Les tribunaux ont en effet mis en pause cette politique, souhaitant évaluer sa conformité avec la constitution. Pourtant, face à cette décision judiciaire, le gouvernement s’arme de la clause nonobstant, cet outil juridique exceptionnel permettant de déroger à certaines protections des droits (N.D.L.R.: Le projet de loi a finalement été adopté par l’Assemblée législative de la Saskatchewan le 20 octobre 2023.)
Le CFQO, fervent défenseur du bien-être des élèves, notamment les personnes se reconnaissant dans la communauté 2SLGBTQIA+, voit dans cette politique une menace palpable pour leurs droits. Pour bon nombre de ces élèves, l’école représente un lieu de refuge.
Comment réagit la population face à cette question épineuse? Jetons un œil aux chiffres.
🔸 49 % estiment que les enseignants devraient informer les parents de tout changement d’identité de genre à l’école, tandis que 51 % estiment que la réponse dépend de chaque situation.
🔸 En Saskatchewan, 55 % pensent que la décision devrait être laissée à l’appréciation de l’enseignant.
🔸 Seulement 18 % pensent que cette question mérite une intervention législative urgente, comme le suggère le premier ministre Scott Moe, alors que 68% préféreraient attendre la décision des tribunaux.
🔸 Une faible proportion, 4 %, considère les droits des parents comme une priorité pour les gouvernements provinciaux.
🔸 60 % estiment que le fait d’informer les parents d’un changement d’identité de genre sans le consentement de l’enfant pourrait être préjudiciable pour ce dernier.
Ces chiffres montrent que l’opinion publique est divisée. Ils reflètent une préoccupation majeure concernant le bien-être des élèves et la reconnaissance de leur identité. La question n’est pas simplement législative, mais elle touche à l’intimité et à l’autonomie des élèves.
De plus, il ne faut pas faire abstraction des avancées scientifiques et des études spécialisées qui se sont penchées sur cette délicate question. Ces recherches mettent en lumière des éléments cruciaux: révéler l’identité de genre d’un élève à ses parents sans son consentement peut avoir des conséquences sérieuses et néfastes, surtout dans un contexte familial empreint d’homophobie ou de transphobie.
Des expert.es en psychologie et en éducation s’accordent à dire que l’auto-détermination est un aspect fondamental du bien-être et du développement des individus. Forcer la divulgation de l’identité de genre d’un élève peut engendrer du stress, de l’anxiété et même des risques pour sa sécurité personnelle. Les jeunes qui évoluent dans des environnements moins compréhensifs ou ouverts peuvent se retrouver en situation de vulnérabilité accrue, confrontés à des réactions négatives, à du rejet, voire à de l’hostilité.
Faire primer le respect de la confidentialité et de l’autonomie des élèves n’est donc pas une simple question d’idéologie ou de préférence personnelle, mais bien un impératif ancré dans une compréhension éclairée et empathique des réalités vécues par les jeunes concerné.es. La science nous invite à adopter une approche respectueuse et bienveillante, permettant à chaque élève de naviguer à travers son parcours identitaire avec dignité et soutien. Le défi pour les instances dirigeantes est d’intégrer ces connaissances et ces perspectives au cœur des politiques et des pratiques éducatives, afin d’offrir un environnement scolaire dans lequel chaque élève peut s’épanouir pleinement.
Cette controverse soulève des enjeux profonds, touchant à la fois aux droits humains, à l’éducation et à l’identité. Le rôle du CFQO, ainsi que celui des autres acteurs et actrices concerné.es, sera déterminant dans l’orientation que prendra cette question à l’avenir.
Au vu de ces éléments, le CFQO plaide pour un dialogue plus constructif. Un dialogue qui inclut non seulement les politicien.nes et les tribunaux, mais aussi les élèves, les parents, les enseignant.es et la communauté queer. Car au bout du compte, n’est-il pas primordial de veiller à ce que chaque élève, en Saskatchewan et ailleurs, puisse vivre et étudier en toute authenticité?