Divertir, Découvrir, Enrichir
WebOuest Qu’est-ce que c’est que le féminisme intersectionnel?
Les Montagnes

Qu’est-ce que c’est que le féminisme intersectionnel?

Par Nathalie Lopez | 14 mars 2022
Pour cet article je vous invite à me joindre dans l'exploration d' une notion plus complexe liée au féminisme, mais ne craignez rien, on va faire ça en douceur. La notion en question est celle du féminisme intersectionnel. Pour simplifier un peu cette exploration on va commencer par définir en premier lieu ce qui est l’intersectionnalité.

L’intersectionnalité est un terme utilisé en sciences sociales pour désigner une situation où des individus qui subissent plusieurs formes de discriminations et oppression, dans un même temps. Ces dernières peuvent être fondées notamment sur la race, le genre, la classe sociale, l’orientation sexuelle, la capacité physique et l’âge, entre autres.

Le féminisme intersectionnel est donc un féminisme qui prend en compte toutes les discriminations que peuvent subir les femmes et qui permet une analyse qui ne dissocie pas les luttes des femmes qui vivent au croisement de plusieurs oppressions. 

 

Les origines de ce concept

 

La notion de féminisme intersectionnel à vu le jour dans les années 70 au sein des mouvements afro-féministes qui dénonçaient à l’époque un féminisme orienté uniquement autour de la femme blanche, de classe moyenne/bourgeoise et éduquée. 

C’est l’auteure et activiste féministe afro-américaine Gloria Watkins, connue sous son pseudonyme bell hooks, qui est considérée comme la fondatrice du féminisme intersectionnel. Le travail de bell hooks déplore l’absence de considération des oppressions subies par les femmes racisées et issues de milieux défavorisés dans les débats féministe de son époque. Ses ouvrages, considérés comme des piliers de l’afro-féminisme, lèvent le voile sur le fait que les femmes noires aux États-Unis sont assujetties non seulement au sexisme mais qu’elles font aussi face à une combinaison d’oppressions qui s’intersectent, plus spécifiquement le racisme, le capitalisme et le classicisme. 

Mais ce n’est qu’une décennie plus tard que la juriste américaine Kimberlé Williams Crenshaw utilise ce terme pour la première fois. Pour elle l’intersectionnalité est expliquée par le croisement de différentes formes d’opressions, notamment des femmes noires ayant « des caractéristiques raciales, sociales, sexuelles et spirituelles qui lui font cumuler plusieurs handicaps sociaux et en font la victime de différentes formes de discrimination ».

 

WebOuest
Femmes noires durant une manifestation de Black Lives Matter. Crédit photo: Life Matters de Pexels

 

Pourquoi cette approche est-elle si importante?

 

Le féminisme intersectionnel gagne du terrain depuis son apparition et prend une place de plus en plus importante dans les débats féministes. On comprend désormais qu’on ne peut pas s’attaquer seulement à un système d’oppression, mais qu’il faut plutôt s’attaquer à leur ensemble et de façon simultanée afin de permettre une lutte inclusive pour toutes les personnes faisant face à une pluralité de discriminations. 

 

Qu’est ce que tout cela veut dire dans le concret?

 

Cela se traduit dans des approches et des initiatives en cadre d’intervention par exemple, qui prend en compte des facteurs qui font en sorte que les femmes ne sont pas toutes égales entre elles et que certains groupes de femmes, telles que les femmes autochtones et les femmes de la communauté LGBTQ2+, ont été réduites au silence, à l’invisibilité, ou encore marginalisées au sein des structures et des mouvements sociaux. Afin de contrer les effets négatifs que cette approche a pu avoir, les différents organismes œuvrant auprès des femmes reconnaissent maintenant que les programmes et les initiatives doivent cibler les différents besoins des femmes en situation de vulnérabilité en tenant en compte de la légitimité de leur expertise sur leur propre cas.

Et surtout et avant tout, la beauté de cette approche réside dans la prise de conscience des différents systèmes d’oppression et de dominance. En prenant conscience de ces systèmes, on est mieux équipé.es pour réaliser que certain.es d’entre nous avons plus de privilèges que d’autres et que pour être un.e vrai.e allié.e dans ce mouvement, il faut savoir écouter, céder la place aux femmes moins privilégiées et s’éduquer davantage sur les réalités de ces femmes qui partent de très loin dans la course à l’équité.

Sur ce, je vous laisse avec quelques statistiques qui illustrent bien les effets de différentes formes d’oppression et je vous encourage fortement à adopter un féminisme intersectionnel et à lutter contre des oppressions qui ne vous affectent pas forcément pour s’assurer que toutes les femmes soient libérées!

“En 2018, une femme gagnait 87 cents pour chaque dollar gagné par un homme, selon une étude de Statistique Canada. Et selon la Fondation canadienne des femmes, une femme autochtone ne serait payée que 0,65 $ sur ce même dollar.”

“Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones sont cinq fois plus susceptibles de subir de la violence que le reste de la population au Canada.” *

Les SOURCES

La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.