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WebOuest Découvrons les formats de film moins connus
Photo: Dominique Liboiron

Découvrons les formats de film moins connus

L'art de la photographie: la lumière est notre pinceau
Par Dominique Liboiron | 17 août 2024
La photographie sur film est en pleine effervescence et gagne en popularité. Beaucoup de gens connaissent le film 35 mm, mais connaissez-vous les autres formats qui existent? Il s’agit du format moyen et du grand format. Ceux-ci offrent une qualité d’image tout simplement incroyable. De plus, les appareils de ces formats sont assez particuliers. Vous les trouverez probablement intéressants. Explorons ce sujet ensemble.

Commençons avec le format moyen. En termes simples, le format moyen est une pellicule plus grande qu’une pellicule de 35 mm. Étant donné qu’elle est plus grande, elle capte plus de détails. L’image est donc meilleure. De plus, nous pouvons l’agrandir encore plus qu’une photo prise sur du 35 mm. 

Les caméras qui prennent des films de ce genre sont variées. Certaines transmettent sur la pellicule une image qui mesure 6 cm par 6 cm. Ces caméras en plus des caméras qui produisent des cadres 6 par 7 sont les plus communes, mais il existe aussi des caméras qui procurent des images 6 par 9 et même 6 par 12, ce qui donne des images panoramiques.

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Voici une Mamiya C330 qui date des années 1970. Le film pour cet appareil photo se trouve en avant-plan. Ce film peut contenir 12 images qui mesurent 6 par 6 cm. La mise au point se fait en tournant les cadrans de chaque côté de la caméra. La lentille du haut est celle que nous utilisons pour voir le sujet. Celle du bas capte la photo. La C330 est entièrement mécanique. Il n’y a aucune fonction électronique, ni même une pile. Photo: Dominique Liboiron

Anciennement, il existait une plus grande variété de pellicules pour les appareils de format moyen. Elles étaient connues par des noms de série comme 105 ou 117. Ces pellicules remontent à la fin des années 1800 et du début des années 1900, mais à partir des années 1960 elles ont connu un déclin. De nos jours, pratiquement les seules qui existent sont la 120 et la 220. Ces nombres ne correspondent pas à la taille de la pellicule; elles désignent plutôt un numéro de série, comme un modèle d’ordinateur. Quant au film de 35 mm, le nom désigne sa taille. La mesure se fait sur la diagonale, d’un coin à l’autre, comme pour un écran de télévision. 

Vous pouvez donc déduire que nous parlons ici d’une vieille technologie. Par contre, elle capte encore aujourd’hui des images claires avec beaucoup de détails.

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J’adore me rendre à Fort Mcleod pour prendre des photos sur film. Cette ville du sud de l’Alberta possède un bon nombre d'anciens édifices. Quoi de mieux que de les photographier avec une ancienne caméra. Bien que le film 120 soit une technologie qui remonte à plus d’un siècle, ce format produit des images de qualité. Photo: Dominique Liboiron
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Comme vous voyez, le 120 capte énormément de détails. Remarquez le grain de bois, les nœuds et même les marques de scie. Ce fort à Fort Mcleod est un musée qui partage l’histoire de la Police montée lors de son arrivée dans l’Ouest en 1874. Photo: Dominique Liboiron

Au niveau de ses avantages, le format moyen se démarque non seulement de la qualité de ses images, mais aussi dans sa captation des nuances entre les couleurs, ainsi que tous les tons entre le noir et le blanc. Au niveau des désavantages, les appareils sont parfois grands et encombrants. Ils ne se manient pas aussi facilement qu’un appareil 35 mm ou numérique. Par contre, si vous acceptez le format tel qu’il est, les résultats sauront vous plaire. 

Passons maintenant au grand format. Vous le connaissez déjà. Il s’agit des caméras comme dans les films western dans lesquels le photographe se couvre avec un drap. Vous avez peut-être remarqué que ces caméras ont un genre d’accordéon au milieu. Cet accordéon en cuir relie la pellicule à la lentille. Il bloque également la lumière.

Vous vous demandez peut-être pourquoi les photographes de l’ancien temps se couvraient avant de prendre une photo? C’est parce que le dos d’une caméra grand format est en vitre. Il faut bloquer le soleil afin de mieux voir notre sujet. Je vais vous en donner un exemple, mais avant je vais parler brièvement des dimensions. 

Les pellicules grand format mesurent le plus souvent 4 par 5 pouces ou 8 par 10. Il existe aussi du 5 par 7, mais nous le retrouvons moins souvent. Certains photographes dévoués au grand format commandent des manufacturiers des pellicules aux dimensions personnalisées. Elles coûtent très chères et, dans certains cas, ne peuvent être commandées qu’une fois par année. 

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Vu de côté, il est possible de voir « l’accordéon » qui rejoint la lentille, à droite, à l’endos de la caméra. Ce morceau de cuir s’appelle un soufflet. La mise au point s’effectue en tournant le cadran en bas à droite. Toute la lentille se déplace sur des rails. La forme en accordéon permet au soufflet de s’allonger ou de rétrécir durant la mise au point. Photo: Dominique Liboiron
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Ici, la lentille est plus évidente. Les manivelles sur la lentille servent à régler l’ouverture et le temps d’exposition. Tout est mécanique. Il faut estimer l’exposition ou se servir d’un instrument qui mesure la lumière. Cet instrument s’appelle un posemètre et nous indique l’exposition juste. Photo: Dominique Liboiron

Je ne vois pas souvent des photographes se servir des appareils 4 par 5. J’en rencontre ici et là lors de réunions de clubs de photographie. Une fois, j’ai écrit un article au sujet d’un monsieur dans mon ancien village qui captait des images en grand format. Pour se servir du 4 par 5, il faut pratiquement une chambre noire chez soi et peu de photographes sont dédiés à ce point-là.

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Le bureau de poste au centre-ville de Lethbridge est une des plus belles bâtisses dans le sud de l’Alberta. Je m’y suis rendu lors d’une journée ennuagée d’hiver pour prendre des photos. Photo: Dominique Liboiron
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Le 4 X 5 capte beaucoup de détails. Nous voyons chaque brin d’herbe du gazon. Photo: Dominique Liboiron
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Et nous voyons chaque flocon de neige aussi. Photo: Dominique Liboiron

Enfin, parlons du grand format. Comme vous voyez, il mérite son nom car la pellicule est tout à fait immense.

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Un cadre de 35 mm se trouve en haut à gauche. Il est un peu plus grand que d’habitude pour me donner de la place pour mettre du ruban collant afin de le coller contre une fenêtre. En dessous, se trouve un format moyen. Ce cadre de film 120 mesure 6 par 6 cm. En bas à gauche, nous voyons du grand format. Cette pellicule mesure 4 par 5 pouces. À droite, vous voyez une pellicule 8 par 10. Elle est grande comme une feuille de papier. Photo: Dominique Liboiron

Les caméras qui prennent des pellicules 8 par 10 sont très grandes. Souvent, les photographes ne s’en servent que dans un studio car elles se déplacent difficilement. Par contre, certains modèles sont conçus pour des photos hors-studio. Je ne peux pas dire que ces modèles-là sont très portables ou commodes, mais ils le sont un peu plus que les modèles désignés pour le studio.

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Voici un Cambo 8 par 10. Il porte une lentille de 360 mm f/6,8. Prenez note de tous les cadrans. Une fois qu’ils sont desserrés, nous pouvons bouger la lentille vers le haut ou le bas ainsi qu’à droite ou à gauche. Ces mouvements aident à cadrer notre sujet. De nos jours, nous bougeons tout simplement notre caméra afin de mettre le sujet à la bonne place dans l’image. Dans le cas des caméras grand format, l’appareil et le trépied sont pesants alors c’est plus facile de bouger la lentille. Le soufflet flexible nous permet de déplacer la lentille. Photo: Dominique Liboiron
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Ici, nous remarquons à quel point une caméra 8 par 10 est massive et encombrante car je dois me servir de mon camion pour transporter son coffret. Le coffret contient la caméra, la lentille, les porte-négatifs ainsi que le trépied. La caméra pèse 20 livres, la lentille en pèse environ 3 tandis que le trépied touche facilement 30 livres. Le tout revient à 53 livres ou 24 kilos. Photo: Dominique Liboiron
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Cet angle montre que c’est plus facile de déplacer la lentille à la place de ramasser la caméra et le trépied. En plus des mouvements horizontaux et verticaux de la lentille, nous pouvons pencher la lentille en diagonale. Cet effet rend l’arrière-plan flou et fait ressortir le sujet. Pour déclencher une photo, le photographe se sert du câble suspendu à la droite de la caméra. Photo: Dominique Lboiron
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Regardez la caméra. Le camion est renversé. Il n’y a pas de prisme à l’intérieur de l’appareil pour tourner le sujet à l’endroit comme dans une caméra 35 mm ou une caméra numérique. Pour mieux voir l’image, le photographe se couvre avec un drap. Photo: Dominique Liboiron

Le processus qu’il faut suivre pour prendre une photo est relativement simple, mais contient beaucoup d’étapes. D’abord, le photographe ouvre la lentille afin de voir son sujet. Ensuite, il place son sujet dans le cadre et choisit son ouverture ainsi que la vitesse d’obturation. Une fois que la caméra est réglée, il ferme la lentille. Il insère le porte-négatif; cet étui en plastique contient la pellicule et la garde à la noirceur. Par contre, l’étui est doté d’une plaque en plastique qui s’enlève lorsque le photographe est prêt à prendre la photo.

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Voici un porte-négatif. La pellicule va à l’intérieur. Nous voyons la plaque en plastique qui bloque la lumière. Nous pouvons enlever la plaque en la glissant vers le haut du porte-négatif. Photo: Catlabs.info

Lorsque le photographe est prêt à prendre la photo, il insère le porte-négatif à l’endos de la caméra. La vitre à travers laquelle le photographe voit son sujet est sur des ressorts alors elle cède de la place au porte-négatif. Une fois que le porte-négatif est inséré, le photographe ne peut plus voir son sujet, d’où l’importance d’un trépied lourd et massif pour s’assurer que la caméra ne bouge pas.

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Le porte-négatif s’insère soit sur le plan horizontal ou vertical. Le photographe peut choisir. Photo: Pictoriographica.com

Puisque la lentille est fermée et que le porte-négatif bloque la vitre, l’intérieur de la caméra est complétement noir. Le photographe enlève la plaque du porte-négatif. La pellicule est protégée par la noirceur. Le photographe déclenche la caméra en appuyant sur un bouton au bout du câble. La lentille s’ouvre pendant un bref instant et la lumière entre dans la caméra où elle touche la pellicule. L’image est empreinte. La lentille se ferme. Le photographe remet la plaque et enlève le porte-négatif. Il doit s’assurer que la pellicule reste à la noirceur car elle est encore sensible à la lumière. 

Ensuite, le photographe doit développer sa pellicule. Cela se fait à la noirceur. Une chambre noire est idéale, mais une salle de bain peut faire le travail. Le développement se fait dans des liquides spéciaux qui font ressortir l’image de la pellicule et qui suppriment sa sensibilité à la lumière.  

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Pour développer une pellicule, le photographe la met dans des bains de liquides spéciaux qu’il remue afin de bien recouvrir le négatif. Encore là, il y a des étapes à suivre. Il faut environ une heure pour développer un négatif. Photo: Dominique Liboiron

Tout le processus est lent. Par contre, cela oblige le photographe à considérer chaque étape. Le grand format l’aide à approfondir ses connaissances et il devient plus habile. Du début à la fin, une photo demande beaucoup de temps. Le photographe ne veut pas faire une erreur et tout perdre. Il doit être précis et délibéré. De plus, une boîte de 25 pellicules coûte 250 $, sans parler du coût de la caméra et de l’équipement qui sert à développer le film, ainsi que l’équipement pour l’imprimer. Les erreurs coûtent chères…  

Malgré les multiples inconvénients du grand format, la qualité des images vaut l’effort. S’il me faut toute de suite une image, je me sers du numérique. En quelques secondes, j’ai ce qu’il me faut. Par contre, si j’ai le temps pour créer une belle image et de me perdre dans tout le processus, je me sers du grand format.

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Ici, mon sujet est le devant du camion, en particulier l’emblème et le mot Dodge. Afin de les faire ressortir, j’ai décidé d’embrouiller le reste du véhicule. Pour ce faire, j’ai penché la lentille d’environ 10 degrés vers le camion. Photo: Dominique Liboiron
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Je me suis servi du film Ilford FP4. J’ai recadré l’image pour enlever le plus possible l’arrière-plan et pour garder le camion. Le grand format capte énormément de détails. En plus, tout est lisse et beau. Photo: Dominique Liboiron

Quant au grand format, les caméras 4 par 5 sont plus maniables et coûtent moins chères alors que les 8 par 10 sont pesantes et dispendieuses, mais elles offrent la meilleure qualité d’image possible. Elles dépassent même les caméras numériques.

En somme, le format moyen et le grand format nous aident à comprendre l’évolution de la photographie. Le numérique a remplacé la photographie sur pellicule, mais pas en raison de la qualité des images. Le film capte de meilleures photos. Le numérique a remplacé le film parce qu’il est plus commode, plus rapide et moins dispendieux. 

Je vous invite à partager vos photos avec nous. Prière de les envoyer à dliboiron4@hotmail.com et d’y inclure une courte description.

 

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