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WebOuest Les Kirouac et les Kéroack du Manitoba
Famille de Maximillien-Aimé le Brice de Keroack et Malvina Gauthier à Saint-Boniface en 1896. Debout, de gauche à droite : Maria, Anna, Blanche et Alice. Assis, de gauche à droite : Maximillien-Aimé, Antoinette, Juliette, Eugénie, Yvonne, Lucien et Malvina Gauthier. Les deux garçons devant sont Albert et Émile. Source: Georges Kirouac, Collection de Sr Maria Prénovault (petite-fille de Maximilien-Aimé et Malvina)

Les Kirouac et les Kéroack du Manitoba

Le nom de famille, tout un héritage!
Par Martine Bordeleau | 25 mai 2024
En 1881, quand Maximilien-Aimé Le Brice de Keroack, libraire de Saint-Hyacinthe, au Québec, décide de déménager au Manitoba, c’est déjà un homme d’affaires d’expérience qui s’ajoute à la société franco-manitobaine. Originaire de Saint-Charles-sur-Richelieu, Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack (1839-1899) ouvre sa première librairie à 21 ans à Saint-Hyacinthe, là où il fait ses études classiques. En 1871, il épouse Malvina Gauthier avec qui il a eu onze enfants.

Sa passion pour les livres l’a amené aussi à être actif dans l’édition. En 1875, Kéroack est le premier au Québec à publier un bottin de maisons et commerces, l’Almanach Directoire de Saint-Hyacinthe. À la même époque, il est l’éditeur d’une revue agricole qui, selon lui, était une première pour ce genre de publication au Québec.

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Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack, vers 1875. À droite, sa librairie à Saint-Hyacinthe au Québec avant qu’elle ne soit ravagée par un incendie majeur en 1876. Source: Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

En 1876, Kéroack perd sa librairie réduite en cendres dans un incendie qui a détruit presque tout le centre-ville de Saint-Hyacinthe incluant des centaines de maisons, de commerces et d’usines. L’année suivante, le libraire fait reconstruire son commerce au même endroit. 

Est-ce l’appel des grandes plaines de l’Ouest qui attire les Kéroack au Manitoba? Ou Maximilien-Aimé s’est-il simplement laissé convaincre par son cousin, Thomas-Alfred Bernier, déjà installé sur place avec sa famille? Avocat de profession, Bernier est maire de Saint-Boniface dans les années 1880 et ensuite nommé sénateur en 1892, jusqu’à sa mort en 1908. 

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Maximilien-Aimé Kéroack a dessiné les plans de la maison de son cousin Thomas-Alfred* (voir note au bas de la page), située boulevard Provencher à Saint-Boniface, considérée aujourd’hui comme l’un des joyaux du patrimoine bâti du Manitoba.

La librairie Kéroack, une première dans l’Ouest canadien

En 1882, le couple Kéroack fonde la première librairie bilingue de l’Ouest à Saint-Boniface, suivi d’une deuxième boutique à Winnipeg.

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La librairie Keroack, rue Dumoulin à Saint-Boniface en 1905. Source: Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
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Encerclée sur la droite: la librairie Kéroack sur la rue Main à Winnipeg. Photo prise entre 1906 et 1910. Source: Collection de cartes postales de Rob McInnes, Bibliothèque publique de Winnipeg

Au moment du décès de Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack en 1899, son épouse Malvina et leur fille Eugénie prennent la relève. Elles font partie des premières femmes d’affaires de la province. Les autres enfants ont contribué au succès des librairies jusqu’à leur vente en 1920 à un groupe de gens d’affaires qui s’en occupe jusqu’à leur fermeture en 1938.

Quand Kéroack rencontre Riel

Le 23 septembre 1873, Louis Riel, alors député fédéral du comté de Provencher, se rend à Saint-Hyacinthe pour faire un discours devant une centaine de personnes. Maximilien-Aimé Le Brice de Kéroack est le maître de cérémonie de cet événement raconté dans le livre Histoire de Saint-Hyacinthe par Charles-Philippe Choquette, publié en 1930. C’est de Saint-Hyacinthe que Riel se rend ensuite aux États-Unis où il vit en exil jusqu’à son retour au Canada pour diriger les Métis pendant la Résistance de 1885.

Les Kirouac de La Broquerie au Manitoba

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À gauche: Esdras Kirouac et sa première épouse Desmerises Fortin au moment de leur mariage en 1887. Source : Collection personnelle de Georges Kirouac | À droite: Alphée Kirouac et sa sœur Maria, les deux enfants d’Esdras et de sa première épouse, Desmerises Fortin. Source : Collection personnelle de Georges Kirouac

Esdras Kérouac est né à Rivière-du-Loup au Québec en 1863. Il épouse Desmerises Fortin en 1887. Le couple n’a que deux enfants, Alphée et Maria quand Desmerises meurt subitement en 1889, deux semaines après la naissance de Maria. Peu de temps après, Esdras se marie avec Hélène Guérette avec qui il s’installera au Manitoba en 1917.

Ce sont des difficultés financières qui amènent Esdras à travailler aux récoltes dans l’Ouest canadien à la fin de l’été 1916. Il reprend la route vers le Québec en décembre. Le printemps suivant, retour au Manitoba pour de bon, cette fois avec une partie de sa famille. Il s’installe sur une terre à défricher de 160 acres à La Broquerie. Aussi éleveur d’un troupeau de vaches, il est connu comme homme à tout faire, habile avec le cuir, réparateur d’équipement agricole et fabricant d’attelages. À sa mort en 1946, ses enfants, Alphée, Maria, Trefflé, Damase, Rose-Anna, Rose-Délima, Victorine et Marie-Alice vivent tous au Manitoba où leurs descendants Kirouac, Lord, Granger, Vielfaure, Laurencelle, Jolicoeur, Fiola et Boily se comptent par milliers. Plusieurs Kirouac de La Broquerie se sont distingués par un parcours très engagé dans leur communauté franco-manitobaine dont les frères Eugène et Gérard Kirouac, deux des fils d’Alphée. 

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Membres de la famille d’Esdras Kirouac. Il est le 2e assis à partir de la gauche, en compagnie de sa seconde épouse, Hélène Guérette (assise à sa gauche). Photo prise à Lévis au Québec en 1916, un an avant leur départ pour le Manitoba. Presque toutes les personnes sur cette photo se sont établies à La Broquerie à l’exception de la fille d’Esdras et Hélène, Delina Kirouac et son époux Rosaire Dumont (debout, 3e et 4e à partir de la droite). Les fils d’Esdras sont les ancêtres des Kirouac de La Broquerie : Alphée (assis, 1er à partir de la gauche), Trefflé (debout, 3e debout à partir de la gauche) et Damase (debout, 2e à partir de la droite). Source : Collection personnelle de Georges Kirouac

J’aimerais remercier Georges Kirouac qui a contribué avec générosité à ce blogue sur les Kirouac. Georges est le fils de Gérard et petit-fils d’Alphée. Depuis les années 1980, il est un membre de l’Association des familles Kirouac, représentant l’Ouest canadien.

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*Maximilien-Aimé Kéroack a dessiné les plans de la maison de son cousin Thomas-Alfred.

 

Les SOURCES

La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.