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WebOuest Le moment #MeToo du monde du football féminin
Joueuse de soccer / football (photo générique). Crédit: Pexels
Les Montagnes

Le moment #MeToo du monde du football féminin

Par Nathalie Lopez | 4 octobre 2023
Avez-vous entendu parler du scandale qui a secoué le monde du football (soccer) féminin récemment?

Pour vous situer, voici les grandes lignes de ce qui fait couler tant d’encre depuis la victoire de la Coupe du monde de football féminin (FIFA 2023) par l’équipe de l’Espagne face à l’Angleterre.

Lors de la remise des médailles en finale de la Coupe du monde le 20 août dernier, le président de la fédération espagnole Luis Rubiales a agrippé à deux mains la tête de la joueuse Jennifer Hermoso, et l’a embrassée par surprise sur la bouche, le tout filmé par les caméras, sur le podium du stade de Sydney, en Australie.

Par la suite, ce dernier a tout de suite minimisé son geste, le décrivant comme étant consensuel; après avoir dénoncé ceux qui ont critiqué son geste comme étant « des cons », il a fini par présenter, quelques heures plus tard, des excuses pour « l’agitation » que son geste avait provoqué.

Non satisfait par ces excuses, le Conseil supérieur des sports, un organisme public espagnol dépendant directement du ministère, indiquait qu’il allait porter l’affaire devant le Tribunal administratif des sports et prendre des mesures si la Fédération ne le faisait pas.  Quant à la joueuse Jennifer Hermoso, elle a fait savoir par l’intermédiaire de son syndicat, Futpro, qu’elle réclamait « des mesures exemplaires » contre Luis Rubiales.

Les choses se sont enflammées quand la ligue professionnelle espagnole de Football féminin a réclamé la mise à pied de M. Rubiales. Mais celui-ci, durant une assemblée générale extraordinaire le vendredi 25 aout, a annoncé qu’il ne démissionerait pas et est allé plus loin en prononçant un discours de 30 minutes dans lequel il denonçait les actions prises contre lui, les qualifiant de « faux féminisme » qui « ne cherche pas la vérité », et a qualifié le tout de « tentative d’assassinat social ».***

À la suite du discours de Rubiales, le même jour, les 23 joueuses de l’équipe nationale ont annoncé vouloir se retirer de la sélection si la direction actuelle restait en place. Elles ont émis un communiqué de presse en soutien à Jennifer Hermoso, dans lequel elles expriment leur condamnation ferme et catégorique d’un « comportement qui porte atteinte à la dignité de la femme. »

Face à cette pression, la FIFA a imposé une suspension de 90 jours à Rubiales, lui interdisant aussi de s’approcher ou de contacter, de manière directe ou indirecte, Hermoso ou les gens proches d’elle. Mais malgré tout ceci, Rubiales s’est accroché à son poste.

Durant des semaines, l’appui aux championnes de la Coupe du Monde, ne cessait de grandir, autant en Espagne qu’ailleurs dans le monde. Nombreuses et nombreux sont les femmes et les hommes dans le monde du football qui se sont unis pour dénoncer les actions de Rubiales, les qualifiant d’être une honte pour le football et qui a entaché à tout jamais ce moment historique où les  « Rojas » ont remporté les grands honneurs. Il y a même des joueurs masculins qui refusaient de jouer pour l’équipe nationale jusqu’à ce que les choses changent et que ce type d’action ne reste pas impuni.

Le 1er septembre les joueuses de première division espagnole de football ont entamé une grève pour réclamer la démission de Rubiales, mais aussi pour exiger de meilleures conditions de travail et une hausse salariale.

C’est à la mi-septembre qu’on voit enfin rouler la tête de Rubiales! À la suite de toute cette pression, le président a enfin démissionné de ses fonctions. Cependant la quasi totalité des championnes du monde espagnoles refusent de revenir en sélection car elles sont catégoriques à dénoncer que les changements apportés ne vont pas assez loin. Elles souhaitent que des changements structurels et plus en profondeur aient lieu afin que les « les joueuses se sentent en sécurité, dans une structure dans laquelle les femmes sont respectées, où on s’intéresse au football féminin et où nous pouvons donner notre maximum ».

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Plusieurs joueuses (photo générique) Crédit: Anastasia Shuraeva, Pexels

Quelques jours plus tard, Jenni Hermoso accusait la fédération espagnole d’intimider les joueuses retenues par la sélection nationale, même si elles avaient préalablement demandé à ne pas être choisies. À ce moment-là les joueuses ont émis un autre communiqué dans lequel elles réaffirmaient qu’elles ne prévoyaient pas mettre un terme à leur opération de boycottage malgré le risque d’être sanctionnées si elles refusaient leur convocation.

Le lendemain, après des négociations intenses qui ont lieu jusqu’à très tard la nuit, 21 de 23 grévistes espagnoles ont réintégré la sélection!

Ce sont là des événements qui marqueront l’histoire, une série d’actions et de revendications sans précédent organisée par des femmes dans le monde du football féminin et du sport de façon générale. L’appui que les joueuses ont reçu est aussi sans parallèle et démontre que la société exige de profonds changements. Il est clair après cet énorme mouvement féministe que les attitudes et comportement machistes ne seront plus tolérés, c’est terminé « #SeAcabo » (le mot-clic utilisé pour ce mouvement dans les réseaux sociaux)! Espérons que ce mouvement soit une inspiration et un cri impossible à ignorer pour tous et toutes, en vue d’établir enfin une parité entre les femmes et les hommes dans le milieu sportif!

 

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