Pour Albert Plamondon de Saint-Boniface au Manitoba, une explication plus intrigante circule dans sa famille. Son ancêtre Philippe aurait plutôt porté le patronyme de Mandon. Mais comme il était parenté à un Mandon de mauvaise réputation, pour s’en dissocier, il a changé son nom à Plamondon!
Quoiqu’il en soit, ce Philippe Plamondon (dit Lafleur) est l’ancêtre de tous les Plamondon d’Amérique du Nord. Né en 1641 en Auvergne, il traverse l’Atlantique pour poser ses valises à Laprairie au Québec où il marie Marguerite Clément en 1680. Philippe est propriétaire terrien et domestique, à l’emploi d’Urbain Tessier dit Lavigne, l’un de mes ancêtres!
S’il est vrai qu’un grand nombre de Canadiens français du Québec ont choisi de faire leur vie aux États-Unis, d’autres ont plutôt décidé de se rendre directement dans l’Ouest canadien. C’est le cas de l’arrière-grand-père d’Albert Plamondon, Jean-Baptiste. Né dans la région de Québec en 1873, Jean-Baptiste Plamondon s’installe à Saint-Jean-Baptiste dans le sud du Manitoba et mène une vie de cultivateur en compagnie de sa femme, Mérilda Dupas. Leur fils, Achille, vécut aussi dans ce village réputé pour sa culture des céréales et des légumineuses, qui compte plusieurs entreprises agricoles prospères. En 1940, le fils d’Achille, Émilien, a été appelé au front comme des milliers de jeunes hommes qui ont combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Jeune marié de vingt ans à son départ en Europe et père d’un petit garçon, Émilien est revenu au pays après la guerre pour faire sa vie à Saint-Boniface auprès de son épouse Jeanne, née Bouchard. Son fils Albert est le troisième garçon sur cinq de Jeanne et Émilien. Albert est un bon raconteur et n’a pas hésité à partager des informations au sujet de l’histoire de sa famille, dont le fait que son patronyme a changé à plusieurs reprises au fil des générations: Plamondon, Plamandon, Mandon ou Plamadore. Rien d’étonnant, d’après certains généalogistes. Les noms de famille se transforment souvent selon les personnes qui les écrivent dans des documents officiels comme les recensements et les registres paroissiaux.
Si un grand nombre de villages d’origine francophone de l’Ouest canadien portent le nom de saints et de saintes, il y a quelques exceptions comme celui de Plamondon en Alberta dont l’histoire mérite d’être racontée. Albert Plamondon m’a prêté un recueil fascinant sur ce village et sur les familles venues du Michigan pour le fonder en 1908, attirées par de grandes terres agricoles qui permettent à tous les enfants de s’installer à proximité. Voici quelques faits saillants de leur périple, tirés de ce recueil, écrit en 1958 par Dellamen Chevigny (née Plamondon), fille du fondateur du village, Joseph Plamondon.
Nous sommes en mai 1908. C’est le départ en train d’une trentaine de Canadiens français de Provemont au Michigan. Parmi eux, les familles Gauthier, St-Jean, Cagle, et bien sûr celle de Joseph Plamondon. Un parcours de 3 000 kilomètres en train vers Morinville, juste au nord d’Edmonton pour rejoindre d’autres membres de la famille Plamondon déjà sur place. Le 16 juillet, départ vers Lac La Biche à deux cents kilomètres au nord-est de Morinville, se déplaçant en voitures dont certaines tirées par des chevaux et des bœufs. À l’ouest du Lac La Biche, ils trouvent les terres à défricher qu’ils espéraient. Avec l’aide de familles métisses déjà établies dans la région, ils s’installent, se construisent des maisons, cultivent la terre et l’année suivante, érigent une école. Dellamen Plamondon, douze ans, est la première enseignante du village avec vingt-sept élèves.
Au cours des années suivantes, d’autres familles suivront venant du Michigan, mais aussi du Québec et de la France. Le village a prospéré, et cinquante plus tard, son école comptait plus de trois cents écoliers! Mais comme c’est le cas pour un grand nombre de communautés rurales au cours du XXe siècle, Plamondon a connu une perte de sa population au profit des grandes villes et il est devenu aujourd’hui un modeste hameau de trois cents habitants. Cependant, son histoire symbolise la persévérance et la résilience des Canadiens français du XIXe siècle dont les descendants, avec le flux continuel de nouveaux arrivants, continuent de prospérer en français dans l’Ouest canadien. Pour une version étoffée de l’histoire du village de Plamondon, consultez en ligne ce livre bilingue écrit en 1988: Digital Collections – From spruce trees to wheatfields (ucalgary.ca).
Ce n’est pas le talent qui manque chez les Plamondon de l’Ouest! Je vous invite à découvrir deux de nos artistes:
Eric Plamondon, comédien, auteur, réalisateur, en tournée de théâtre cet automne avec la troupe Orange noyée. Eric est le fils d’Albert Plamondon que je remercie pour les informations qu’il m’a fournies dans la préparation de cet article.
Crystal Plamondon, la Rousse farouche, autrice-compositrice interprète. Crystal est née à Plamondon en Alberta et elle est l’arrière-petite-fille du fondateur du village, Joseph Plamondon.
Sources sur l’origine du patronyme Plamondon: Geneanet et Forebears.