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WebOuest Angélique Desrosiers dit Lafrenière et ses enfants dans l’Ouest

Angélique Desrosiers dit Lafrenière et ses enfants dans l’Ouest

Le nom de famille, tout un héritage!
Par Martine Bordeleau | 31 août 2024
Angélique Desrosiers dit Lafrenière fait partie d’une des nombreuses lignées de Desrosiers en Amérique du Nord. Ses quatre aïeux Desrosiers la précédant portent tous le prénom d’Antoine. Selon des sources non primaires, le premier d’entre eux, Antoine Desrosiers dit Lafresnière se serait établi à Trois-Rivières en 1641 comme maître-charpentier au service des Jésuites. Son fils Antoine, né en 1664, aurait été officier de milice. Ce premier Antoine né en Nouvelle-France a travaillé dans le commerce des fourrures sous le régime français comme le feront ensuite son fils Antoine et son petit-fils Antoine, le père d’Angélique.

Angélique est née en 1768 à Berthier au Québec où elle a épousé à 18 ans Jean-Baptiste Laurence. Encore une fois, il est difficile d’établir la date de la mort de ce dernier, mais, selon l’historien et généalogiste John Vanek qui se consacre à écrire la biographie de cette famille, Angélique est veuve en 1818 quand elle se rend de Montréal vers la colonie de la Rivière-Rouge avec ses filles, Julie, 16 ans et Geneviève, 13 ans. Pourquoi ce voyage à « l’autre bout du monde » accompagnée de deux adolescentes? John Vanek suppose que c’est relié à Julie, devenue enceinte d’un employé de Lord Selkirk, John Spencer. Julie aurait eu une aventure avec Spencer alors que ce dernier était à Montréal en 1817 pour subir un procès dans le cadre de son rôle dans la fameuse Guerre du Pemmican. Spencer a brisé sa promesse d’épouser Julie, ce qui a mené Lord Selkirk à verser une compensation financière à la jeune femme. Il a aussi offert un contrat d’engagement à sa mère Angélique pour qu’elles s’établissent à la colonie de la Rivière-Rouge, loin de tout scandale.

Pendant le long trajet de 72 jours en canot entre Montréal et Winnipeg, Julie a donné naissance à une petite fille qui n’a pas survécu plus d’un mois à ces conditions de voyage trop pénibles pour un bébé. Julie elle-même serait décédée peu de temps après son arrivée à la Rivière-Rouge, mais il n’existe pas de documents officiels en ligne pour le confirmer. 

Angélique s’installe sur une terre de la colonie du côté ouest de la rivière Rouge où vivent les premiers pionniers écossais, qui sont sur place, comme elle, grâce aux efforts de recrutement de Lord Selkirk. Son lopin de terre, situé sur ce qui s’appelle aujourd’hui la Pointe Douglas, fait face à l’embouchure de la rivière Seine à Saint-Boniface. Angélique encourage ensuite trois de ses fils, Bazile, Jean-Baptiste et Charles, ainsi qu’un cousin, Amable Nault, à la rejoindre l’année suivante. Les quatre hommes sont restés dans l’Ouest pour de bon et leurs descendants Métis se comptent par milliers non seulement au Canada, mais aussi dans le Midwest américain.

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Détail d’une carte de Winnipeg en 1824, dessinée par l’arpenteur écossais William Kempt, qui a travaillé pour la Compagnie de la Baie d’Hudson. Au milieu de la carte, dans la courbe en forme de U de la rivière Rouge, se trouvent les terres qui ont appartenu à Angélique Laurence (no 268) et à son gendre, Benjamin Gervais (no 269). Cette partie de Winnipeg est aujourd’hui connue sous le nom de Pointe Douglas. Je remercie Denis Duguay qui a déniché cette carte dans les Archives du Manitoba.

Jean-Baptiste Laurence

Né en 1788 à Berthier au Québec, il est le plus âgé des trois frères Laurence à rejoindre leur mère et leurs sœurs à Winnipeg. Jean-Baptiste se rend plus tard à Pembina dans le Dakota du Nord où il meurt en 1854. Sa fille Geneviève a marié le fameux Pierre Bottineau, figure importante de l’histoire du Dakota du Nord et du Minnesota. Son fils Norbert a fait partie du gouvernement provisoire du Manitoba en 1870 et, comme beaucoup de Métis de l’époque, il a déménagé pour de bon en Saskatchewan où il a été enseignant à Saint-Laurent-de-Grandin.

Charles Laurence

Né en 1797 à Berthier comme ses frères, Charles a pris racine au Manitoba où il est mort en 1870.  

Il s’est marié à Josephte Desjardins et leur fille Joséphine a épousé Antoine-Gaspard Gauvin, conseiller municipal (échevin) de Saint-Boniface pendant 34 ans, élu maire de la ville en 1906, et imprimeur du journal L’écho du Manitoba (de 1898 à 1905).

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Photographie d'Antoine Gauvin avec son épouse Joséphine, fille de Charles Laurence. Collection du Musée de Saint-Boniface, Société historique de Saint-Boniface.

Bazile Laurence

Né en 1795 à Berthier, Bazile s’est établi à Saint-Boniface, comme son frère Charles. Selon une source non primaire, Bazile aurait été marié à trois reprises. L’une des épouses est Agathe L’Iroquoise. Leur mariage a eu lieu à Fort Carleton en Saskatchewan en 1838. Agathe est la fille de Louis Callihoo Kwarakwante, originaire de Caughnawaga près de Montréal, aujourd’hui appelé Kahnawake.

La mère d’Agathe serait d’origine Séquanaise (ou Tse’khene), en Colombie-Britannique que Louis aurait épousée au cours d’un voyage dans l’Ouest, où il est d’ailleurs resté pour finir ses jours.

 

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