Divertir, Découvrir, Enrichir
WebOuest Le temps des cerisiers: une célébration de la nature
Toutes les photos: Dominique Liboiron (sauf Le coin des lecteurs)

Le temps des cerisiers: une célébration de la nature

L'art de la photographie: la lumière est notre pinceau
Par Dominique Liboiron | 6 avril 2024
Présentement, la nature dévoile un trésor. Elle le partage chaque année au mois d’avril ici et là sur la planète. Nous le voyons dans les villes de Washington et de Vancouver, mais ce trésor est plus splendide en Asie. Ce trésor est le temps des cerisiers.

En Chine et en Corée, le soleil du printemps provoque une explosion de fleurs. Le plus souvent, elles sont blanches ou roses, dépendant de l’espèce, et elles débordent des arbres qui longent les rues ou qui embellissent les flancs de montagne. Malgré leur orgueil national, les Chinois et les Coréens avouent sans rancune que le temps des cerisiers le plus spectaculaire a cependant lieu au Japon. 

Le mois d’avril est un temps spécial au Japon. Des millions de citoyens attendent avec impatience la floraison des cerisiers. Nul autre période de l’année excite autant les Japonais. Ils ont droit à une beauté intense et il existe là-bas des traditions qui rendent la saison des cerisiers riche et mémorable. J’aimerais partager avec vous ces traditions tout en vous montrant ces trésors de la nature. Voyagez avec moi au Japon afin de vivre une expérience unique. 

1. Ces cerisiers forment un tunnel devant l’entrée d’un temple bouddhiste à Yamaguchi, une ville située une heure à l’ouest d’Hiroshima. En japonais, cerisier se dit sakura

WebOuest

 

2. En tout, il existe au-delà de 600 variétés de cerisiers, mais trois sont plus communes. Celui-ci, de la variété Yoshino, est le plus répandu. Les cerisiers, qu’ils soient sauvages ou décoratifs, ne produisent aucun fruit et aucune odeur. Les fleurs possèdent d’habitude cinq pétales.

WebOuest

 

3. Un cerisier en fleur attire beaucoup de gens. Sur l’escalier en arrière-plan, la jeune femme debout sur l’escabeau est un mannequin. Un photographe la prend en photo. Un assistant y est aussi. À gauche, deux personnes observent la séance et deux filles prennent un « selfie. » En poursuivant vers la droite, nous voyons un photographe et son épouse. Une mère prend ses trois enfants en photo et, complètement à droite, quelqu’un d’autre attend qu’on prenne sa photo. Ce genre de scène est commun devant des arbres populaires comme celui-ci. Ce cerisier très large se trouve à côté d’une école élémentaire sur l’île Mokou. L’arbre a une centaine d’années. Il a été planté par des élèves durant les années 1920

WebOuest

 

4. Avant de prendre une photo, les Japonais disent souvent, « Ichi, ni, san, » ou « Un, deux, trois. »  

WebOuest

 

5. Afin de jouir des cerisiers spectaculaires, les Japonais se réunissent avec leurs proches dans les parcs et les jardins afin de déguster un repas ensemble. Ce pique-nique parmi les cerisiers s’appelle un « hanami » ce qui veut dire visionnement de fleurs. Les gens mangent des sushis et boivent du saké, un alcool fait de riz qui goûte beaucoup comme du vin blanc. Certaines personnes appellent ce rassemblement un « o-hanami. » Dans ce cas-là, le préfix démontre du respect. Comme vous savez, en français le vouvoiement démontre notre respect pour une personne. Par contre, nous ne pouvons pas vouvoyer un objet. À la place, nous pouvons dire qu’un objet est sacré ou nous pouvons démontrer notre respect envers quelque chose avec notre comportement. En japonais, il est possible d’exprimer son respect pour un objet. Cela se fait avec le préfix O. Par exemple, le mot pour eau est mizu. Les gens peuvent démontrer leur respect envers l’eau en disant « o-mizu. » Dans la langue de Molière, nous pouvons parler d’eau bénite. Le préfix O s’emploie avec des objets dignes de respect comme la nourriture, le riz, l’eau, le thé, sa maison ou des célébrations comme le « o-hanami. »

WebOuest

 

6. Le Japon a une longue tradition littéraire. Par exemple, le premier roman au monde, intitulé Le Dit du Genji, nous vient de Murasaki Shikibu, une écrivaine japonaise du 11e siècle. De plus, les poètes japonais décrivent la nature depuis des centaines d’années avec des haïkus, ces poèmes courts avec 3 strophes et 17 syllabes. Le poète francophone Adrien Raygade capte bien ici l’esprit du haïku.

Bourdonnement de l’abeille

Les fleurs du printemps

Les complices de la nature

WebOuest

 

7. Ces sakuras poussent contre un vieux mur orné de tuiles en ardoise. 

WebOuest

 

8. Au cours des 3 ans pendant lesquelles j’ai vécu au Japon, j’ai remarqué que les Japonais ont tendance à ne pas montrer leurs émotions. Par contre, ils sont plus portés à exprimer leur bonheur lorsque les sakuras sont en fleur. Le temps des cerisiers les rend heureux, comme le fait l’été pour les Canadiens. Ces époux se prennent en photo devant des cerisiers qui longent la rivière Ichinosaka.

WebOuest

 

9. Ce cerisier était mon préféré au Japon. Il longe lui aussi la rivière Ichinosaka, ce petit cours d’eau qui traverse la ville de Yamaguchi. Il est de la variété shidare zakura, en français le cerisier pleureur. J’aime sa grandeur et le fait que ses branches forment un canapé au-dessus de la rivière.

WebOuest

 

10. Un moine bouddhiste (au centre) accueille un visiteur (à droite) qui est venu au temple admirer la beauté des cerisiers en fleurs.

WebOuest

 

11. Les trains à vapeur sont encore communs au Japon. Ils sont destinés aux touristes. Les Japonais aiment prendre le train pour aller voir les cerisiers en campagne. Ce train en particulier revient en ville après un séjour d’une heure. Durant le temps des cerisiers, il faut réserver son billet bien à l’avance.

WebOuest

 

12. C’est un stéréotype, mais ça ne change pas que c’est vrai – les Japonais aiment prendre des photos lorsqu’ils sont en voyage. Vous avez peut-être remarqué dans cette image et la précédente que les trains à vapeur portent souvent des écussons. Les écussons indiquent quels attraits les passagers peuvent voir du train.

WebOuest

 

13. J’ai vu cet écusson dans un musée. Dans le passé, il ornait un train.

WebOuest

 

14. Le visionnement des fleurs au printemps est une tradition au Japon depuis le 8e siècle. À l’époque, on éclairait la nuit avec des chandelles placées dans des lanternes en pierre comme celles-ci.

WebOuest

 

15. Tout comme la feuille d’érable a une valeur symbolique au Canada, le sakura est un symbole au Japon. Cette fleur représente à la fois le renouveau du printemps et la vie des humains. Comme nous, elles ont la vie courte. La période de floraison d’un cerisier se termine au bout d’une seule semaine. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les pilotes kamikazes se voyaient comme des sakuras au service de l’empereur. Leur trop brève vie était destinée à finir avec une triste beauté. Les avions kamikazes étaient décorés avec une fleur de cerisier semblable à celle-ci sur ce véhicule militaire.

WebOuest

 

16. Les fleurs demeurent au sommet de leur beauté à peine deux ou trois jours avant que les pétales commencent à faner. Quelques jours plus tard, ils tombent au sol sous les coups de vent qui les éparpillent comme une tempête de neige. La triste beauté de voir un si charmant spectacle de fleurs s’éteindre en si peu de temps touche les Japonais droit au cœur. Ils y voient un parallèle avec leur vie qui elle non plus ne dure pas longtemps. Ici, nous voyons une plaque d’égoût à Yamaguchi qui porte des cerisiers en plus de lucioles. Le cours d’eau est la rivière Ichinosaka. Elle est connue en raison de son festival de lucioles au mois de juin et pour ses cerisiers qui longent les berges. Souvent, les plaques d’égoût portent des symboles de leur ville.

WebOuest

 

17. Quand je suis arrivé au Japon, j’étais surpris d’apprendre que les Japonais n’aiment pas l’été. Venant du Canada, où les hivers sont longs et les étés sont courts, j’ai tenu pour acquis que tout le monde aimait l’été. Mais non. La majorité des Japonais ne l’aiment pas car il fait trop chaud et trop humide. Ils ont même hâte d’en finir. À la place, les Japonais préfèrent l’automne, plus doux, et avec en boni ses splendides feuilles d’érable rouges qui colorent le paysage. Encore plus, les Japonais adorent le temps des cerisiers. Au Canada, les gens nous demandent, « As-tu passé un bel été? » Au Japon, ils disent, « Es-tu allé voir les cerisiers? »  

WebOuest

 

18. J’ai l’impression que cet arbre m’envoie la main pour me dire au revoir.

WebOuest

 

Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.

Photos des lecteurs

Janel Cherewyk vit sur l’île de Vancouver où elle peut assister au spectacle des cerisiers. Pour célébrer l’événement cette année, elle a fait décorer ses ongles avec des fleurs de cerisier.

WebOuest
WebOuest
Photos: Janel Cherewyk

Midori Kawamura nous envoie des photos de sakura en direct du Japon. Celles-ci datent du début du mois. Midori enseigne l’anglais et l’économie domestique. Elle aime regarder des films et passer du temps avec son fils Shintaro. Ici, il démontre le symbole de la paix, une pose classique parmi les Japonais lors d’une photo. Derrière lui, nous voyons une entrée de temple shinto taillée dans la pierre. Le shinto est une religion japonaise qui vénère la nature. La corde tissée en paille de riz est appelée un shimenawa. Cette corde indique que nous entrons dans un espace sacré.

WebOuest
Photo: Midori Kawamura

Le sens esthétique traditionnel des Japonais met en valeur la simplicité, l’élégance et la beauté de la nature. Nous voyons l’influence de ces éléments le long de ce chemin qui mène à un temple shinto à Hofu, une ville dans l’ouest du Japon. De nos jours, les lanternes en pierre sont surtout décoratives, mais autrefois elles illuminaient le passage des fidèles.

WebOuest
Photo: Midori Kawamura
La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.