
Je regarde par la fenêtre de mon salon. Au sommet des arbres, les feuilles portent un teint de lumière dorée en raison du soleil qui baisse. Il est temps. J’attends depuis cet après-midi que la lumière perde son intensité de plein jour. Vers la fin de la journée, la lumière s’adoucit et s’apprête bien à la photographie. Je prends ma caméra et j’ouvre la porte. Il est temps de baroder…
En sortant de chez moi, je n’ai aucune idée d’où je vais aboutir. J’ai une idée générale de l’endroit où je vais me rendre en premier, mais je reste toujours ouvert à l’exploration.
La lumière douce de fin de journée flatte cette voiture Plymouth. En arrière-plan, nous voyons des lumières qui décorent une maison. J’aime le contraste entre la couleur chaude des lumières et le bleu serein de l’auto.
La journée tire à sa toute fin et en lisant les nuages, je suis certain que le coucher du soleil sera spectaculaire, mais je dois marcher vite. Je suis dans un quartier résidentiel et les arbres bloquent le ciel. Il me faut une vue plus ouverte du ciel.
Cinq minutes plus tard, je ne suis plus dans le quartier. J’ai fui la voûte d’arbres. Debout le long d’une large rue, je vois bien le ciel et les nuages écarlates. À la place des arbres, il y a des lampadaires qui ressemblent à des girafes dans une espèce de savane urbaine.
Sans une vue claire du ciel, il est difficile de capter des couchers de soleil. L’abondance de lampadaires donne du cachet à l’image.
Parfois, une photo me donne des idées pour une autre photo. Par exemple, un coucher de soleil me donne des idées pour en capter d’autres. Si un élément d’une photo est haut dans le ciel, comme les lampadaires, j’essaie parfois de faire le contraire; c’est-à-dire de prendre une photo au ras du sol.
Les rails brillent comme les nuages colorés.
Bien que je me promène souvent au hasard, certains lieux captent mon intérêt et j’y retourne souvent. Le bureau de poste de Lethbridge, à environ 220 kilomètres au sud de Calgary, compte parmi ces endroits; le jardin japonais aussi. Ils se trouvent à quelques minutes de marche de chez moi.
Construit en 1913, le bureau de poste à Lethbridge est un symbole de la ville. Son architecture et la manière dont l’édifice brille sous l’effet du soleil couchant m’incitent à prendre des photos.
La cloche du jardin japonais de Lethbridge est de style bouddhiste alors il n’y a pas de battant à l’intérieur. Pour la sonner, nous la frappons avec la poutre de bois.
Mais je ne me barode pas seulement à pied. Mon camion sert aussi à cela. Je peux conduire ici et là pendant des heures. En ville, j’explore les ruelles ainsi que les quartiers pauvres tout comme les quartiers riches; tous ont leur charme. Sur l’autoroute, je conduis lentement pour m’assurer de ne pas rater des photos et je fais un détour pour explorer les villages à moitié abandonnés. J’arrête pour regarder les croix qui marquent les victimes d’accidents d’automobiles.
Cette croix se trouve le long de l’autoroute qui mène à la réserve des Gens-du-Sang à deux heures au sud de Calgary.
Je ne me limite pas aux autoroutes. Les chemins de gravier et même les sentiers en terre battue m’attirent. Une fois, j’ai suivi un sentier qui mène à la frontière américaine. J’étais en pleine campagne à la recherche de l’endroit où où trois ans auparavant, quelqu’un que je connais avait sauté la clôture pour prendre un « selfie » rapide aux États-Unis. J’ai trouvé la place et j’ai pris des photos.
Quelqu’un a placé ce cœur en fil de fer barbelé sur la clôture qui sépare le Canada des États-Unis. Ce genre de découverte inattendue est comme un petit trésor pour moi et me motive à me promener un peu tout partout à la recherche de photos.
Bien sûr, qui dit campagne dit photographie rurale. Dans l’Ouest canadien, cela sous-entend des fermes abandonnées, de vieilles autos délaissées et des cimetières. Je les explore tous. J’en profite souvent pour prendre des photos en noir et blanc.
D’habitude, la photographie de fermes abandonnées est un passe-temps solitaire, mais parfois nous rencontrons d’autres passionnés qui partagent notre intérêt.
Souvent, de vieilles voitures traînent dans la cour des fermes désuètes. La photographie en noir et blanc ressort la texture du métal et de la peinture grugés par le temps.
Cette fosse se trouve dans un cimetière au ras de la frontière du Montana et de l’Alberta. Le noir et blanc aide à faire ressortir l’essentiel d’une image.
Un des grands plaisirs de la photographie en campagne est le contact avec les animaux sauvages. Par exemple, si je vois des chevreuils je les approche furtivement pour ne pas les effrayer. C’est important de ne pas être bousculé par le temps lorsqu’on se barode en campagne. Sinon, on bouge trop vite et les animaux se sauvent.
Les rayons de soleil frappent le ruisseau à l’angle juste et l’eau brille avec splendeur autour de la biche.
Des moments comme celui-ci expliquent bien pourquoi j’aime baroder.
Comme de raison, je ne prends pas des photos en noir et blanc seulement en campagne. J’en prends également beaucoup en ville. Par contre, je capte souvent ces images en format brut (format RAW) si jamais je décidais d’en faire des images couleur.
Les deux rues indiquées sur les panneaux se trouvent à Maple Creek en Saskatchewan, à environ 380 kilomètres à l’ouest de Régina.
Une section du cimetière St-Patrick à Lethbridge est réservée à la communauté chinoise.
Par hasard, le soleil était au bon angle pour transmettre la silhouette de l’enseigne. Ce genre de circonstance fortuite me convainc que je devrais baroder.
Quand je me promène, je recherche des pancartes qui annoncent des événements sportifs que j’aimerais prendre en photo comme ce combat de boxe.
Qu’est-ce que ça me donne de baroder? D’abord, j’aime le moment présent et l’intensité que je ressens et, ironiquement, quand j’ai fini, je me sens calme et en paix. J’aime aussi découvrir et trouver des endroits intéressants. Surtout, j’aime les photos qui en ressortent.
Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.