Netflix nous offre un autre récit troublant de cette réalité, prenant place dans un lieu et un temps pas si lointain. La série documentaire Keep Sweet: Pray and Obey nous emmène au cœur de l’église FLDS (Fondamentalist Church of Jesus Christ of Latter Day Saints), une branche de la religion mormone, créée en 1890 afin de préserver le droit de pratiquer la polygamie, rendue illégale à l’époque. La croyance primordiale du groupe? Plus un homme possède d’épouses, plus il aura accès au royaume de dieu (trois épouses étant le minimum pour espérer atteindre un certain degré de divinité). La secte, installée dans les environs de Salt Lake City depuis des décennies, prend un tournant encore plus obscène lorsque son « prophète », Rulon Jeffs, meurt en 2002, à 92 ans, laissant dans le deuil ses 65 femmes et sa soixantaine d’enfants.
Un de ses fils, Warren Jeffs, s’autoproclame alors nouveau prophète (la mort du premier avait surpris tout le monde car il avait bien inculqué à ses disciples qu’il était éternel) et se transforme peu à peu en véritable dictateur, relocalisant par deux fois une bonne partie de sa tribu, d’abord à Short Creek, Utah, puis sur un ranch au Texas, toujours dans le but de contrôler encore plus ses disciples, en plus de fuir la justice qui cherche à le condamner pour ses pratiques criminelles. Car en plus de posséder un nombre mirobolant d’épouses (Warren Jeffs en aura jusqu’à 78), le prophète impose des mariages forcés à de nombreuses enfants d’à peine 13 ans. « Keep sweet at all times », un dicton chanté par les fillettes dès leur plus jeune âge; une menace proférée par les hommes de la secte à toutes celles qui tenteraient de remettre en question leur autorité. Heureusement, certaines d’entre elles réussiront à fuir, à alerter les autorités, à raconter leur histoire. Et ce sont elles qui ont permis à la justice de prévaloir. Et aux productrices de ce documentaire de nous faire connaître l’horreur perpétrée par cette secte.
Car j’aimerais vraiment divulgâcher la fin de ce récit et pouvoir dire que, depuis le verdict de culpabilité que Warren Jeffs a reçu en 2011 pour deux cas d’agressions sexuelles sur une mineure, l’envoyant en prison pour une sentence à vie, la secte s’est effondrée et les femmes qui en font partie sont libérées… Mais la réalité est tout autre. Derrière les barreaux, le « prophète » poursuit son endoctrinement, et ses fidèles, toujours persuadés que le monde extérieur est diabolique et malsain, continuent de le suivre aveuglément. Les femmes, comme les hommes.
_ La servante écarlate (The Handmaid’s Tale), sur Hulu/Crave : la saison 5 sera diffusée cet automne! Si vous n’avez pas encore lu ou regardé la série imaginée par notre plus grande écrivaine canadienne, Margaret Atwood, je ne saurais vous la recommander plus chaudement. À voir, à revoir, à lire, à relire. Parce que, malheureusement… l’histoire ne cesse de se répéter.
_ Et parce que les histoires de gourous narcissiques et de manipulateurs mégalomanes me fascinent : je vous recommande aussi la série Wild Wild Country, portant sur la secte hippie de Rajneeshpuram, installée dans le désert de l’Oregon au milieu des années 70. Comme vous vous en doutez, ça finira mal, tout ça…
_ À voir également, le documentaire Bikram : Yogi, Guru and Predator (le titre dit tout) : troublant, fascinant. Vous repenserez à deux fois votre séance de yoga chaud sur tapis imbibé de sueur… Tout ça sur Netflix.