Je dois admettre que même en étant assez branchée sur le sujet et munie de mes propres expériences personnelles, je ne m’attendais pas à un constat aussi négatif.
Comme dans tellement de sphères de la société, les femmes continuent à être mal représentées dans le monde des arts et des fortes iniquités persistent en termes de disparité salariale.
De plus, il existe une importante brèche entre la place qu’occupe les femmes vs les hommes dans des positions de leadership au sein des organismes œuvrant dans les arts et la culture.
Si on s’attarde seulement à la place qu’occupe les femmes dans les expositions et collections de musées par exemple, les femmes artistes demeurent cruellement sous-représentées quand elles n’en sont pas complètement absentes.
Aux États-Unis par exemple, le réputé MET (Metropolitan Museum of Art de New York) compte moins de 5 % d’artistes femmes dans la section « art moderne ». Pas du tout mieux au MoMa (Museum of Modern Art) où seulement 7 % des œuvres exposées ont été réalisées par des femmes.*
On pourrait peut-être s’imaginer qu’il y a moins de femmes artistes mais au contraire, dans les écoles d’art, 60 % des effectifs sont des femmes. La question qui se pose alors devrait plutôt être que faut-il faire afin de s’assurer qu’il y a une meilleure visibilité d’artistes femmes dans les musées et dans la sphère artistique en générale. La réponse n’est pas si compliquée. D’abord, il faudrait assurer une meilleure représentation dans des postes décisionnels des structures artistiques, mais là encore il reste un manque à gagner considérable. Au Canada, par exemple, seulement 42 % des postes de leadership artistiques sont occupés par des femmes.** Mais peu importe qui est à la tête d’organismes artistiques ou des musées, une autre façon d’attaquer la disproportion de représentation entre hommes et femmes artistes serait d’imposer des quotas. Comme l’a fait le musée Stedelijk d’Amsterdam en dédiant deux fonds d’acquisition dédiés seulement aux œuvres de femmes, un exemple radical qui démontre une vraie volonté à pallier au manque de représentation du travail des artistes femmes. Pour renverser la vapeur, il faudrait aussi imposer la parité dans les postes décisionnels des institutions artistiques et culturelles, car ceci aurait, entre autres, un impact sur l’acquisition d’œuvres d’artistes femmes et briserait le statu quo, car la place des femmes sur le marché de l’art, en passant par les collectionneurs et les commissaires d’exposition, reste grandement dominée par les hommes.
D’ailleurs, quand il s’agit de l’achat d’œuvres d’art, les femmes, là encore, restent loin derrière les hommes : 20 % seulement des artistes qui vivent de leur art sont des femmes. Parmi les 500 artistes les mieux cotés au monde, il n’y a que 19 créatrices.***
Un autre constat auquel il faut s’attarder est la présence d’iniquités salariales entre hommes et femmes dans les positions de leadership au sein des organismes artistiques, car même quand les femmes y sont représentées, elles gagnent moins que leur collègues masculins. Au Canada, par exemple, le poste de conservateur.trice et de programmateur.trice a un salaire moyen de 50 000 $ pour les femmes et de 59 000 $ pour un homme.****
Malgré ces constats il reste que les choses changent petit à petit, nombreuses sont les initiatives de collectifs féministes qui déplorent ce manque de visibilité et représentation et militent pour un changement en faveur des femmes artistes dans le monde de l’art.
De plus en plus, on parle de la précarité des femmes artistes et de ces iniquités encore existantes. Plus on informe sur ce sujet, plus on peut transformer les choses de façon permanente. De plus, du côté du marché de l’art, plus on parle des œuvres de femmes, plus elles prennent de la valeur. Alors en ce début d’année, je vous invite à ajouter ceci dans vos résolutions de 2023: d’aller à la découverte de femmes artistes dans vos régions et d’en parler dans vos cercles.
En terminant, je partage deux liens vers des artistes de la Colombie-Britannique:
Sur ce bon début d’année!
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Sources des notes:
* et *** : « Sur le marché de l’art, les femmes peinent encore à émerger » TV5 Monde, Terriennes, Liliane Charrier, 24 décembre 2021
** et **** : « Women in arts leadership positions » Hill Strategies (Kelly Hill), 13 décembre 2022