Dans mon article précédent sur les Goulet, j’ai mentionné l’oncle d’Elzéar Goulet, Moïse Goulet qui, comme son neveu, a souvent emprunté la route commerciale entre Winnipeg et Saint-Paul au Minnesota. Louis Goulet est le fils de Moïse et de Marie Beauchamp. Né dans le sud du Manitoba en 1859, Louis Goulet a suivi les traces de son père et s’est distingué dans le commerce des biens, dont les fourrures, un métier que l’on appelait traiteur. À l’image des Métis de son époque, cet homme fort d’un mètre 90, ancien boxeur, chasseur de bison, parcourt de longues distances pour pratiquer divers métiers dont celui de guide et interprète pour la toute nouvelle police montée canadienne et pour l’Armée américaine. Les contrées du Montana, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de son Manitoba natal n’ont pas de secrets pour lui. Il a vécu des aventures parfois dangereuses, comme en 1881 lorsqu’il a été blessé d’une flèche à la jambe lors d’une altercation armée entre les guerriers Sioux de Tatanka Yotanka (Sitting Bull) et des compatriotes métis. Il a connu Louis Riel et Gabriel Dumont. En 1885 au moment de la Résistance du Nord-Ouest, il s’est trouvé encore une fois, bien malgré lui, au milieu d’une altercation au village de Lac Grenouille (Frog Lake) en Alberta. Les Autochtones de la région, affamés et frustrés par les maigres rations alimentaires accordées par l’agent du gouvernement, ont tenté de négocier avec ce dernier, mais les discussions ont mal tourné et neuf personnes ont été tuées parmi les villageois.
Après ces événements, Louis Goulet a travaillé au transport de marchandises dans les plaines canadiennes. Il a commencé à perdre la vue en 1893, ce qui l’a forcé à prendre sa retraite vers 1900 et à s’installer dans un foyer à Portage-La-Prairie au Manitoba jusqu’à sa mort en 1936. C’est au cours de ces années de désœuvrement que le Métis Guillaume Charette a recueilli le récit de sa vie que l’on retrouve dans le livre L’Espace de Louis Goulet.
L’une des branches des Goulet dans l’Ouest est originaire de la Beauce au Québec. Né dans cette belle région au sud de Québec, Pierre-Damase Goulet a déménagé au Manitoba au début du XXe siècle avec son épouse, Adèle Tardif. Leur nièce, Denise Goulet s’était aussi installée au Manitoba.
Si Damase et Adèle vivaient à Saint-Boniface, ils avaient aussi une terre à South Junction près de la frontière canado-américaine. Damase y passait beaucoup de temps, lui qui était bûcheron et fermier et qui pratiquait aussi l’acériculture. La ferme de Damase Goulet appartient aujourd’hui à ses arrière-petits-neveux, Georges, Pierre et Victor Gobeil.***
Damase était connu aussi pour ses dons de guérisseur. George Gobeil m’a raconté l’anecdote suivante à propos de son ancêtre. Vers l’âge de douze ans, Mathias, le petit-neveu de Damase, se coupe une main en bûchant du bois. Le médecin voulait l’amputer, car à son avis, elle était trop abîmée pour guérir. Mathias a refusé et il a consulté son grand-oncle Damase qui a si bien guéri sa main qu’il ne lui restait pas une seule cicatrice!
Les parents du jeune Mathias, Denise Goulet et Joseph Alphonse Gobeil ont déménagé au Manitoba en 1906 avec une smala de dix enfants! Cinq autres enfants sont nés de cette union à Saint-Boniface et en 1916, la famille s’est installée à South Junction, tout près de la ferme de Damase.
Ce don de guérison, c’était dans l’ADN des Goulet car l’une des nièces de Damase, Marie-Élise Goulet était aussi guérisseuse. Une biographie à son propos a été écrite en 1936 (introuvable aujourd’hui) raconte l’histoire de cette mère très pieuse de quinze enfants et de son époux Jean Lafontaine qui sont restés dans la Beauce toute leur vie.
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* The English (Les Étrangers en version française) est une série télévisée de six épisodes avec Emily Blunt et Chaske Spencer, disponible sur Prime Vidéo. Le journal Indian Country Today propose un excellent article (en anglais) sur le processus du créateur de cette série, le Britannique Hugo Blick, pour s’assurer de refléter avec exactitude la culture et l’histoire du peuple Pawnee.
** Voici le lien pour consulter les archives de La Liberté en ligne.
*** Un merci du fond du cœur à Janine Gobeil et son père George qui m’ont fourni de précieux renseignements sur leurs ancêtres de South Junction.