Quand on parle de la sexualité de la femme, c’est souvent abordé à travers le regard de l’homme. Malheureusement une grande partie de la société considère encore cette conversation comme un sujet assez tabou. Mais tranquillement les choses changent.
Célébrer le corps de la femme et une sexualité positive qui met en valeur le plaisir sexuel, devient de plus en plus un sujet abordé par le discours dominant, tant dans les films que dans la musique populaire. C’est d’ailleurs peut-être un facteur qui influence positivement la nouvelle génération qui est beaucoup moins complexée quand il s’agit d’aborder ce thème.
Je le constate surtout avec les jeunes adultes, comme ma fille qui a 18 ans, mais aussi dans ma tranche d’âge. J’étais agréablement surprise en tombant par hasard sur un film sur Netflix, intitulée « L’année où j’ai commencer à me masturber » par le fait que la protagoniste était une femme au début de la quarantaine, récemment séparée, qui se lance dans l’exploration de sa jouissance par le biais de la masturbation.
Malgré un certain changement des attitudes, il demeure que d’après des études assez récentes (2017), seulement 65 % des femmes cis-hétéros atteignent régulièrement l’orgasme lors d’une relation sexuelle, contre 95 % des hommes cis-hétéros. Cet écart est grandement dû au manque d’éducation entourant la sexualité des personnes ayant un vagin.*
C’est insensé quand on pense que tant de femmes se privent d’un bien-être aussi important simplement à cause du fait que la société nous a conditionnées à croire qu’avoir un vagin signifie qu’il est plus difficile d’atteindre un orgasme. Or une autre statistique intéressante à faire ressortir est que 86 % des femmes lesbiennes atteignent l’orgasme régulièrement lors de rapports sexuels; ce qui démontre, bien-sûr, que ce n’est pas le fait d’avoir un vagin qui pose problème mais bien le discours hetéronormatif qui découle majoritairement du patriarcat.
Tout d’abord, il faut prendre conscience que les apprentissages accumulés depuis qu’on est jeunes au niveau de notre éducation sexuelle, pour la plupart d’entre nous (peu importe la culture), niait l’aspect de la jouissance et du plaisir féminins, ou encore les reléguait en deuxième place, donnant priorité à ceux de l’homme.
Deuxièmement, comprendre que pour se sentir épanoui·e sexuellement, il faut se sentir libre. Et la liberté commence toujours par le savoir. Donc il faut se questionner sur tous ces messages que la société véhicule comme étant des vérités au sujet de la sexualité de la femme et de nos corps et surtout laisser tomber tranquillement tous ces tabous et préjugés qui nous enferment dans des carcans.
Il est important aussi d’apprendre à se connaître et de ne pas avoir peur d’explorer la masturbation pour ce qu’elle est, une pratique sexuelle naturelle et saine qui nous permet de mieux comprendre nos désirs et nos préférences, ainsi que d’explorer et apprécier nos corps et leur sexualité. C’est une occasion de se connecter avec soi-même d’une manière intime et privée. Ce qui nous donne accès à ce savoir qui nous permettra aussi, bien sûr, de mieux communiquer nos besoins à notre partenaire.
De plus, il est important de noter qu’en plus d’être une source de plaisir, la masturbation féminine présente également des avantages pour la santé. Saviez-vous que la masturbation aide à soulager le stress, à réduire les crampes menstruelles et à améliorer le sommeil? La masturbation favorise également une meilleure connaissance de son corps, ce qui peut conduire à une augmentation de l’estime de soi et de la confiance en soi.
Il est essentiel de souligner que la masturbation est un choix personnel et individuel. Chaque femme a le droit de décider si elle souhaite ou non se masturber, et il ne devrait y avoir aucun jugement associé à cette décision. Si vous êtes curieuse et vous voulez en apprendre plus sur le thème voici quelques ressources qui pourraient vous intéresser:
🔸 Petit Manifeste de la masturbation féminine de Mélanie Guénette-Robert et Roxane Gaudette Loiseau
🔸 Le clitoris: la vérité mise à nu de Caroline Michel et Alexandra Hubin
🔸 Clit-moi est un jeu pour mobile qui explore sans tabou la satisfaction sexuelle féminine avec le seul organe destiné uniquement au plaisir, le clitoris
🔸 « L’année où j’ai commencé à me masturber », film suédois de Erika Wasserman
Alors dégênez-vous, parlez-en ouvertement et petit à petit on contribuera tout.e.s à promouvoir une vision positive de la jouissance sexuelle féminine comme un aspect normal et sain de la vie sexuelle et on pourra reprendre le discours d’une façon libre et émancipée!
Bonne exploration!
*Source: « Jouissance et plaisir féminin : tout savoir … », Mme L’Ovary, 2023.