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WebOuest Écouter sans porter de jugement, comment?

Écouter sans porter de jugement, comment?

Par Francine Proulx-Kenzle | 18 février 2022
Je crois vivement que le fil conducteur « écouter sans porter de jugement » se retrouve dans deux différents domaines : les premiers soins en santé mentale et la prise de décision sociocratique. 

Le tissage de ce fil conducteur au sein de nos cultures organisationnelles et de nos milieux de vie est essentiel pour en faire des espaces sécuritaires, sains et inclusifs.

Ceci soulève plusieurs questions. Comment fait-on pour appliquer l’écoute sans porter de jugement? Comment avoir une réaction bienveillante et accueillante face à des situations négatives et même destructives? Comment ne pas sombrer à porter des jugements dans nos échanges quotidiens? Comment étirer notre zone de tolérance pour faire de la place à écouter pour comprendre?

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D’abord écouter sans porter de jugement ne veut pas dire refouler ses idées et ses opinions. Le partage d’idées et d’opinions est essentiel pour le développement de notre monde. La contribution de chacun et chacune est importante et nécessaire.

Écouter sans porter de jugement veut dire rester curieux et ouvert à l’autre. Cela veut aussi dire prendre conscience de nos biais pour mieux choisir nos réactions et nos comportements.

Suspendre un jugement pour un petit moment et rester curieux peut ouvrir la porte juste assez grande pour éclaircir une situation. Cela pourrait même faire émerger des solutions alternatives pour régler un problème commun.

Une chose intéressante est que la pandémie nous donne un terrain fertile pour pratiquer l’écoute sans porter de jugement. En effet, s’il y a un sujet qui sème la controverse et la polarisation c’est bien tout ce qui tourne autour de la pandémie : les restrictions sanitaires sévères, l’assouplissement des protocoles, le vaccin, le complot et les manifestations. Un terrain très fertile pour accueillir les convergences et les divergences!

Pour ma famille et moi, les enjeux de la pandémie ont soulevé beaucoup de discussions sans débats controversés. Ceci n’est pas le cas pour tous, je le reconnais.

J’ai eu la chance d’échanger avec mes collègues de travail qui proviennent de différentes cultures avec des biais connexes. Au début, j’étais un peu intimidée par les opinions très fortes de certaines personnes. Les discussions étaient colorées avec des points de vue opposés. J’ai pris le risque d’écouter sans porter de jugement, avec patience et empathie, en posant des questions pour mieux comprendre d’où venaient leurs idées. 

Mes collègues m’ont aussi écoutée pour mieux comprendre mon point de vue. Personne n’essayait de convaincre l’autre qu’elle avait LA vérité. Ceci a contribué à une culture organisationnelle saine et sécuritaire au sein de notre équipe.

Appliquer l’écoute sans porter de jugement fonctionne de la même manière avec mes proches. Bien sûr, lâcher prise pour prodiguer des bons conseils est plus difficile quand je me sens dans l’obligation de protéger la personne que j’aime. 

Si mon intention au début d’un échange est d’avoir raison, je passe à côté de l’occasion de nourrir le lien et d’apprendre quelque chose de nouveau.

Pour moi, prendre une grande respiration m’aide à mettre de côté mes suppositions. Je peux donc me mettre à écouter, vraiment écouter, pour mieux comprendre.

Donner à l’autre personne l’espace pour trouver ses propres solutions est bénéfique et valorisant, et contribue à son propre développement. C’est respecter l’autre dans sa dignité! C’est une belle façon de créer une ambiance bienveillante en famille. 

Écouter sans porter de jugement est à la portée de nous tous. La première étape est d’en prendre conscience et d’accepter que cette façon d’être avec les autres n’est pas toujours facile. 

Le risque d’écouter sans porter de jugement nous ouvre à une certaine vulnérabilité. Paradoxalement, ceci nous donne une force intérieure pour mieux être avec les autres.

Francine Proulx-Kenzle est formatrice certifiée pour le cours des Premiers soins en santé mentale et consultante certifiée pour former les organisations en sociocratie, spécifiquement dans la Méthode d'organisation en cercle sociocratique. Veuillez contacter Francine pour tous détails dans ces deux domaines par courriel : francine@pensetransformation.ca
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