Jacinthe, installée à Sainte-Anne au Manitoba, était une fervente lectrice du Petit Courrier, journal en français de la communauté qui a cessé de paraître en 1996. Le comité culturel a relancé un journal, le Kes Kis Passe, à partir de 2006 mais ce dernier s’est arrêté en 2013. La municipalité a approché Jacinthe pour reprendre ce projet. Ambitieuse, elle souhaite que le journal ne soit plus seulement municipal mais régional. Cependant, un aspect très pragmatique sonne le glas de son rêve : « les devis d’imprimerie étaient trop chers. Il aurait fallu aller chercher trop de publicité par rapport au contenu ».
C’est son amie Martine Bordeleau qui lui propose de faire un blogue plutôt qu’un journal papier. L’idée chemine pendant plusieurs années et Jacinthe choisit le nom Le Nénuphar, par hommage à Claude Monet tout d’abord, mais aussi par symbolisme.
Le nom est enregistré, la page Facebook est créée. Le 1er avril 2017, elle y commence un compte à rebours : un chiffre et une photo de grenouille. Pourquoi les grenouilles? C’est un clin d’œil au Moyen-Age, les grenouilles étant un des termes utilisés pour désigner le peuple. C’est aussi une référence au « sobriquet de frogs (grenouilles) donné par les Anglais aux Français (et qui s’est étendu aux francophones) ».
À la fin de ce décompte en avril 2017, Jacinthe souhaitait avoir mis en ligne le premier numéro de son magazine. Pari tenu: le 5 mai 2017 à 5h55 du matin, avec 5 chroniques : une écrite par sa fille, une écrite par la marraine de sa fille, deux par des cousines et une par elle-même. Mais Le Nénuphar n’est pas qu’une affaire de famille pour Jacinthe qui explique : « Je me suis fait une promesse, que chaque mois il y aurait une nouvelle chronique dans le magazine ».
Chaque chronique a douze occurrences, pour durer une année et chaque nouveau mois a vu naître une chronique. Il y a donc eu plus de 60 chroniques depuis le lancement du magazine, sur des thèmes variés : santé, santé mentale, investissements, finances personnelles, bien-être au travail, langue française, immigration et immigrants, littérature, réconciliation, art, etc ! La liste complète est assez impressionnante.
5 ans plus tard, Jacinthe est fière de son magazine et de sa portée. En effet, Internet permet de toucher un public plus large et plus lointain que les publications traditionnelles: les lecteurs consultent Le Nénuphar depuis 142 pays et 1524 villes différentes, principalement au Canada, aux États-Unis, dans les pays du Maghreb, en France et aussi au Brésil. Personnellement, ça me fait très plaisir de voir rayonner une publication franco-manitobaine partout sur la planète!
Pour l’avenir de son magazine, Jacinthe Blais aimerait améliorer le site Internet, rassembler tous ses chroniqueurs le temps d’un repas, travailler à une version interactive de jeux de sa création, aller chercher des subventions et continuer à être une ressource pour la francophonie manitobaine. Bon anniversaire Le Nénuphar, on lui souhaite beaucoup de succès!
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