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WebOuest Les huit commandements d’une pratique sécuritaire du plein air
Le Yukon est tellement beau que le découvrir à pied, à vélo ou en canot est selon moi le meilleur moyen de le réaliser! Photo: Kelly Tabuteau

Les huit commandements d’une pratique sécuritaire du plein air

Par Kelly Tabuteau | 24 juin 2023
Qui dit région isolée, dit complexité… L’idée est donc de prévoir l’imprévisible pour tenter d’évoluer le plus en sécurité possible, que ce soit à pied, à vélo ou en canot.

Au Yukon, dès que vous quittez les communautés, la couverture cellulaire est quasi inexistante. C’est également le cas aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, tout comme dans les régions reculées de toutes les provinces du Canada. Les risques inhérents à une activité de plein air, eux, pourtant, restent les mêmes. Une mission de sauvetage peut prendre plusieurs heures, voire quelques jours. Alors afin de limiter la casse, je vous propose huit conseils pour essayer d’avoir une pratique la plus sécuritaire possible.

Dans la plupart des cas, tout se passe bien, jusqu’à ce qu’un imprévu surgisse… Mieux vaut être préparé·e!

1. Un ange gardien ou une ange gardienne, vous trouverez

Informez une personne de confiance, voire deux, de votre itinéraire prévu, avec votre heure estimée de retour. Cette personne pourra prévenir les secours si elle n’a pas de nouvelles de vous au moment convenu. Pensez donc à prévenir cette personne quand vous êtes effectivement de retour…

Perso, je me mets une alarme réglée sur l’heure transmise à ma personne de confiance. Si j’étais rentrée avant et que j’ai oublié de la prévenir, je le fais. Si j’ai pris du retard, je peux la prévenir (voir le commandement 2).

Pour faire mes plans de route, j’utilise l’application AdventureSmart. Elle propose une liste de vérification à effectuer avant de partir. Elle permet surtout d’envoyer toutes les informations de votre sortie à votre personne de confiance.

N’oubliez pas d’y préciser la couleur de votre sac à dos, de votre manteau de pluie et de votre tente en cas de bivouac: ces informations peuvent grandement aider les secours.

L’organisme AdventureSmart propose aussi de nombreux webinaires gratuits pour en apprendre davantage sur le plein air. Rendez-vous sur sa page Facebook pour toutes les nouveautés.

2. Un moyen de communication satellite, vous emporterez

Si vous n’êtes que de passage au Yukon, cela peut peut-être paraître un peu too much, mais si vous êtes adeptes d’activités de plein air en milieu isolé, c’est un investissement indispensable selon moi. Sans lui, je ne suis pas certaine que je m’aventurerais autant dans la nature sauvage yukonnaise, seule.

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Même en France où je randonne seule, j’emporte désormais toujours mon InReach (le petit truc noir et orange au niveau de mon épaule droite), pour le cas où… ce soit moi ou une autre personne qui ait besoin d’aide. Photo: Kelly Tabuteau

Comme je le disais donc en introduction, sans couverture cellulaire, cet appareil vous permettra de communiquer avec votre personne de confiance, ou de prévenir les secours en cas de gros pépin. Mon conseil: privilégiez un moyen de communication bidirectionnelle (vous pouvez communiquer avec votre personne de confiance et vice versa).

3. Le GPS, votre meilleur ami il deviendra

En milieu isolé, il y a rarement des sentiers… avec un peu de chance, vous y trouverez des sentiers tracés par la faune locale, mais ce sera tout. Vous devriez avoir des compétences de base en orientation.

Toute expédition nécessite donc un minimum de préparation pour repérer les éléments de votre itinéraire. Placez-les sur une carte (papier ou GPS) pour vous y référer une fois en pleine nature.

Si vous ne comptez que sur votre GPS (et non sur une carte et une boussole), n’oubliez pas des piles de rechange.

4. À gué les rivières, vous franchirez

En milieu isolé, il y a rarement de ponts pour franchir les rivières… en même temps, c’est ce qu’on vient chercher au Yukon: une nature vierge de toute intervention humaine. Le franchissement des rivières peut donc s’avérer une difficulté sur votre parcours.

Prévoyez une paire de chaussures « d’eau » pour traverser à gué. L’eau sera vivifiante et le courant peut être fort, mieux vaut donc avoir le pied sûr. La plupart des parcs nationaux canadiens pourront vous communiquer de l’information pour vous déplacer de la façon la plus sécuritaire possible.

Mes conseils :

🔸 renseignez-vous préalablement sur les niveaux d’eau,

🔸 favorisez les franchissements le matin, de bonne heure,

🔸 apportez vos bâtons de randonnée pour un meilleur équilibre,

🔸 détachez les sangles de poitrine et de hanches de votre sac à dos : si vous tombez, vous ne resterez pas coincer quelque part à cause de votre sac. Mieux vaut perdre vos affaires que vous noyer.

🔸 traversez face au courant en regardant droit devant vous et non l’eau.

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Une fois devant la rivière à franchir, évaluez la situation. Si vous ne le sentez pas, faites demi-tour ou attendez le lendemain matin. Photo: Kelly Tabuteau

5. Du bruit, vous ferez

Déplacez-vous en groupe et parlez fort pour signaler votre présence aux animaux. Aucune espèce, même la plus inoffensive à laquelle vous pouvez penser, n’aime être surprise dans son quotidien. Au Yukon, le pays des ours, ce conseil est encore plus en vigueur. Apprenez-en plus sur le comportement à adopter en cas de rencontre avec un ours en lisant cette brochure développée par le gouvernement du Yukon.

Dans tous les cas, emportez toujours une bombe poivrée en cas de rencontre inopportune avec la faune locale.

Si vous êtes avec votre compagnon à quatre pattes, gardez-le sous contrôle en tout temps.

6. Des connaissances de survie, vous aurez

Alors je ne dis pas qu’il faut être Mike Horn, ou Bear Grylls de Seul face à la nature, pour profiter du plein air au Yukon, mais il y a quelques principes de base à respecter, comme prévoir assez d’eau ou du moins avoir de quoi traiter celle que vous trouverez sur votre route, ou encore emporter assez de nourriture, voire même un peu plus.

En cas d’imprévus, les secours pourraient mettre jusqu’à 48 heures pour vous trouver, il faut donc être autonome pour survivre jusqu’à leur arrivée.

7. Intelligemment ton campement, vous monterez

Suivez les recommandations du gouvernement fédéral pour monter votre campement intelligemment dans l’arrière-pays.

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Dans l’arrière-pays yukonnais, il y a peu d’arbres où suspendre les contenants à l’épreuve des ours. Essayez de les placer à au moins cinquante mètres de votre tente, bloqués entre des roches. Image: Parcs Canada

8. Les principes du « Sans Trace », vous respecterez

Ce dernier point n’est pas vraiment pour la sécurité humaine, mais pour celle de la nature dans son ensemble afin de respecter l’environnement dans lequel nous nous amusons, que ce soit pour la faune ou la flore.

Informez-vous sur les sept principes et appliquez-les pour profiter éthiquement de vos activités récréatives de plein air.

J’espère que ces huit commandements ne vous ont pas trop refroidi. L’idée derrière eux n’est pas de vous effrayer, mais de vous informer sur les réalités du Yukon, afin que vous soyez prêts et prêtes à apprécier la beauté sauvage yukonnaise.

Si vous avez des doutes sur votre capacité ou celle de votre groupe à explorer l’immensité du Yukon par vous-mêmes, n’hésitez pas à contacter une entreprise locale pour vous guider. La liste de celles offrant des services en français est disponible en ligne.

Bonnes explorations!

 

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