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WebOuest Le canot, une autre façon de découvrir le Yukon
Calme, la rivière Takhini est idéale pour les premières expériences de canot-camping. Crédit: Kelly Tabuteau

Le canot, une autre façon de découvrir le Yukon

Par Kelly Tabuteau | 13 mai 2023
J’ai longtemps détesté faire du canot. Je trouvais l’activité ennuyeuse, car trop calme à mon goût… Il ne se passait rien pendant plusieurs heures. Il faut dire que pour moi, le canot, c’était se rendre sur un lac pour pêcher le dîner du soir. Mais petit à petit, je me suis laissé séduire par la quiétude qui m’envahit quand je suis sur l’eau et j’ai découvert le Yukon sous un tout autre angle.

Apprendre les bases

C’est un fait: je suis une femme de terre! C’est donc sur le tard que je me suis essayée au canot. J’avais bien fait un peu de pédalo ou de kayak de lac dans mon adolescence, mais rien n’avait vraiment créé de passion pour les activités nautiques.

Quand je suis arrivée au Yukon, le territoire aux mille lacs comme j’aime l’appeler, me mettre à l’eau a presque été un incontournable. Et ça tombait bien, car mon partenaire de l’époque était un avide canoteur, autant pour pêcher que pour descendre le fleuve Yukon. Je m’y suis donc mise tant bien que mal: à l’avant du canot (à la proue donc), mon ami à l’arrière pour diriger le bateau. 

Pas vraiment convaincue par l’activité, j’ai décidé de m’inscrire à un cours d’apprentissage des techniques basiques de pagaie – Intro aux eaux en mouvements, plusieurs sessions étant  offertes au printemps, dont une réservée aux femmes francophones – et mon regard sur l’activité a complètement changé! J’y ai appris les différents coups de pagaie, aussi bien si je suis positionnée en proue ou en poupe du canot, pour manier l’embarcation, pour traverser une rivière, pour sortir du courant… Et j’ai trouvé ça super intéressant, tellement même, que c’était moi qui proposais les nouvelles sorties en canot.

Finalement, c’était ma méconnaissance de la discipline qui faisait que je ne l’aimais pas.

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Mes chiennes m’accompagnent aussi en canot. Depuis cette « vieille » photo, nous avons investi dans des gilets de sauvetage pour elles afin qu’elles soient autant en sécurité que nous. Crédit : J. G.

Organiser de courtes sorties

Une fois les bases posées, je suis retournée plusieurs fois sur des lacs avec des proches pour pratiquer les techniques apprises et les maîtriser au mieux avant de nous aventurer sur des rivières calmes.

Notre première sortie a été sur le mythique fleuve Yukon, du centre-ville de Whitehorse à la jonction de la rivière Takhini, une sortie d’une vingtaine de kilomètres qui nous a permis d’apprécier la nature entourant la capitale du Yukon. Dès la sortie de la ville, des pygargues à tête blanche étaient posés ça et là sur des branches alors que d’autres survolaient les falaises nous entourant.

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Au printemps, les pygargues à tête blanche peuvent aussi être observés sur les rives gelées de lacs, comme ici sur le lac Schwatka. Crédit: Kelly Tabuteau

Une fois dans le canot, nous avons profité de notre sortie, même si les préparatifs n’ont pas été de tout repos. Faire du canot sur un fleuve demande un peu de logistique et d’organisation avec le stationnement des véhicules. Certaines compagnies locales de location de canots l’ont d’ailleurs compris et peuvent simplifier la tâche avec leurs services de navettes.

Les journées canot se sont ensuite enchaînées, sur d’autres portions du fleuve Yukon, du barrage de Marsh Lake au lac Schwatka en passant par le canyon Miles; des portions de la rivière Takhini qui évitent les rapides Jaws of Death… D’ailleurs, dans ces endroits plus sauvages, et quand la faune s’est montrée coopérative, nous avons pu observer des ours, des orignaux, des loutres, des castors, des coyotes et des renards.

Essayer le canot-camping

Après des journées passées assise dans un canot, j’ai eu envie d’essayer le fameux canot-camping. Pour mes premières expériences, nous avons fait simple: un lac avec des mini-îles où installer la tente le soir venu, et c’était juste parfait! Les lacs Snafu, Tarfu et Fox sont de bons endroits pour ce type de sortie.

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Les longues journées estivales offrent de jolies couleurs! Crédit: Kelly Tabuteau

Ces quelques expériences m’ont permis d’appréhender le paquetage d’un canot pour une nuit dans la nature. L’avantage, en comparaison de la randonnée pédestre, c’est que les bagages peuvent être beaucoup plus lourds: exit le déshydraté, bonjour la raclette! Pour une nuit, nous avions mis nos affaires dans des sacs étanches; pour plusieurs jours, je conseille vivement la location de barils étanches qui assurent une meilleure répartition du poids dans les canots.

Et après?

L’étape suivante sera de se lancer sur des rivières calmes, sur plusieurs jours. Pour ce type de sortie, la préparation est primordiale: étudier une carte de la rivière, vérifier le niveau d’eau actuel et les obstacles éventuels, organiser la logistique de transport, ou encore avoir les connaissances pour vivre dans l’arrière-pays (monter un campement au pays des ours, appliquer les principes du Sans trace, etc.).

Dans les itinéraires conseillés pour les novices, on retrouve la descente du fleuve Yukon, de Whitehorse à Dawson en deux semaines (il existe néanmoins quelques difficultés le long du parcours, notamment la traversée du lac Laberge ou les rapides Five Fingers), ou encore le parcours plus populaire de Carmacks à Dawson en sept jours; la rivière Nisutlin près de Teslin en sept jours; ou bien la rivière Takhini, du débarcadère de Mendenhall à la jonction avec le fleuve Yukon, en trois jours.

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Être sur l’eau permet de découvrir le Yukon sous un angle complètement nouveau. Le canot rend aussi accessibles de nombreuses montagnes pour des randonnées inédites! Crédit: Kelly Tabuteau

Et maintenant, après tout ça, je songe à m’inscrire à d’autres leçons pour mieux appréhender les rapides et me lancer sur des rivières plus exigeantes. Dans tous les cas, si une personne de votre groupe ou vous-même doutez de vos capacités, je ne peux que vous recommander de faire appel à un ou une guide. Cette personne vous aidera pour la logistique et le camping en milieu sauvage, mais aussi vous orientera à travers la moindre difficulté du parcours.

Au Yukon, la communauté des canoteurs et canoteuses est très ouverte. De nombreuses informations peuvent être trouvées sur le groupe Facebook Paddling in Yukon. Après vos recherches, vous pourrez même y poser des questions pour peaufiner votre expédition!

Bon canot et n’oubliez pas votre dispositif individuel de flottaison!

 

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