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16. Une nouvelle combine John Deere moissonne un champ de blé dur sous une demie lune.

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17. Après la moisson, le grain sera apporté à l’élévateur ou il sera pesé et chargé dans un train.

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18. Le grain destiné à d’autres pays est envoyé par bateau. Ce navire grec, le Nikkei Phoenix, reçoit une charge de grain le long du Mississippi entre Baton Rouge et la Nouvelle-Orléans. L’énorme bateau mesure 180 m ou 590 pieds de long et peut contenir assez de blé pour confectionner environ 40 000 000 de miches de pain. Lorsque la cargaison de grain arrive dans un autre pays, elle est moulue en farine. 

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19. Nous avons terminé la récolte le 27 août.

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Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.

 

La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.