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WebOuest Le mythe de Jack London
À Dawson, on retrouve un musée consacré à la vie de Jack London. Devenu célèbre avec son roman L’appel de la forêt, l’auteur américain a été prolifique. Il semblerait même qu’il ait été l’auteur le mieux payé du début du XXe siècle. Photo: Kelly Tabuteau

Le mythe de Jack London

Par Kelly Tabuteau | 10 juin 2023
Je ne sais pas au Canada, mais en France, Jack London est connu essentiellement pour ses romans L’appel de la forêt et Croc-blanc. Étudiés à l’école, ces livres m’ont permis de localiser le Yukon sur une carte du monde. L’auteur américain nous plonge directement dans l’ambiance glacée du Grand Nord canadien. Il nous y transporte alors que lui-même n’y a vécu à peine qu’une année…

Bonanza! De l’or!

Lorsque la nouvelle de la découverte de l’or arrive à San Francisco en juillet 1887, une fièvre s’empare des États-Unis et plus de 100 000 personnes entament un périple vers les champs aurifères du Klondike. Jack London sera l’une d’elles!

Après une première partie de voyage en bateau pour rejoindre Skagway ou Dyea en Alaska, puis plusieurs jours de randonnées sur la piste Chilkoot ou sur celle du col White à transporter une tonne de vivres, règle imposée par la Police montée canadienne, hommes et femmes débouchaient sur le lac Bennett. De là, et après avoir construit leur propre embarcation, leur périple continuait sur le réseau navigable du fleuve Yukon, jusqu’à Dawson.

Jack London sur la route du Klondike

Jack London a 21 ans quand il s’engage pour ce long voyage vers Dawson, accompagné de son beau-frère grâce à qui l’expédition est possible. Les deux hommes arrivent à Dyea en août 1897. De là commencent d’interminables allers-retours sur la piste Chilkoot pour transporter leurs denrées.

Découragé, le beau-frère abandonne au bout de quelques semaines… Jack London continue alors l’aventure seul, franchit le col Chilkoot, puis arrive au lac Bennett début août 1897. Avec son expérience de navigateur acquise dans sa jeunesse, il devient rapidement pilote de navires pour franchir les rapides près de Whitehorse. Il finit par embarquer sur l’un d’eux et à se rendre à Stewart Crossing, une communauté à environ 120 kilomètres au sud de Dawson. Il y délimite une concession qu’il enregistre le 5 novembre 1897.

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La piste Chilkoot est longue d’une cinquantaine de kilomètres et se réalise en 3, 4 ou 5 jours. Photo: Kelly Tabuteau

Vaincu par l’hiver glacial, Jack London n’y prospecte finalement pas, mais lit les nombreux livres qu’il a apportés. Au printemps 1898, atteint du scorbut, il quitte la région, sans or, mais avec plein d’images dans la tête qui lui serviront d’inspiration et lanceront sa carrière d’auteur.

En janvier 1899, le magazine The Overland Monthly publie sa première nouvelle « À l’homme sur la piste ». Il continue l’écriture, publie Le Fils du loup en 1900, puis deux romans en 1902 : Fille des neiges et La Croisière du Dazzler. Le véritable succès arrive l’année suivante avec L’Appel de la forêt.

Un musée consacré à sa vie

Comme je le disais en introduction, j’ai découvert le Yukon et l’histoire de la ruée vers l’or du Klondike grâce à Jack London. Une fois sur place, j’ai donc cherché à en apprendre plus sur l’homme et j’ai découvert que Dawson hébergeait un musée consacré à sa vie et à la recherche de sa cabine : Jack London Museum & Cabin. Même si son séjour a été de courte durée, ses écrits font partie du patrimoine du territoire et c’est avec passion que j’ai découvert le lieu.

Archives historiques, photographies, projections de courts métrages et présentations interactives en vêtements d’époque vous y attendent. Ne vous laissez pas berner par l’étroitesse de la bâtisse… C’est une mine d’or d’information!

Dans « le jardin », une réplique de la cabine où Jack London a vécu à l’hiver 1897-1898. Une partie des rondins de construction de cette réplique appartient en fait à la cabine d’origine, retrouvée en 1936 près d’Henderson Creek par l’historien Dick North et des guides locaux des Premières Nations; l’autre partie des rondins a servi à construire une deuxième cabane à Oakland (Californie, États-Unis), ville natale de Jack London.

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Le musée consacré à Jack London et la réplique de sa cabine sont nichés à l’angle de la 8e Avenue et de la rue Firth de Dawson, à distance de marche de toutes attractions de la communauté. Photo: Kelly Tabuteau

Et plus encore… en Alaska!

Toujours dans l’univers de Jack London, une visite à Skagway (Alaska) m’a permis de voir en personne l’endroit où le film L’appel de la forêt de 2020 a été tourné (en vrai, j’étais déjà allée à Skagway avant la sortie du film…). Lors de ma première visite à Haines (Alaska), j’ai été surprise de découvrir le décor du film Croc-blanc de 1991. Encore en très bon état, les bâtiments se trouvent sur le « champ de foire » de Haines, un lieu qui accueille plusieurs événements de la localité.

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Les décors de Dalton City sont encore debout et en service! Photo: Kelly Tabuteau

Pour essayer d’imaginer ce que les prospecteurs ont vécu, j’ai foulé la piste Chilkoot dès mon premier été au Yukon… De Dyea au lac Bennett, j’ai évolué dans un musée à ciel ouvert et c’était génial. Tous les renseignements de cette randonnée itinérante se trouvent en ligne.

Pour la piste du col White, ce n’est pas à pied que je l’ai parcouru, mais en train d’époque grâce à la White Pass & Yukon Route. Une belle découverte!

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Une expédition jusqu’au col White par le train vaut le détour pour en apprendre plus sur l’histoire de la ruée vers l’or et la construction de cette voie de chemin de fer dans des conditions extrêmes. Photo: Kelly Tabuteau

Bref, tout cet article pour faire tomber « mon » mythe de Jack London qui, depuis toute petite, j’imaginais canadien du Grand Nord. Il n’en reste pas moins qu’il a emprunté la célèbre piste Chilkoot et vécu un hiver à Dawson… Il sait de quoi il parle et ses livres sont d’une justesse sincère. 

Amoureuse de nature et de froid, ses livres, relativement courts, sont parfaits pour passer un long dimanche après-midi d’hiver sur mon canapé, avec une tasse fumante de chocolat chaud, des chaussettes pilou pilou et un plaid bien épais.

 

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