Salle de cinéma vue par un objectif réduit. crédit photo: Tima Miroshnichenko de Pexel
Qui dit temps des Fêtes dit bien sûr temps pour soi. Pourquoi ne pas se mettre à jour avec les films sortis récemment? Je vous propose un film féministe.
Je vous suggère fortement d’aller voir sur grand écran – si le film est encore disponible au cinéma dans votre région- le thriller horrifique «The Substance» de la réalisatrice française Coralie Fargeat, qui met en vedette Demi Moore. Je ne veux pas vous induire en erreur et vous dire que c’est le genre de film qui normalement fait partie de notre liste de films aux temps de Fêtes. Il est très loin d’être un film paisible qui fait chaud au cœur. Au contraire!
Avis aux cœurs sensibles, mieux s’abstenir, car le film est rempli de scènes sanglantes, d’horreur corporelle, qui ne laissent personne indifférent. D’ailleurs, quand je suis allée le voir au cinéma, au moins trois personnes sont parties ne pouvant supporter tant de gore. C’est aussi ce qui s’est produit lorsque le film a été présenté en compétition officielle à Cannes en mai 2024. «The Substance», qui a remporté le Prix du scénario, ne se gêne pas du tout à plonger le spectateur dans des scènes très dérangeantes.
Le film est une critique puissante sur l’obsession de la société avec le corps de la femme. Plus précisément l’idée que la beauté d’une femme est étroitement reliée à sa jeunesse. Pour ce faire, le film choisit de mettre en protagoniste Elizabeth Sparkle (Demi Moore) une actrice dans la cinquantaine qui se fait remercier de l’émission qu’elle animait depuis des décennies. Jadis la chouchou des producteurs et la grande vedette d’Hollywood, son producteur décide qu’elle est désormais trop vieille pour l’émission et cherche à la remplacer par du «sang neuf». Dégoûtée et surtout insultée, Elizabeth est prête à tout pour retrouver sa jeunesse. Elle accepte donc l’offre d’une mystérieuse entreprise qui lui propose de s’injecter un sérum qui produit une version plus jeune d’elle-même, incarnée par un double baptisé Sue.
Mis à part les moments où le film nous inflige le mal de coeur et crée des moments très malaisants, il soulève des questions très importantes que seulement une scénariste/réalisatrice féministe oserait poser. «L’idée du film m’est apparue quand j’ai commencé à réfléchir sur la violence que j’ai ressentie en tant que femme au-delà de la quarantaine, en me disant que j’allais soudainement disparaître et ne plus avoir ma place dans la société», a expliqué Coralie Fargeat lors de la conférence de presse du Festival de Cannes.
Personnellement, en étant une femme dans la quarantaine qui travaille dans les médias, je ne peux malheureusement qu’être d’accord avec ces propos. C’est d’ailleurs le fait de retrouver Demi Moore sur le grand écran qui m’a amenée au cinéma! Car non seulement il est rare de voir des protagonistes femmes à l’écran au-dessus de la quarantaine, il est d’autant plus rare qu’on soulève ce genre de questionnement qui se veut une auto-critique de l’industrie.
Pour ces raisons, j’ai toughé mon mal de cœur et je vous encourage à en faire autant. Je vous promets que l’investissement en vaut la peine, car même si les moments malaisants sont nombreux, parfois la fin justifie les moyens. Alors bon cinéma et surtout un paisible et joyeux temps des Fêtes!
