Je me souviens comme si c’était hier de la première fois que j’ai vu une orchidée sauvage. Lors d’une fin de semaine canot-camping, alors que mon ex-partenaire et moi cherchions sur quelle petite île nous allions planter la tente, nous sommes tombés nez à nez avec des cypripèdes œuf-de-passereau. Mon cœur était conquis! Jusqu’à ce jour, j’adorais les orchidées que je trouvais chez mon fleuriste local, mais elles venaient d’être remplacées par les orchidées indigènes.
Terrestres, les orchidées indigènes poussent sur tous types de terrain. La plupart sont discrètes et passent facilement inaperçues. Il faut dire que beaucoup se développent dans des zones marécageuses isolées ou des tourbières, lieux où les moustiques sont aussi les plus voraces. De quoi décourager beaucoup de monde. Seules restent les personnes curieuses et passionnées. Depuis ma découverte, je fais partie de cette deuxième catégorie.
Équipée de mon antimoustique, de ma bombe poivrée et de mon appareil photo, chaque printemps, je pars à l’assaut de ces minuscules patchs de fleurs.
Au Canada, il existe 74 espèces d’orchidées indigènes. Si l’Ontario culmine avec 62 différentes variétés, les territoires ne déméritent pas pour autant: 19 pour les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, 13 pour le Nunavut.
Aucune n’est aisée à trouver. Savoir où et quoi chercher ne suffit pas, encore faut-il pouvoir accéder à leur lieu de vie. Il semblerait que seulement une dizaine soit « facilement » observables au territoire.
Cinq ans que je les cherche, de la mi-mai à la fin juin, et à ce jour, j’en ai trouvé six différentes! Je ne vous dévoilerai pas les endroits précis où je les ai trouvées. Mais si l’envie vous dit de partir à leur rencontre, je vous dirai simplement que la zone des Hidden Lakes en regorge.
Si vous allez plus au Nord, vers la fin juin, allez faire un tour à Orchids Acres, un sentier aménagé de deux kilomètres qui vous permettra d’observer des centaines de cypripèdes tachetés. Je n’ai malheureusement jamais pu y aller à la bonne saison, même si une fois, avec mon ex-partenaire, nous avons failli faire l’aller-retour dans la journée… mais bon, 1 050 kilomètres juste pour une fleur, nous avons fini par écouter notre raison!
Au risque de paraître plate, plusieurs règles de base sont à appliquer pour la survie des orchidées indigènes. Je me sens privilégiée de pouvoir observer ces magnifiques fleurs sauvages juste derrière la maison et j’aimerais que tout le monde puisse en profiter… dans le respect de leur environnement fragile.
🔸 Si vous partez en petits groupes, marchez en file indienne pour minimiser l’endommagement de l’habitat. Mais s’il y a un sentier, restez sur le sentier!
🔸 Regardez où vous posez les pieds au risque d’en écraser plusieurs, surtout lors de vos premières sorties, quand vos yeux ne seront pas encore aguerris.
🔸Marchez prudemment. Le système racinaire des orchidées indigènes est sensible. Ses relations symbiotiques avec les champignons du sol peuvent être endommagées par les vibrations des pas.
🔸 Laissez-les dans la nature! Elles se développent dans des habitats qui répondent parfaitement à leurs besoins et ne survivent pas à leur déplacement ailleurs.
Pour vous aider à identifier les orchidées sauvages, vous pouvez consulter le site iNaturalist.ca. Le ministère de l’Environnement du gouvernement du Yukon y a ajouté la flore yukonnaise.
Pour étendre vos connaissances sur d’autres fleurs, la brochure Les fleurs en bordure de route au Yukon est un bon point de départ. Vous pouvez aussi surveiller cette page Internet qui propose des activités encadrées par des biologistes pour découvrir la nature sauvage du Yukon. Chaque année, une sortie aux orchidées indigènes est organisée!
Le mot de la fin? Ne prenez que des photos! Ne déterrez pas les orchidées, ne les cueillez pas, et émerveillez-vous devant leur majestuosité.