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WebOuest Journal d’une grimpeuse, des Prairies au Rocheuses
Mousquetonne. Respire. Repère le prochain boulon. Aftonroe, Banff (8 stations, 215 mètres) crédit photo : Theo Hung

Journal d’une grimpeuse, des Prairies au Rocheuses

Par Zoé Le Gallic | 30 août 2025

Je m’étais déjà rendue dans les rocheuses pour de la randonnée. Par contre, escalader les parois rocheuses, agrippée sur une fissure à des centaines de mètres de hauteur, c’est une toute autre aventure. Nous visons les grandes voies. 

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On part en voiture, un groupe de quatre escaladeurs vivant dans les Prairies. crédit photo : Justin Carriere

Je ne dirais pas que les Rocheuses représentent une valeur sûre pour des vacances bien planifiées d’une semaine d’escalade. La météo est trop incertaine. 

À quelques jours de notre départ, nous nous sommes rendues à l’évidence : nous ne pouvons pas partir en Alberta, car il pleut six journées sur huit. 

Comme des fous, nous avons tout chamboulé et décalé le voyage de quatre jours. Le Soleil nous accueille comme des Reines, le décompte est maintenant deux journées de pluie sur huit ! 

L’escalade devient un sport impraticable si la roche est mouillée. 

Du moins, c’est ce que je croyais avant le voyage…

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Nous dormons au site de camping Wapiti, situé entre deux boulevards. Nous n’avons pas l’impression de vivre en nature, mais nous le sommes quand nous grimpons. (Moi, Zoé Le Gallic à gauche et Theo Hung à droite) crédit photo :Geneviève Murchison

Quelques impromptus pour briser la glace  

Ce n’est que le début des aventures… La première journée, à Tunnel Mountain dans Banff, j’échappe mon walkie talkie. Ma partenaire d’escalade voit les pièces virevolter dans les airs. Pour le reste de la voie, on gueule les commandes « I’m safe » « Off belay », « It’s me », etc. 

Bonus. On escalade la mauvaise voie de quatre stations. On visait « Le Soulier 5.7 », on a fini dans le « Dirt Bag 10.a ». Une vraie métamorphose! 

Pour vous donner une idée, les niveaux varient de 5 à 5.15+. 

L’important : on réussit! 

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La vallée de Bow, vue du haut de Tunnel Mountain. crédit photo : Delpixart

Perdues dans le bois pour trouver une voie 

J’ai un nouveau walkie talkie en poche. 

Nous marchons deux heures et demie en ascension pour chercher la voie multi stations Aftonroe, (5.7, 8 stations, 215 mètres) avant de nous rendre compte que nous devons reprendre la voiture complètement. 

Je vous dis, trouver les voies devient un exercice de navigation labyrinthique.

Nous lisons des descriptions, épions des images et des cartes dans des guides. 

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Theo Hung était content de trouver le mont Cory, l'endroit où se trouve la voie Aftonroe. La personne en arrière, c’est moi qui mange une banane pour passer le temps.
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Parfois, les voies d’escalade sont expliquées en dessins dans les guides. crédit photo : Geneviève Murchison
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Nous marchons avec nos sacs à dos, nos harnais, cordes, mousquetons, cordelette et nos casques vers le mont Cory.

L’intempérie d’une vie 

Après une journée d’escalade à Sunshine rock, et une journée de repos en raison de la pluie, il ne reste plus que deux journées. 

Mais voilà qu’il pleut. Comme Justin et Theo sont des chasseurs de Soleil, nous conduisons tout l’avant-midi dans Banff, Canmore et puis nous trouvons la chaleur et les rayons à Kananaskis. 

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Le calme avant la tempête. Crédit photo : Theo Hung

La voie à multiples stations ? Thriller. Et le nom est parfait, car mon aventure est rapidement tournée en film d’horeur. 

À 19h, les éclairs éclatent et le tonnerre gronde au loin. Nous sommes déjà à la station 7, il ne reste plus que 3 voies. 

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Thriller (10 stations, 5.8+, 600 mètres) vu de haut crédit photo : Zoé Le Gallic

On essaie d’être rapide, mais on se fait happer par la pluie. J’escalade la roche et toutes les surfaces sont mouillées. Je me rassure : « ce sont des grosses prises, c’est facile ». 

Rendues à la station 9, une pluie de grêlons s’abat sur moi. Les morceaux résonnent sur mon casque. Les petites boules tombent sur mes mains et me pincent la peau. J’ai presque une impression de brûlure. 

Une fois enfin arrivées au sommet vers 21h, nous sommes prises. Nous ne savons pas où aller, ni où descendre. 

Justin et Theo sont déjà en bas. Ils nous donnent des indications à travers le walkie talkie. Nous n’avons pas de réseau. 

La grêle a cessé, mais la pluie et l’obscurité alourdit notre moral. Le bout de la corde est attachée à mon harnais et ma partenaire m’assure, mais je dois marcher une vingtaine de mètres sans protection additionnelle pour chercher le sentier de sortie. 

Une heure plus tard, je trouve enfin, mais mon ami Justin me fait peur. Il m’explique que ce n’est pas le sentier décrit dans la description. Il est donc plus sécuritaire de descendre en rappel. Le problème? Entre chaque station, nous comptons de 55 à 60 mètres. Nous avons une corde seulement et quand nous descendons, elle est pliée en deux. Donc nous devons descendre 20 stations! Et voilà que nous avons descendues, dans le noir jusqu’aux petites heures du matin. 

L’important : nous avons pris la décision qui nous semblait la plus sécuritaire et l’expérience s’est révélée riche en apprentissage. 

La descente, ce que nous appelons le « walk-off » peut être plus difficile que la montée. 

C’est dans ces situations qu’on doit puiser le meilleur au fond de soi. Le calme et la concentration… 

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