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WebOuest Le droit à l’avortement au Canada, pourquoi faut-il s’en faire?
Crédit photo: Anna Shvets de Pexel
Les Montagnes

Le droit à l’avortement au Canada, pourquoi faut-il s’en faire?

Par Nathalie Lopez | 25 avril 2022
Le 7 avril dernier, une jeune femme texane de 26 ans s’est fait arrêter et emprisonner pour meurtre, son délit ayant été d’avoir eu recours à un avortement. La femme en question, aurait fait une fausse-couche et n’ayant pas les moyens de se rendre dans un autre état ou l’interruption volontaire de grossesse était légale, a été forcée de pratiquer un avortement sur elle-même. Se rendant à un hôpital par après pour se faire soigner, un membre du personnel de l’établissement l'a dénoncée aux autorités.

Il s’agit de la première arrestation au Texas, depuis l’entrée en vigueur en septembre 2021 de leur nouvelle loi qui criminalise l’avortement de toute grossesse après 6 semaines de gestation, même en cas d’inceste, de viol, ainsi que, de toute évidence, de fausse couche…

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Crédit photo: Roya Ann Miller de StockSnap

Est-ce que cette réalité dystopique qui s’empare de quelques états chez nos voisins du sud pourrait devenir un jour notre réalité? La plupart d’entre nous seraient porté.es à croire que le Canada est à l’abri de toute menace en ce qui a trait au droit à l’avortement et que la liberté des femmes de disposer de leur propre corps est un acquis qui ne pourra jamais être révoqué. En effet, le droit à l’avortement est un jalon important de l’histoire des droits des femmes au Canada, mais il ne faut pas se leurrer, 30 ans plus tard il demeure fragile. 

Pour commencer, il faut démystifier certaines idées préconçues au sujet de l’avortement au Canada. Malgré que l’avortement soit légal au pays peu importe le motif, il constitue un droit inégal d’une région à une autre.

En premier lieu, les cliniques d’avortement sont typiquement concentrées dans les centres urbains, ce qui forcent les femmes vivant dans des zones rurales à parcourir des centaines de kilomètres pour avoir accès à un IVG. Cela peut aussi augmenter le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, ce qui est non seulement pénible et insupportable pour plusieurs femmes dans le pays, mais peut aussi être extrêmement angoissant dépendamment de la province où ses femmes cherchent à se faire avorter, car le délai maximum pour avorter légalement varie énormément d’une province à l’autre. Dans le cas de l’Île-du-Prince-Édouard par exemple, le délai maximal pour avorter est de 12 semaines. 

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Crédit photo: Kristin Hardwick de StockSnap

De plus, selon la province, les frais pour avorter pourraient ne pas être couverts par l’assurance médicale de celle-ci, même si la Loi canadienne sur la santé l’exige. 

La province la plus problématique en ce qui à trait au problème d’inégalité d’accès est le Nouveau-Brunswick, car il existe seulement 3 hôpitaux concentrés dans deux villes qui pratiquent l’avortement et ceci découle directement des politiques d’un gouvernement conservateur qui s’oppose farouchement à financer les cliniques privées qui offrent un IVG dans la province. Souvent les femmes du Nouveau-Brunswick doivent se rendre dans une autre province, ou même dans l’état du Maine, aux États-Unis, pour se faire avorter. Malgré les sanctions du gouvernement fédéral en termes de rétentions des transferts en santé vers la province, le gouvernement provincial n’a toujours pas fait volte-face.

Un autre problème de taille qui fait surface maintenant c’est celui du recrutement et de la pénurie de personnel en milieu hospitalier dans tout dans le pays, problème bien sûr accentué par la pandémie qui restreint davantage l’accès à l’avortement dans certains hôpitaux. 

Et si vous voulez plus de preuve que ce droit est un acquis qu’il faut encore protéger, vous n’avez qu’à suivre les débats pour la course à la direction du Parti conservateur qui auront lieu au début mai: le droit à l’avortement sera sans-doute un sujet au centre des débats. 

Malgré ceci, il faut démeurer optimiste qu’un jour le Canada se penchera vers l’harmonisation des politiques en ce qui à trait l’accès à l’avortement et éduquera davantage le public afin que ce droit soit compris comme étant une facette de la santé reproductive, tout comme la santé menstruelle, le consentement, la contraception, les services de santé transgenres et la santé mentale en matière de reproduction. C’est ainsi que la population sera de plus en plus encline à combattre la stigmatisation et la désinformation en ce qui à trait l’avortement et qu’on veillera tou.te.s à protéger ce droit, jusqu’à temps que cela ne soit plus nécessaire. Il faut bien rêver tout de même…

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