Comparée à la Journée internationale des droits des femmes célébrée tous les 8 mars à l’échelle mondiale, la JIFA, très peu connue, se tient tous les 31 juillet de chaque année. Cette Journée est associée à Aoua Keïta, icône du militantisme féminin au Mali. Elle fut la figure de proue de la première rencontre du 31 juillet 1962 qui a fini par donner naissance à la JIFA. Réunies à l’occasion pour créer l’Organisation Panafricaine des Femmes, leur but à cette époque-là était d’unir leurs forces afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et à l’émancipation de la femme africaine.
Plusieurs années plus tard, le but reste le même car même si le contexte est différent, il n’en demeure pas moins que la femme africaine fait face à des discriminations en fonction de son lieu de vie. Au Canada ou en Europe, elle est victime de racisme ou d’injustices socio-économiques. En Afrique, c’est l’inégalité de genre, le manque d’éducation, etc.
La JIFA est devenue pour beaucoup de femmes leaders et d’organismes féministes de la diaspora et en Afrique, un cadre d’échanges ou un instrument pour lever un coin du voile sur les réalités vécues et en appeler au changement.
À Toronto, un organisme afro-canadien dénommé Akwaba Community en est à sa deuxième célébration de la JIFA, ayant attiré ainsi l’intérêt de Radio-Canada sur le sujet. Du côté du Québec, le Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde (RAAM) organise aussi des festivités à l’occasion de cette Journée. Dans les années à venir d’autres organismes ici au Canada pourraient se joindre à cet élan pour donner plus de poids à cette Journée. En 2016, près de 1,2 million de personnes au Canada ont déclaré être noires. Selon les chiffres de Statistique Canada publiés dans le contexte du mois de l’Histoire des Noirs, la population noire a doublé entre 1996 et 2016 et représente 3,5 % de la population totale du Canada. Elle pourrait s’établir à plus de 5 % d’ici 2036.
Le point qui manque à la majorité des célébrations internationales ou mondiales, c’est le manque de suivi dans la mise en œuvre des résolutions qui en ressortent, ou de ce qui devraient être des solutions. On a très souvent l’impression que le temps s’arrête jusqu’à la prochaine édition. Parfois, la seule nouveauté est juste un nouveau thème. Mais au fond, le problème demeure et la situation a très peu changé. Je me demande souvent si toutes ces journées ne servent pas qu’à meubler les colonnes de l’actualité. En tant que leader communautaire, je cautionne toutes les causes associées à ces journées. Ce que je veux relever plutôt, c’est la nécessité de l’action, du changement de la part de tous les acteurs : gouvernements, organisations et individus. Nous devons aller plus loin en agissant en faveur des causes mises en relief au travers de chacune de ces Journées.