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La diète végétalienne est-elle vraiment plus éthique et écologique que les autres?

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Par Joëlle Preston | 15 décembre 2023

Dans notre ère de sensibilisation accrue aux impacts des activités humaines sur l’environnement, les plats et diètes à base de plantes gagnent en popularité. Un thème qui diverge de la mode mais qui reste fidèle à l’esprit de cette chronique, je me suis inspirée de l’article le plus récent de Dominique Liboiron au sujet de la chasse pour explorer la question suivante: la diète végétalienne est-elle vraiment la plus éthique et écologique que les autres?

Au cours de la dernière décennie, les consommateurs ont réduit leur consommation de viande et de produits animaliers principalement par souci de l’environnement et du bien-être des animaux. L’industrie du bétail serait la plus affectée par cette réduction, qui est souvent diabolisée pour ses émissions de gaz à effets de serre (GES). Selon le gouvernement du Canada, les bovins de boucherie et les bovins laitiers seraient responsables de la majorité des émissions de méthane du secteur agricole, ce qui représente 31 % des émissions de méthane totales au Canada. Également, la déforestation est souvent citée comme problème majeur directement lié au bétail: alors que le soja est la cause primaire de déforestation dans le monde, seulement 6% de cette production est destinée à la consommation humaine, tandis que 87 % sert à nourrir les animaux d’élevage. En plus, au-delà des impacts écologiques, la diète végétalienne est souvent considérée être la plus éthique car elle ne cause ni la souffrance, ni la mort d’animaux.

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Bien sûr, il est difficile de justifier une alimentation omnivore comme éco-responsable et morale lorsqu’on prend uniquement en considération la destruction des ressources et les effets des GES dans la production et le transport des produits. Il y a d’autres facteurs qui mènent à différentes conclusions. Les arguments courants en faveur du véganisme se basent uniquement sur les systèmes de productions modernes: des exploitations immenses et délocalisées de monoculture. Les arguments se concentrent sur le moindre mal utilisant des systèmes de production actuels, au lieu de considérer des systèmes de production alternatifs. En d’autres mots, la pensée courante se fixe trop sur les aliments que nous produisons sans considérer comment nous produisons.

Des vaches, par exemple, qui vivent en nature sur une ferme qui pratique la polyculture contribuent à la symbiose d’un écosystème et régénèrent la terre, ce qui préserve la biodiversité et réduit la perte d’habitat. En comparaison, une ferme industrielle de légumineuses qui sèment des graines génétiquement modifiées et emploie des engrais chimiques est beaucoup moins écologique. De plus, du point de vue de la cruauté des animaux, il serait naïf de croire qu’une diète végétalienne ne cause aucune souffrance ou mort: dans les exploitations véganes, d’innombrables rongeurs, insectes, oiseaux, et petites créatures sont tués par l’utilisation de pesticides chimiques ainsi de gigantesques machines agricoles qui labourent et récoltent les champs.

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Tel que discuté dans l’article de Dominique, l’acte de chasser aide à « développer un respect profond du gibier et de l’environnement qui lui permet de vivre », ce qui peut inspirer les chasseurs à vouloir protéger les espèces et leurs écosystèmes. Je crois que ceci s’applique aussi à nos systèmes de production, voir le jardinage et l’élevage. Comprendre d’où provient notre nourriture et choisir de contribuer à des exploitations qui favorisent la préservation des écosystèmes et de toutes leurs espèces nous aide à valoriser ce qu’on mange et l’écosystème sur lequel notre nourriture dépend. Et alors que je comprends très bien que ce n’est pas tout le monde qui a accès à des terres qui lui permet d’entreprendre des élevages ou le jardinage, il y a de nombreuses petites fermes locales qui offrent une variété de produits, tel que des boîtes de légumes saisonniers, des oeufs et de la viande, des endroits où vous pouvez acheter vos aliments au lieu du supermarché.

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Une boîte de légumes saisonniers provenant d’une micro-ferme urbaine à Winnipeg. Source: Baudet Permaculture

Voilà pourquoi je crois que ce n’est pas, par exemple, le simple fait d’élever des vaches qui apportent des problèmes, mais la façon dont elles sont élevées et la distance que la viande doit parcourir pour se rendre au consommateur. 

À mon avis, une alimentation éco-responsable et éthique ne doit pas uniquement se préoccuper des aliments comme tels, mais aussi de leur provenance. La diète la plus écologique et éthique provient d’abord d’une exploitation circulaire et locale qui valorise et rentabilise chaque produit dans son écosystème propre. Ceci réduit les émissions des GES à toutes les étapes de la production.

Une alimentation éco-responsable et éthique cherche à honorer la vie des bêtes en maximisant son utilité et en évitant le gaspillage. Elle cherche à réduire les déchets biologiques à la décharge en redonnant les déchets à la terre. 

Une alimentation éco-responsable et éthique nous rapproche de notre nourriture et la nature,  et ce, au niveau émotionnel et physique, que ce soit par la chasse, le jardinage ou en se procurant ses aliments dans des fermes locales. Tous ces gestes nous aident à développer un respect pour ce que l’on mange et pour l’environnement dont notre nourriture dépend.

 

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