Divertir, Découvrir, Enrichir
WebOuest La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) célèbre son 80e anniversaire
L'équipe de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) crédit photo : photo soumise par la FFCB
Les Montagnes

La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) célèbre son 80e anniversaire

Par Nathalie Lopez | 7 juin 2025

Cette année, les communautés d’expression française de la Colombie-Britannique ont de quoi être fières. La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), organisme porte-parole de la communauté francophone de la Colombie-Britannique, célèbre son 80e anniversaire! Ce n’est pas rien, 80 ans à assurer la défense des droits des francophones! 

Un peu d’histoire

La FFCB a été fondée en 1945 avec l’objectif de joindre les forces des cercles francophones de l’époque qui voulaient préserver la langue et la culture francophone de la province. Connu d’abord sous le nom de Club Canadien-Français de la Colombie-Britannique, l’idée d’un regroupement des cercles de la province a fait son bout de chemin sous la direction de trois femmes : Yvonne Fortin-Terrien, Cécile Goguillon et Irène Goguillon. À Victoria, le 24 juin 1945 naît donc la FFCB, lors du premier congrès de langue française. 

Depuis sa fondation, l’organisme a travaillé activement à l’avancement de dossiers dans plusieurs secteurs importants, tels que l’éducation en français, la justice, la santé, ainsi qu’à la création d’organismes sectoriels en économie et en culture.

Emmanuelle Corne Bertrand est la directrice générale de la FFCB et, malgré un emploi du temps chargé, elle a accepté gentiment de jaser avec moi pour discuter du passé, du présent et de l’avenir de l’organisme. 

Je lui demande d’abord ce que la FFCB représente pour elle.

Elle m’explique que c’est une mission collective de défendre les intérêts de la communauté, d’offrir plus de services en français, de la rendre plus visible auprès d’une communauté qui ne la voit pas assez ou ne la voit pas du tout. 

Selon elle, la francophonie en Colombie-Britannique pourrait être plus fière et plus visible. « On pourrait s’affirmer davantage, dit-elle. J’aimerais que la FFCB aide les francophones à être fiers de parler français. »

Emmanuelle me raconte que depuis ses débuts, le parcours a été marqué par des moments forts, des luttes déterminantes et de nombreux procès. Malheureusement, la voie judiciaire a souvent été la seule voie qui a permis des gains concrets pour faire valoir les droits des francophones dans la province. « Nous n’avons pas assez de députés défenseurs de la francophonie pour qu’on puisse avancer les choses par la voie politique, précise Emmanuelle. Nos gains obtenus, on les a en raison des procès juridiques que nous avons menés et parfois même jusqu’en Cour suprême. C’est ce qui nous a permis de faire valoir nos droits et faire avancer les choses. » 

On a ensuite échangé au sujet de quelques moments marquants de la Fédération.

« Des moments marquants jalonnent notre histoire collective, dit-elle d’emblée. L’un des plus fédérateurs reste les Jeux olympiques d’hiver en 2010, un temps fort qui a révélé l’importance de notre présence et a rassemblé la communauté autour d’un objectif commun. »

Plus récemment, Emmanuelle souligne que la victoire en appel obtenue en 2022 sur le dossier des services à l’emploi représente un point tournant. Elle explique que cette cause, parmi d’autres, a nourri le plaidoyer en faveur d’une modernisation des lois sur les langues officielles. Ce travail juridique a permis des avancées concrètes qui se traduisent aujourd’hui dans les réformes législatives.

Mais au-delà des procès, Emmanuelle est fière d’avoir pu contribuer à bâtir un projet durable en collaboration avec de nombreux organismes. « Ensemble, nous avons mis en place des initiatives concrètes pour l’aide à l’emploi qui résistent à l’épreuve du temps », espère-t-elle. Elle ajoute : « Cette approche collaborative se manifeste aussi dans notre plan de développement global — une feuille de route commune pour toute la communauté. Chaque organisme y contribue dans un effort conjoint vers où nous voulons aller vers un objectif commun. »

Emmanuelle explique qu’il y a eu aussi un travail concret pour changer l’image et la posture de la FFCB en rendant l’équipe plus accessible, par exemple en mettant sur pied un service qui appuie directement les membres de la FFCB.  « Nous revendiquons toujours, mais avec nos membres, en valorisant leur voix », mentionne-t-elle. 

WebOuest
L'illustration des 80 ans de la La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) crédit photo : FFCB

Pour conclure, on a échangé sur l’avenir de la FFCB.

Selon Emmanuelle, cet avenir s’inscrit dans la continuité de la dynamique instaurée : encore plus de collaboration communautaire, plus de liens entre les organismes et plus de visibilité. Il faut prendre en compte qu’en Colombie-Britannique, on a une communauté qui se renouvelle constamment, donc il faut toujours recommencer et travailler sur la visibilité. Emmanuelle constate quand-même que les organismes francophones s’institutionnalisent, se professionnalisent, et prennent de la force.

« Nous affirmons notre présence. Nous rassemblons une francophonie plus diversifiée, inclusive, ouverte, enchérit-elle. C’est un effort conscient pour faire de notre communauté une famille choisie, qui rassemble encore plus de francophones et où chaque personne a sa place. »

Pour le 80e, la FFCB a créé un nouveau logo festif qui représente la francophonie de la Colombie-Britannique et sa diversité. Les célébrations ont eu lieu début juin lors d’une conférence en leadership avec une co-organisation de l’organisme Vantage Point. Emmanuelle souligne que le but de cette initiative est de mettre en place une action de visibilité de la communauté francophone auprès des anglophones.

La FFCB tiendra sa 80e assemblée générale annuelle en novembre. Une AGA qui devrait laisser sa trace avec le vote et l’adoption de nouveaux statuts.

La francophonie du Nord et de l’Ouest habite sur des territoires visés par de multiples traités avec les peuples autochtones ainsi que des territoires non cédés. Ces peuples ont accueilli les premiers francophones et les ont aidés à survivre et prospérer. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons la relation continue entre les peuples autochtones et les autres membres de la communauté francophone. Au-delà de cette reconnaissance, WebOuest s’engage à mettre en lumière des histoires des peuples autochtones qui habitent toujours ces terres.