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WebOuest Les Desautels dit Lapointe
La famille Desautels dans un enclos de chevaux à Sainte-Anne-des-Chênes. Source : SHSB, Collection du Musée de Saint-Boniface

Les Desautels dit Lapointe

Le nom de famille, tout un héritage!
Par Martine Bordeleau | 11 mars 2023

La plupart des Desautels et des Lapointe du Canada ont un ancêtre commun : Pierre Desautels (1631-1708), natif de Malicorne-sur-Sarthe en France. Attiré par le désir d’accéder à une vie meilleure, Pierre Desautels se rend en Nouvelle-France en 1653. À l’instar de ses compagnons de voyage, il est engagé comme défricheur, mais il est entendu qu’au besoin il prendra les armes pour défendre Ville-Marie (Montréal). C’est ainsi qu’il devient membre de la milice de la Sainte-Famille, établie par Paul Chomedey de Maisonneuve, le gouverneur de Montréal. En 1665, il obtient une terre où il s’installera plus tard avec sa famille. Ce lopin de 30 arpents est situé sur un emplacement connu sous le nom de Longue Pointe (Pointe-aux-Trembles). Ça expliquerait le changement du patronyme à Desautels dit Lapointe, emprunté par plusieurs de ses descendants. Mais cette théorie ne fait pas l’unanimité parmi les membres de la famille qui s’intéressent à cet ancêtre. Certains croient que le nom Lapointe est plutôt relié à un trait de son caractère. Pierre aurait eu la répartie facile et aimait lancer des pointes.

Chez les Desautels dit Lapointe, une aventure n’attend pas l’autre! 

Arrière-arrière-petit-fils de Pierre, Jean-Baptiste Desautels dit Lapointe est né en 1797 à Saint-Paul de Joliette au Québec. Son père Basile meurt alors qu’il n’a que 2 1⁄2 ans et il perd sa mère, Catherine Henry, à 14 ans. Devenu orphelin, rien ne le retient dans son village qu’il quitte à l’âge de 15 ans pour devenir voyageur. Il est engagé d’abord par la Compagnie du Nord-Ouest et ensuite par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ses contrats, qu’il signait Baptiste Lapointe, l’ont mené jusqu’à la Rivière-Rouge. Mais 7 ans plus tard, en 1822, il retourne pour de bon à Saint-Paul de Joliette où il élève sa famille avec son épouse, Lucie Laporte. Il est mort en 1873 et il est inhumé dans son village natal. Deux de ses fils, Jean-Baptiste II et Louis suivent ses traces pour tenter l’aventure dans l’Ouest et s’y installer pour de bon.

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Jean-Baptiste Desautels père et son épouse Lucie Laporte. Source : Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface

Selon Jacques Desautels qui a écrit un ouvrage très complet sur l’histoire de sa famille (Les Desautels, De la Sarthe aux rives du Saint-Laurent)*, les descendants de Jean-Baptiste Desautels dit Lapointe (père) dans l’Ouest canadien seraient au nombre de 4 600 à 7 000! Dans une correspondance récente, Jacques Desautels m’a écrit ceci à propos de la présence de Desautels remarquables dans l’Ouest : 

« Les Desautels du Manitoba descendent de trois lignées différentes : celle de Jean-Baptiste qui doit être très largement majoritaire et celle de son frère Louis, dont l’un des descendants, Marcel Desautels, qui est décédé le 31 janvier dernier, a donné des millions de dollars à différentes institutions au Manitoba, en Ontario de même qu’à l’Université McGill à Montréal. Une troisième lignée descend de Léonidas (épouse : Edna Pelletier). La famille de Léonidas est de la Montérégie, au Québec, sans lien de parenté proche avec Jean-Baptiste et Louis. L’un de ses descendants est Jacques DesAutels, un jockey qui a fait sa marque dans votre région (voir mini-bio en anglais). »

Jean-Baptiste Desautels dit Lapointe, le fils (1830-1909)

Jean-Baptiste II s’inscrit dans l’histoire du Manitoba français du 19e siècle comme homme d’affaires prospère et pionnier de Sainte-Anne-des-Chênes. Sa petite-fille, Eugénie Dubuc a raconté son histoire en 1962, lors d’une allocution à une rencontre de la Société historique de Saint-Boniface. Selon elle, les aventures de Jean-Baptiste père ont certainement marqué son fils qui, à son tour, se rend dans l’Ouest, mais pour s’y établir en 1855 avec son épouse Julie Amyot et leurs trois enfants. Après avoir vécu à Saint Paul au Minnesota pendant quelques années pendant lesquelles Jean-Baptiste était commerçant, fréteur et fermier, la famille déménage au Manitoba en 1864 pour éviter que Jean-Baptiste ne soit appelé aux armes, en pleine guerre de Sécession. Les Desautels voyagent avec d’autres familles dans un périple de vingt-six jours en charrette, risquant à tout moment de se faire attaquer par des bandes de Sioux. La famille s’installe d’abord à Saint-Boniface et cultive du blé sur une terre appartenant à Mgr Taché, tout près du pont Provencher actuel. En 1869, Jean-Baptiste Desautels achète un lot à Saint-Anne-des-Chênes, y construit une maison où il s’installe avec sa famille composée maintenant de neuf enfants. Il bâtit aussi un moulin à scie par lequel il gagne très bien sa vie.

Dès 1871, Desautels devient postier et fait le relais du courrier deux fois par semaine entre Sainte-Anne et Winnipeg, un métier qu’il pratique pendant 30 ans.

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Jean-Baptiste Desautels fils. Source : Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface

Alexandre, chercheur d’or

Alexandre Desautels est le fils de Jean-Baptiste II. Né à Saint-Boniface en 1865, il s’est distingué dans l’histoire du Manitoba comme étant le prospecteur qui a découvert de l’or en 1911 dans la région de Bissett, dans l’est de la province, ce qui a mené à une mini ruée vers l’or et à la création de la mine San Antonio. Alexandre n’a jamais profité de cette découverte, car il a vendu sa concession pour la somme d’un dollar à Ephrem Albert Pelletier, un membre de la police montée du Nord-Ouest, amateur de géologie. Leur histoire est très bien racontée dans le site de la Bissett and Area Historical Society (en anglais). Reconnu aussi comme excellent conteur, Alexandre Desautels est décédé en 1962, à l’âge de 97 ans.

Sa nièce, Annette Dubuc Hébert, a publié en 1958 une biographie d’Alexandre traduite en français dans le site Les Trésors du chemin Dawson. On y apprend des anecdotes sur son enfance et qu’il a été, en 1881, l’un des premiers élèves du tout nouveau Collège Saint-Boniface. Cet établissement a été détruit par le feu en 1922

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Alexandre Desautels. Source : SHSB, Collection du Musée de Saint-Boniface

Mélanie DesAutels, la gazelle des Prairies!

Arrière-arrière-petite-fille d’Alexandre, Mélanie DesAutels est aussi une battante comme ses ancêtres, mais c’est sur la piste et les routes asphaltées qu’elle remporte ses succès. Mélanie est née et a grandi à Winnipeg où elle s’est passionnée pour la course à pied dès l’adolescence ayant couru son premier marathon à l’âge de 20 ans. Elle habite maintenant à Sherbrooke au Québec où elle poursuit des études en génie civil. En septembre 2022, Mélanie a remporté le Marathon de Montréal avec un temps de 2 h 53. Ce n’est pas son premier exploit puisqu’elle avait remporté le Marathon de Longueuil 4 mois plus tôt. Et parions que ce n’est que le début d’une grande carrière en athlétisme pour Mélanie DesAutels, car elle s’entraîne aussi pour battre son record personnel alors qu’elle prendra le départ du Marathon d’Ottawa en mai prochain dans la catégorie élite. Elle vise aussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles. L’Hebdomadaire La Liberté a publié récemment un bel article à son sujet.

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Mélanie DesAutels franchissant la ligne d’arrivée du Marathon de Montréal qu’elle a remporté en septembre 2022. Source : Bernard Brault

Dans le prochain article, l’épopée des Desautels et des Lapointe qui s’établirent en Saskatchewan au 19e siècle.

Lectures suggérées : 

🔸 Biographie très détaillée de Jean-Baptiste Desautels dit Lapointe, le voyageur (en anglais)

🔸 Association Pierre Desautels dans FB : Association Pierre Desautels | Facebook

*Le livre Les Desautels, De la Sarthe aux rives du Saint-Laurent de Jacques Desautels est disponible gratuitement en version PDF en communiquant avec l’auteur par courriel :  jacdes93@gmail.com. Je remercie chaleureusement Jacques Desautels pour les informations qu’il a bien voulu partager pour alimenter mes recherches et pour avoir pris le temps de faire une relecture de ce blogue.

 

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