Très populaire en Norvège d’où il provient, le ski de randonnée nordique permet d’explorer des espaces sauvages vallonnés tout en profitant de la glisse. Grâce à ses spatules plus larges et moins cambrées que celles de ski de fond, et à ses carres métalliques, j’ai pu m’aventurer hors du Centre nordique de Whitehorse et de ses pistes damées pour m’immerger plus profondément en pleine nature. Et j’ai adoré la sensation.
Grandes adeptes de ski de fond, Marie-Claude et moi décidons d’essayer le ski de randonnée nordique en décembre 2020, avec le projet de nous lancer sur des expéditions hivernales. Si Marie-Claude avait déjà fait quelques campings d’hiver en raquettes à neige, pour ma part, j’étais assez novice en la matière. Et une chose était certaine, je voulais déjà maîtriser mes nouveaux skis avant de partir plusieurs jours, et finalement Marie-Claude avait le même besoin.
Ne faisant ni une ni deux, nous enchaînons les sorties sur différents terrains, mais toujours en restant en terrain vallonné (pente faible ou moyenne). Chaque jour est l’occasion de tester un autre type de neige: nous sommes vite venues à la conclusion que nous n’aimons pas le verglas et que les pistes de motoneige ne sont pas super funs, même si elles sont plus rapides que la poudreuse!
Pour peaufiner notre technique, nous prenons même deux leçons avec l’entreprise familiale francophone The call of the Yukon. La première nous permet d’affiner notre glide (glisse), alors que la deuxième nous permet d’appréhender l’évolution avec une pulka, un petit traîneau que l’on tirera sur nos futures expéditions. Chargées à plus de 20 kilos, nos pulkas semblent être des boulets que nous traînons. Finalement, nous sommes bien contentes d’être encadrées pour cette première expérience, Raphaëlle nous donne plein de conseils que nous buvons avec avidité.
Si nous mettons autant de cœur à l’ouvrage lors de notre première saison d’entraînement de ski de randonnée nordique, c’est que nous avons plusieurs projets d’expédition pour le printemps 2022, dont une traversée où nous nous ferons déposer en avion de brousse à trois jours de ski de la voiture. Malheureusement, quelques semaines avant l’expédition, je me blesse sévèrement à une cheville, ce qui m’oblige à me retirer du projet. Marie-Claude, accompagnée de trois autres personnes, poursuit.
Avant de partir trois jours, Marie-Claude avait déjà testé deux jours de ski, notamment proche de Whitehorse, dans la vallée de l’Ibex. Pour elle, le secret est d’y aller progressivement. « Faire quelques sorties de quelques heures avant d’aller passer une nuit, ça, c’est certain. Puis pour la première nuit, commencer par quelques kilomètres, pas loin de la maison ou d’une voiture, pour essayer son matériel. Après, y aller graduellement, puis augmenter. Ça aide à se trouver ses petits trucs à soi, car on a tous des préférences », conseille-t-elle.
Et justement, ses petits trucs à elle, elle les a découverts au fur et à mesure de ses expériences. Outre les éléments classiques à emporter dans sa pulka (tente d’hiver, matelas, sac de couchage, nourriture, réchaud qui fonctionne même avec des températures négatives), elle nous livre ce qui pour elle est le plus important. « Un élément indispensable? J’aurais tendance à dire une doudoune, ou quelque chose pour te tenir chaud le soir. Parce que la journée, pendant qu’on bouge, ça va, il n’y en a pas de problème. Mais c’est toujours le soir quand t’arrives puis tu arrêtes de bouger que pour moi c’est comme le plus important de se tenir au chaud et au sec », détaille-t-elle.
Au niveau vestimentaire, en journée, personnellement, j’adopte la technique de l’oignon, avec plusieurs couches, tout en adaptant ma vitesse pour ne pas trop transpirer, car c’est cette humidité qui nous donne froid dès qu’on s’arrête. Sur plusieurs jours, j’aurais la même technique.
Au milieu de nulle part, en plein hiver quand les températures sont négatives, il faut aussi prêter une attention particulière aux calories ingérées pour compenser celles dépensées pendant l’effort et celles dépensées pour se réchauffer. Mais selon Marie-Claude, guetter les signes de déshydratation est primordial. « Sur mon expédition de trois jours, nous faisions fondre la neige pour notre eau, mais elle était pleine de poils de caribous, ce qui nous dégoûtait. Puis nous ajoutions des pastilles pour purifier, mais ça avait un goût pas agréable pour moi. Ma troisième journée, j’étais plus capable de boire tellement ça m’écœurait… Je me rappelle d’avoir senti les effets de la déshydratation. J’avais la tête qui tournait. Puis je me disais “Il faut que tu boives”, mais je n’en avais pas envie! Ce que j’ai donc appris de cette expérience, c’est que j’emporterais dorénavant un filtre en tissu avec moi pour m’assurer qu’il n’y a pas de particules dans l’eau et aussi quelque chose qui va donner un autre goût à l’eau, genre une goutte de saveur. Pour moi, c’est assez central juste pour boire dans la journée. Tu peux aussi faire bouillir l’eau, mais ça prend beaucoup de combustible… », raconte-t-elle.
En conclusion, je dirais que le ski de randonnée nordique est une activité accessible à tout le monde. Le Yukon se prête bien à cette pratique, à la journée ou en expédition hivernale, grâce à ses nombreuses possibilités de terrains vallonnés. Mais finalement n’importe quelle province ou n’importe quel territoire du Canada (ou d’ailleurs) permet d’évoluer en ski de randonnée nordique tant que les pentes restent modérées.
Marie-Claude conclut: « Les gens n’ont pas besoin d’avoir une forme olympique. Il y en a pour tous les goûts. Quelqu’un qui veut commencer va trouver quelque chose à son niveau. C’est vraiment juste important d’être conscient de ses propres limites, de ne pas se surestimer. Faut pas se sentir intimidé, essayez et vous allez aimer ça! »