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WebOuest Journée du chandail rose: Quand l’homophobie est reléguée aux oubliettes
Les Montagnes

Journée du chandail rose: Quand l’homophobie est reléguée aux oubliettes

Par Martin Bouchard | 16 mars 2022
La Journée du chandail rose, qui est célébrée le dernier mercredi de chaque mois de février, est une initiative visant à combattre l’intimidation à l’école et dans les milieux de travail, entre autres. Or, bien que les intentions de cette journée soient louables, il est regrettable que ses origines aient été édulcorées au profit d’un discours hétéronormatif.

Vous avez sûrement vu passer des photos sur votre fil Facebook : pléthore d’équipes de travail, de directions d’école et de leaders gouvernementaux se drapent d’un t-shirt rose pour combattre l’intimidation. « Par contre, quand on fait des recherches, on apprend les origines bien plus revendicatrices de cette journée qui a été un peu aseptisée avec les années », commence ma collègue Rose-Eva Forgues-Jenkins, coordination de programmation au Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO).

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Retour en arrière 

Septembre 2007, Nouvelle-Écosse. Au premier jour de la rentrée des classes, un jeune de 9e année arrive à l’école vêtu d’un polo rose. En moins de temps qu’il ne le faut pour crier « tapette ! », ce jeune commence à recevoir des injures homophobes et se fait même tabasser. Cette information laissée sous silence, on peut l’entendre de la bouche même du co-créateur de la Journée du chandail rose, Travis Price. Devant ce drame, lui et son ami David Shepherd convainquent des centaines d’élèves de porter des vêtements roses le lendemain à l’école. Ici, il est important de mentionner que la direction de l’école ne voulait pas prendre part à ce mouvement de protection des élèves LGBTQIA+. En revanche, on connaît la suite. L’événement a fait boule de neige et a donné naissance à un mouvement mondial de lutte contre l’intimidation.

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Silence radio sur l’homophobie

Une question se pose donc : pourquoi est-ce que la composante homophobe de cet événement a été écartée au profit du parapluie plus large de l’intimidation ? « Beaucoup d’écoles et d’organisations ne sont simplement pas prêtes à engager le dialogue sur l’homophobie et la transphobie. Pour parler de ces sujets de façon cohérente, il faut aborder les notions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, et malheureusement, il reste beaucoup de travail à faire à ce niveau-là », se désole Rose-Eva Forgues-Jenkins.

Entendons-nous : au CFQO, nous ne voulons pas abolir la Journée du chandail rose, au contraire. L’intimidation basée sur la race, le statut social, la religion, etc. doit être réprimée. Le bien-fondé des initiatives du genre est reconnu et permet de donner un levier sur lequel les écoles peuvent s’appuyer pour essayer de combattre le fléau de l’intimidation.

Or, il nous apparaît tout aussi important de ne pas hétéronormaliser le sujet de l’intimidation. Dans les cours d’école et les salles de classe, des jeunes se font invectiver et maltraiter à cause de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre, que cela plaise ou non aux adultes à la tête de ces mêmes écoles. Pourquoi ne pas en profiter pour aborder l’homophobie et la transphobie ? « Les jeunes sont beaucoup plus ouverts qu’on le pense à entendre parler de ça. Il faut leur faire confiance et agir en amont », insiste Rose-Eva Forgues-Jenkins.

D’ailleurs, le CFQO offre justement un atelier pour les jeunes allant jusqu’à la 7e année sur la Journée du chandail rose, et dans lequel l’homophobie est abordée sans pudeur, car c’est bien de cela dont il est question. 

En terminant, je serais intéressé de savoir si vous connaissiez les origines de la Journée du chandail rose avant de lire ce blogue. N’hésitez pas à m’écrire pour me faire part de vos commentaires!

Martin Bouchard écrit au nom du Comité FrancoQueer de l’Ouest, la ressource connexe 2SLGBTQIA+ pour les personnes d’expression française en situation minoritaire dans l’Ouest Canadien.
La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.