Divertir, Découvrir, Enrichir
WebOuest Journée nationale de la vérité et de la réconciliation: les séquelles qui persistent
Les Montagnes

Journée nationale de la vérité et de la réconciliation: les séquelles qui persistent

Par Nathalie Lopez | 3 octobre 2022
Vendredi dernier a eu lieu la deuxième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation qui nous invite à prendre le temps de réfléchir et se sensibiliser sur l’histoire du système colonialiste de pensionnats autochtones ici au Canada, mais par dessous tout de prendre conscience de comment les séquelles de ce système perdurent aujourd’hui et surtout à réfléchir au rôle qu’on a en tant que société afin de prendre des actions concrètes pour faire progresser la réconciliation.

Pour commencer, il est important de noter que cette journée a vu le jour grâce aux recommandations portée par le rapport issu de La Commission de vérité et réconciliation, commission qui a eu lieu de 2010 et 2015.  Auparavant, cette journée était aussi connue comme la « Journée du chandail orange » en raison des chandails orange portés par les militants de la défense des droits des peuples autochtones quand cette journée a d’abord commencé à être commémorée en 2013.

Ce ne sont pas toutes les provinces qui observent cette date comme un jour férié mais toujours est-il qu’il est notre devoir de se conscientiser des séquelles qui perdurent encore dans la société actuelle. Plus spécifiquement les séquelles sont plus significatives dans la vie des femmes autochtones car les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones sont cinq fois plus susceptibles de subir de la violence que le reste de la population au Canada, le nombre le plus élevé de cas étant dans la province de la Colombie-Britannique. C’est aussi dans cette province qu’on a découvert pour la première fois les restes de 215 enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone près de Kamloops. Par après se sont ajoutées plusieurs autres douloureuses découvertes. Sur 11 sites recensés, le bilan s’élève à près de 1800 tombes non marquées à travers le pays;, il reste plus de 72 pensionnats ou aucune démarche a été faite pour mener des enquêtes sur les terrains. 

Il faut aussi souligner que le racisme systémique envers les personnes autochtones perdure encore de nos jours, plus particulièrement dans la sphère de la santé. La mort de Joyce Echaquan au Québec a démontré clairement que le racisme systémique est encore fort répandu dans notre système de santé, et que ce racisme tue.

De plus, il faut aussi savoir que le gouvernement du Canada est responsable de la stérilisation forcée d’environ 1150 femmes autochtones dans des hôpitaux à travers le pays sur une période de 10 ans, et ce, jusqu’au début des années 1970; mais ce qui est encore plus déchirant, c’est que ces pratiques ne sont pas choses du passé. À la suite d’un rapport mandaté par un comité sénatorial des droits de l’homme, le comité dit avoir connaissance d’un cas de stérilisation forcée aussi récent qu’en 2019. 

La présidente du comité sénatorial des droits de la personne en question, Salma Ataullahjan, a déclaré que le gouvernement fédéral devait étudier la question plus en profondeur: « La prévalence de cette horrible pratique est à la fois sous-rapportée et sous-estimée ». 

Malgré le fait que ce ne sont pas des données faciles à digérer, ni à comprendre, nous devons continuer à nous sensibiliser sur la réalité du passé coloniale du Canada et les séquelles qui persistent, car c’est seulement à travers l’éducation et la prise de conscience qu’on arrivera à changer la société de demain. Déjà un panorama positif se dessine avec le fait notable qui démontre que les femmes autochtones ont réalisé des progrès significatifs à tous les niveaux du système d’éducation. En 2016, 14 % des femmes autochtones de 25 à 64 ans étaient titulaires d’un baccalauréat et 52 des femmes autochtones de 25 à 64 ans détenaient un titre d’études postsecondaires.*

Ce sont ses femmes qui mèneront la société de demain et qui seront en position de prise de parole et de pouvoir afin que jamais ces injustices se répètent.

Pour plus d’information et afin de vous sensibiliser davantage sur le sujet prenez le temps de lire le rapport final de l’Enquête nationale sur les Femmes et les Filles Autochtones Disparues et Assassinées ici: https://www.mmiwg-ffada.ca/fr/

Je vous conseille aussi de visionner les films suivants faits par des réalisatrices autochtones que j’admire profondément:

▶︎ Je m’appelle humain, la cinéaste abénakise Kim O’Bomsawin;

▶︎ Rustic Oracle de la  réalisatrice d’origine mohawk,Sonia Bonspille-Boileau;

▶︎ Beans de Tracey Deer.

(Entre de nombreux autres films aussi percutant les uns que les autres.)

Les survivants des pensionnats pour Autochtones et leur famille peuvent aussi appeler en tout temps la ligne d’écoute téléphonique nationale concernant les pensionnats pour Autochtones au 1-866-925-4419.

*Statistique Canada ▶︎ https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2021001/article/00009-fra.htm

La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.