« Dans mon cas, ce n’est jamais très clair, commence Alodie Larochelle dans un éclat de rire, tout comme mon genre, qui varie au gré des jours. » Selon la principale intéressée, une chose à retenir au sujet des personnes asexuelles est qu’il existe une panoplie d’attirances au sein même de l’asexualité. « Par exemple, on peut être attiré romantiquement, intellectuellement et visuellement, mais pas sexuellement, envers une personne. Ce qui est différent d’une personne sexuelle typique, qui sera attirée sexuellement envers une personne qu’elle juge attirante. »
Les possibilités d’attirances et d’orientations sexuelles sont souvent décrites sur un spectre. Or, pour Alodie Larochelle, cette comparaison est trop simple, voire réductrice. « Un spectre, c’est un concept mathématique linéaire. Je suis désolée, mais mon identité de genre et mon identité sexuelle ne se concentrent pas sur une ligne droite. Ces identités se retrouvent plutôt au milieu d’une vaste nébuleuse floue, et elles varient ! » En guise d’exemple, elle explique que certains jours, elle peut ressentir de l’attirance romantique et même peut-être sexuelle pour quelqu’un. « D’autres jours, la simple idée d’avoir quelqu’un dans mon lit me répulse. »
Dans cet esprit, pas besoin de chercher de midi à quatorze heures pour comprendre que la situation d’Alodie complique grandement les choses lorsque vient le temps de courtiser (flirter). « On me dit souvent que si je suis asexuelle, c’est parce que je n’ai pas trouvé la bonne personne. C’est peut-être vrai, mais je n’ai aucune envie de tester cette théorie », tranche-t-elle.
Il importe de mentionner que l’asexualité n’a commencé à être reconnue comme une orientation sexuelle que récemment, soit lors de la Conférence des droits de l’homme de la WorldPride, à Madrid le 28 juin 2017. Depuis, l’asexualité suscite l’intérêt de la communauté scientifique. Certaines études contestent même l’idée que l’asexualité soit une orientation sexuelle à part entière.
« Il y a des études qui avancent que l’asexualité est le résultat d’un traumatisme. Dans mon cas, j’ai bel et bien vécu un viol en tant que jeune adulte. Or, je n’avais pas d’attirance sexuelle bien avant cet événement », rétorque Alodie Larochelle. Elle insiste. « On n’est jamais trop jeune pour savoir qu’on est une personne asexuelle. Même avant la puberté, on le sait. Il ne faut pas nier les affirmations des personnes asexuelles, elles se connaissent mieux que quiconque. »
D’ailleurs, elle n’a pas l’impression de manquer quoi que ce soit ! « Je suis heureuse comme je suis. Je suis bien dans ma tête et dans mon corps. Cela dit, j’aimerais qu’on arrête de paniquer lorsque les gens qui m’intéressent émotionnellement apprennent que je suis asexuelle. »
En terminant, Alodie Larochelle mentionne qu’elle ne célèbre pas cette journée de visibilité, bien qu’elle en reconnaisse l’utilité. « La plupart des cursus d’éducation sexuelle n’en font pas mention. Ce serait bien que cela soit corrigé pour être plus inclusif », souhaite-t-elle.