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La dentelle de Bruges

Par Martine Bordeleau | 25 Décembre 2021
Originaire d’Iberville au Québec, André Bordeleau s’est enrôlé à 16 ans dans l’armée canadienne pendant la IIe guerre mondiale pour « sauver le monde! » Il a débarqué en Normandie en juillet 1944 pour combattre l’ennemi en France, en Belgique et en Hollande. Juste avant son décès en 2016, André avait partagé quelques souvenirs de guerre avec sa fille Martine. Parmi ses faits d’armes, notons qu’il a été le chauffeur de la jeep d’officiers des 12th Manitoba Dragoons, qui sont entrés dans Bruges pour libérer la ville le 12 septembre 1944, au moment où les Allemands se retiraient. Si vous visitez Bruges, vous trouverez deux bisons de bronze qui ornent l’entrée du pont Canada en hommage à ses libérateurs canadiens. En ce temps des Fêtes et d’échanges de cadeaux, voici l'histoire d’un cadeau bien spécial, écrite par Martine Bordeleau et inspirée par son père. 
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La dentelle de Bruges

– Je n’allais rapporter qu’une seule chose de la guerre, une dentelle de Bruges pour ma mère.

– La lui as-tu donnée?

– Non, j’en ai fait cadeau à une garde-malade.

– Tu as donné à une étrangère le cadeau que tu destinais à ta mère?

– Hé oui. L’espace d’une nuit, elle m’a redonné goût à la vie. J’avais honte. J’étais un homme réduit par le typhus et blessé, ensanglanté, crotté, nauséabond, en loques et mal rasé. Pourtant, elle me regardait comme si j’étais le plus bel homme du monde. Avec un regard affectueux, elle m’a aidé à me déshabiller pour que je puisse me laver, mon premier bain chaud depuis des mois, et elle m’a soigné. Elle s’appelait Claire, comme une lumière au milieu de la grande misère que nous venions de traverser. 

– Qu’a dit grand-maman à ton retour, les mains vides?

– Que j’étais son plus beau cadeau.

* NDLR – Cette courte nouvelle a déjà été publiée dans le cahier de Noël de La Liberté en décembre 2018. 

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