Je vous parlerai plutôt de deux films qui, selon moi, marqueront leur époque et, surtout, cette deuxième année de pandémie : Dune, de Denis Villeneuve, et The Power of the Dog, de Jane Campion. Deux véritables chefs-d’œuvre du cinéma, deux œuvres lentes et visuellement magnifiques.
Il l’a répété dans maintes entrevues; sans dénigrer la version culte mais bizarre de David Lynch en 1984, Denis Villeneuve rêvait de réaliser sa propre version du film Dune depuis qu’il a lu le livre de Frank Herbert à l’âge de 14 ans. Tout ce qu’a créé Villeneuve comme cinéaste, depuis ses débuts à la Course Destination Monde jusqu’à Arrival et Blade Runner, en passant par Maelström, Polytechnique ou Incendies, tout ce parcours avait pour but de lui donner les compétences, les contacts et la réputation pour s’attaquer à ce classique de la science-fiction. Et il a définitivement remporté son pari. Entouré de ses collaborateurs de toujours, dont le chef décorateur de génie Patrick Vermette, Denis Villeneuve nous emporte dans les déserts de sable de la planète Arrakis pour nous raconter le destin de Paul Atréides (Timothée Chalamet), héritier d’une grande famille de l’empire, alors qu’il s’associe aux Fremen pour tenter de contrôler la production de l’Épice, cette ressource naturelle qui mène leur monde. Première partie de ce qui sera fort probablement une trilogie, le film Dune doit être vu sur grand écran pour en apprécier toute la magnificence.
La dernière œuvre de l’Australienne Jane Campion (The Piano, Top of the Lake), qui rafle déjà tous les prix, est elle aussi saisissante de beauté. The Power of the Dog est une fresque visuelle, poétique et réaliste de la masculinité toxique dans une époque et un monde viscéralement machiste: celui des ranchs des plaines du Montana après la Seconde Guerre mondiale. Le récit dépeint l’emprise de l’aîné des frères Burbank sur son entourage alors qu’une veuve et son fils se joignent à leur famille. Les acteurs Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemmons et la jeune recrue, Kodi Smit-McPhee, sont troublants de vérité dans un jeu subtil et profond. Mention spéciale à la trame musicale envoûtante du guitariste de Radiohead, Jonny Greenwood.
Pour clôturer la saison des statuettes, après les Golden Globes, les SAG (Screen Actors Guild Awards), les Independent Spirit Awards, les BAFTA (British Academy of Film & Television) et les Critics Choice Awards, pour ne nommer que ceux-là, la 94ème cérémonie des Oscars aura lieu le dimanche 27 mars et sera animée par le trio composé de Regina Hall, Amy Schumer et Wanda Sykes. Contrairement à la presse étrangère d’Hollywood, l’Académie a bien compris qu’il fallait miser sur la diversité pour demeurer pertinente dans un milieu aussi compétitif et foisonnant.