Sa passion pour les livres l’a amené aussi à être actif dans l’édition. En 1875, Kéroack est le premier au Québec à publier un bottin de maisons et commerces, l’Almanach Directoire de Saint-Hyacinthe. À la même époque, il est l’éditeur d’une revue agricole qui, selon lui, était une première pour ce genre de publication au Québec.
En 1876, Kéroack perd sa librairie réduite en cendres dans un incendie qui a détruit presque tout le centre-ville de Saint-Hyacinthe incluant des centaines de maisons, de commerces et d’usines. L’année suivante, le libraire fait reconstruire son commerce au même endroit.
Est-ce l’appel des grandes plaines de l’Ouest qui attire les Kéroack au Manitoba? Ou Maximilien-Aimé s’est-il simplement laissé convaincre par son cousin, Thomas-Alfred Bernier, déjà installé sur place avec sa famille? Avocat de profession, Bernier est maire de Saint-Boniface dans les années 1880 et ensuite nommé sénateur en 1892, jusqu’à sa mort en 1908.
En 1882, le couple Kéroack fonde la première librairie bilingue de l’Ouest à Saint-Boniface, suivi d’une deuxième boutique à Winnipeg.
Au moment du décès de Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack en 1899, son épouse Malvina et leur fille Eugénie prennent la relève. Elles font partie des premières femmes d’affaires de la province. Les autres enfants ont contribué au succès des librairies jusqu’à leur vente en 1920 à un groupe de gens d’affaires qui s’en occupe jusqu’à leur fermeture en 1938.
Le 23 septembre 1873, Louis Riel, alors député fédéral du comté de Provencher, se rend à Saint-Hyacinthe pour faire un discours devant une centaine de personnes. Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack est le maître de cérémonie de cet événement raconté dans le livre Histoire de Saint-Hyacinthe par Charles-Philippe Choquette, publié en 1930. C’est de Saint-Hyacinthe que Riel se rend ensuite aux États-Unis où il vit en exil jusqu’à son retour au Canada pour diriger les Métis pendant la Résistance de 1885.
Esdras Kérouac est né à Rivière-du-Loup au Québec en 1863. Il épouse Desmerises Fortin en 1887. Le couple n’a que deux enfants, Alphée et Maria quand Desmerises meurt subitement en 1889, deux semaines après la naissance de Maria. Peu de temps après, Esdras se marie avec Hélène Guérette avec qui il s’installera au Manitoba en 1917.
Ce sont des difficultés financières qui amènent Esdras à travailler aux récoltes dans l’Ouest canadien à la fin de l’été 1916. Il reprend la route vers le Québec en décembre. Le printemps suivant, retour au Manitoba pour de bon, cette fois avec une partie de sa famille. Il s’installe sur une terre à défricher de 160 acres à La Broquerie. Aussi éleveur d’un troupeau de vaches, il est connu comme homme à tout faire, habile avec le cuir, réparateur d’équipement agricole et fabricant d’attelages. À sa mort en 1946, ses enfants, Alphée, Maria, Trefflé, Damase, Rose-Anna, Rose-Délima, Victorine et Marie-Alice vivent tous au Manitoba où leurs descendants Kirouac, Lord, Granger, Vielfaure, Laurencelle, Jolicoeur, Fiola et Boily se comptent par milliers. Plusieurs Kirouac de La Broquerie se sont distingués par un parcours très engagé dans leur communauté franco-manitobaine dont les frères Eugène et Gérard Kirouac, deux des fils d’Alphée.
J’aimerais remercier Georges Kirouac qui a contribué avec générosité à ce blogue sur les Kirouac. Georges est le fils de Gérard et petit-fils d’Alphée. Depuis les années 1980, il est un membre de l’Association des familles Kirouac, représentant l’Ouest canadien.
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*Maximilien-Aimé Kéroack a dessiné les plans de la maison de son cousin Thomas-Alfred.